28. Conseil d'amie

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Depuis que les frenchies sont partis c'est comme s'il ne s'était jamais rien passé entre Cléo et moi. Plus aucune rivalité n'est palpable et je la sens beaucoup plus douce avec moi qu'avant, ce qui n'est pas pour me déplaire, c'est seulement déroutant. Ça ne lui ressemble pas trop, en soi. Mais je pense que ce différend nous a permises de nous rendre compte qu'on ne voulait pas se perdre. Toutefois je me sens soulagée. J'en pouvais plus de cette ambiance délétère au boulot, qui plus est, pour des futilités. Même si avec Nikos, les échanges sont toujours froids, avec Cléo c'est réglé, c'est toujours ça.

- T'es prête ? Me demande la blonde qui m'a rejoint dans la réserve.

Je brandis mon sac de plage en guise de réponse et on prend la route sans un mot. Cléo salue Zoé puis Nikos qui est encore en cuisine, je n'ose rien ajouter. J'ai hésité à lui en parler mais elle m'aurait demandé la raison et aurait fait le rapprochement avec Ken. Je pense que c'est la dernière personne à laquelle on veut penser toute les deux. Mais par moments j'ai des remords de ne pas avoir respecté le pacte. Même s'il ne s'est rien passé par la suite...

Hormis cela, c'est comme si notre relation avait pris une tournure différente, notre complicité s'est affinée. Je la sens plus proche, plus impliquée. Mais on n'a jamais parlé de ce changement. Je pense qu'on comble les non-dits et nos cachotteries par d'autres approches. On se voit plus souvent, on s'organise plus de sorties, d'ailleurs la sortie plage quotidienne à notre pause en fait partie.

On sent que l'été est bien installé. Les touristes sont arrivés en masse et Giannis a refusé de nous laisser un lit à Baldaquin. Je le comprends en même temps, il est en train de faire son chiffre d'Affaires de l'année. Il ne faudrait peut-être pas pousser. Nous nous mêlons alors aux vacanciers, le plus proche possible de la mer. Avec ce soleil de plomb on n'a qu'une envie c'est de piquer une tête.

- Tu viens ? Je demande à la blonde après avoir retiré ma robe.

Elle décline d'un signe de tête, j'hausse les épaules et plonge entièrement dans l'eau turquoise. Il n'y a pas de meilleure sensation. Quand j'ai pas trop le moral je me rappelle de la chance que j'ai de vivre ici, de pouvoir contempler ce paysage magnifique et reposant tous les jours. Je relativise plus facilement. Après tout, ne dit-on pas que le bonheur réside dans les choses simples ?

Je jette un coup d'œil à Cléo sur sa serviette. Elle ne me lâche pas du regard. Je lui fais signe de venir me rejoindre mais elle refuse à nouveau. Je lève les yeux au ciel et regagne ma serviette.

On échange sur tout et rien, notamment la vie au bar et les clients désagréables. Puis je me décide à sortir mon portable. J'ai un message de Framal qui me fais automatiquement sourire. C'est ma notification préférée ces temps-ci.

La blonde ne tarde pas à le remarquer. Elle se redresse et ricane.

- Il y a bien longtemps que je ne t'avais pas vu dans cet état devant un message.

- C'est mon frère, je réponds du tac au tac.

- Menteuse.

Je verrouille mon téléphone pour la regarder, je tente de soutenir ma supercherie.

- Mais si, je t'ai dit qu'il allait se marier, alors il me demande des conseils pour...

Devant son air médusé, je soupire et réprime un rire nerveux. Je ne sais pas s'il est judicieux de lui en parler, j'appréhende sa réaction. Même s'il est vrai que notre sujet de discorde a toujours été Ken, jamais Framal.

- Oh t'es chiante ! Je souffle, agacée.

Elle sourit et croise ses jambes. Je décèle dans son expression une curiosité malsaine que je ne peux blâmer. J'aurais sûrement été pareille si la situation était inversée.

- Je le connais ? Demande-t-elle, innocente.

- Oui, assez.

Elle hausse les sourcils et me vole ma bière entamée.

- Allez tu sais que tu peux tout me dire ?

J'éclate faussement de rire puis me stoppe sous son air désabusé. J'essaye de me rassurer en me disant qu'il ne s'agit ni d'une relation concrète, ni d'un secret d'état. Et puis c'est Framal...

- Le mec trop bien foutu qui t'a demandé de prendre un verre avec lui ? S'enquit-elle, la bouche grande ouverte.

- Gardes-ça pour toi...

Elle m'assure qu'elle saura garder le silence. Malgré ça elle reste éloquente. Elle a toujours su trouver les mots pour que je me confie à elle. Elle commence par me dire qu'elle est contente pour moi, puis flatte mon ego en disant qu'on ferait un très beau duo. Je finis par tout lui raconter et laisser de côté ma naïveté.

Elle ne peut pas regarder la conversation car elle ne comprendrait rien, je me contente alors de lui montrer une photo qu'il m'a envoyée la veille. Ses yeux s'écarquillent, elle simule un malaise. J'éclate de rire, fière de mon effet.

Un silence s'installe après ça. Je n'y prête pas attention, absorbée par ma conversation. Cléo le brise, confuse.

- T'es sûre que c'est une bonne idée ?

Je fronce les sourcils, sans comprendre.

- Comment ça ?

- Il est à je-ne-sais-combien de kilomètres de toi, Irina.

- Et alors ? C'est juste un coup comme ça, je ne compte pas m'engager...

Elle secoue la tête et fait glisser ses lunettes pour me regarder droit dans les yeux.

- Vous avez déjà prévu de vous voir ?

- Il prend son billet dès qu'il peut. Dans une semaine ou deux.

- Entre temps tu auras déjà trouvé quelqu'un d'autre de moins contraignant.

Elle me demande de lui remettre un peu de crème solaire dans le dos. Je m'exécute, pensive.

- Tu penses ? Je demande, perplexe.

- Evidemment, ça ne vaut pas le coup, oublies-le !

Je ne réplique pas, tiraillée par ses paroles changeantes. Au début elle avait l'air ravie pour moi, et voilà qu'elle me dissuade d'entamer quoi que ce soit. Je ne sais pas si je dois m'alerter ou si elle est vraiment sincère. Ça me perturbe.

Elle m'a refroidie, je laisse ma conversation de côté.

Elle se lève et me propose d'aller à l'eau, ce que j'accepte sans broncher.

J'ai besoin de me rafraîchir les idées.

🧿

L'action arrive bientôt :)

Nek...Quoi ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant