24. Choc émotionnel

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En quittant le bar je suis tiraillée par un sentiment d'inconfort. Je m'en veux de ne pas avoir été capable de tenir tête à Cléo et ses idées arrêtées et d'autant plus d'avoir ignoré le beau brun malgré lui au centre de nos conflits. J'ai décidé de ne pas répondre au texto qu'il m'a envoyé, néanmoins je n'ai pas réussi à me retenir de le lire. Je sais qu'il m'attend à la station service qui se trouve à deux pas d'ici. Fort heureusement, elle n'est pas sur le chemin que j'emprunte pour rentrer. Ça me rassure mais je me trouve pathétique de penser ainsi. Il aurait peut-être été plus simple de lui en parler en toute honnêteté, mais je me connais.

J'aurais déconné.

J'ai cette sensation de frustration intense qui me prend quand j'y pense. Je déteste ne pas avoir la situation sous contrôle. Pourquoi est-ce qu'une chose aussi simple est-elle devenue si compliquée ?

Mais les propos de Zoé arrivent plus ou moins à me calmer. Elle a vu juste en nous. S'il devait se passer quelque chose entre lui et moi, ça se serait passé. On n'aurait pas attendu la veille de son départ pour entreprendre quelque chose qui ne se renouvellera pas. C'est juste une perte de temps, il n'y a plus rien à espérer.

Cette pensée arrive à me convaincre que ma lâcheté est justifiée. J'enfile mon casque et chevauche ma mobylette puis je me garde de démarrer à la vue d'une silhouette qui m'est familière.

-       Nikos ?

Le concerné se contente de sourire à l'entente de son nom puis s'avance jusqu'à être complètement proche.

-       Tu t'en vas déjà ? S'enquit-il, déçu.

J'arque un sourcil, étonnée.

-       J'ai fini, il est deux heures.

-       D'habitude tu restes toujours jusqu'à ce que je finisse ma pause.

Sa réplique n'a rien d'hostile mais elle me pique un peu. Parce qu'il dit vrai. Ne sachant quoi dire, j'essaye dans la foulée de trouver une excuse valable, mais il reprend.

-       C'est bon laisse tomber.

Il se retourne pour rebrousser chemin. Je l'arrête.

-       Attends, c'est juste que... J'ai une urgence pour ce soir !

-       Bien sûr, t'as des urgences tout les soirs depuis que les français ont débarqué.

Prise de court, je reste silencieuse un instant. Mon manque de répartie me trahit puisqu'il reprend.

-       T'inquiètes pas vas, j'suis habitué de toute façon.

-       C'est pas ça Nikos, mais c'est que...

-       Que ?

Il s'allume une cigarette tout en me regardant droit dans les yeux. J'arrive à lire qu'il est agacé. Mais qu'est ce que je peux réellement lui dire sans risquer de le blesser ?

-       J'ai des petits problèmes de merde qui me tracassent et il faut que je rentre chez moi pour me vider la tête... Tu comprends ?

-       Tu sais que je suis là, moi. J'pige pas pourquoi tu fais la meuf distante, j'sais que tu baises avec l'autre, là. Tu crois que je vais te faire une scène ?

Si seulement c'était le cas.

Mais je ne peux m'empêcher de me demander comment peut-il être aussi perspicace ? Peut-être que, contre toute attente, la discrétion n'était pas de rigueur. J'ai d'autant plus honte.

Nek...Quoi ?Where stories live. Discover now