Nek...Quoi ?

27. Passion ou sensation

Ken

Ma petite escale à Paris m'a fait bader.

C'est pas la ville le problème c'est son mood. Les gens sont stressés et préssés. Ma vision des vacances est biaisée.

J'étais bien au soleil. Rien de mieux que les cyclades pour se sentir heureux et dépaysé. Je regrette simplement de ne pas avoir assez profité. Mes khô me l'ont dit, je suis h24 dans mes lignes et je cala pas grand monde, j'me sens duper par moments.

Je repense à elle parfois, j'avais un méchant ticket avec elle. Mais j'étais bloqué. Entre concret et abstrait, entre passion et sensation, entre cœur et cul.

J'étais pas sûr de mes décisions, alors j'ai préféré ne pas céder à la tentation. Mais parfois j'ai l'impression de regretter alors je fais tout pour ne pas y penser. De toute manière à la fin du mois je repars loin d'ici et je me consacre à moi-seul, enfin. J'en ai trop marre des meufs, c'est que des problèmes.

J'ai quasiment fini mon couplet mais j'ai encore des doutes sur la sonorité. Je passe deux, trois coups de fil puis rejoins les gars chez ce bon vieux Burb.

L'ambiance est au beau fixe, mais je suis pensif. Ça me fane parce que ça fait une paye qu'on s'est pas tous retrouvés avec les gars. Depuis notre dernier voyage, justement. Mais rien à faire, j'pense trop à elle aussi, à notre dernière altercation. Son dernier message elle me l'a envoyé ici même. J'ai l'impression d'être piégé alors que je ne me suis même pas engagé.

« Reviens me voir quand tu sauras ce que tu voudras »

C'est la dernière chose qu'elle m'a dit avant qu'on ne s'ignore complètement. Je m'étais promis de ne plus me prendre la tête pour une nana, encore une promesse que je ne tiens pas. Ça a toujours été compliqué entre nous. Au début c'était bien mais une fois que les sentiments s'en sont mêlés on s'est retrouvés comme deux cons incapable de prendre une décision. J'arrêtais pas de partir et de revenir, je sais que ça l'a gavée.

En même temps elle a tout fait pour qu'on se pose ensemble tout en sachant pertinemment que je fuis les couples comme la peste. Je ressens un truc pour elle mais pas au point de franchir ce pas. Je suis bien trop attaché à mon esprit vagabond et ma mini sensation de liberté.

Bref du coup nous deux c'est en stand by et j'suis perdu entre attendre qu'elle se calme ou me changer les idées ailleurs. Quoique l'un n'empêche pas l'autre...

On me tire de mes pensées en m'arrachant mon téléphone des mains. Je me tourne vers Mekra qui le verrouille en soufflant.

-       C'est bon tu m'as saoulé, toi. Dit-il.

-       Qu'est-ce t'as ?

-       Toi, qu'est-ce t'as ?

Je m'enfonce un peu plus dans le canapé et souffle à mon tour.

-       J'ai rien.

-       Bah viens jouer, c'est à ton tour.

-       J'te mets le Barça ? Me demande Lo, les deux manettes en main.

-       Rends mon tel toi, déjà. Je grogne à Mekra qui m'ignore complètement pour se rendre dans la cuisine.

Lo me tend ma manette et je me résigne à jouer le jeu le temps d'un match. Je suis éclaté, aucune possession de ballon. Même Lo est blasé mais ça ne l'empêche pas de m'enchainer des buts, cet enfoiré.

Je pose la manette avant de voir le score de 5-0 s'afficher sur l'écran. Dans le genre mauvais perdant c'est moi le pionnier. Je décide de rejoindre le barbu dans la cuisine où se trouve aussi son reuf et Bigo, en pleine discussion.