Nek...Quoi ?

29. Une ivresse efface mille tristesses

- Tu veux faire quoi aujourd'hui ?

Maria me sort de mon examination de mon profil Facebook et j'hausse les épaules. La vingtaine de messages de personnes dont je n'adresse même plus la parole aujourd'hui me laissent de marbre.

J'ai un an de plus.

S'il existe des personnes joyeuses le jour de leur anniversaire, c'est loin d'être mon cas. Je fais partie de ces gens qui s'attardent sur ce qu'ils n'ont pas accompli. Avec cet état d'esprit, le constat ne peut qu'être déplorable.

25 ans.

Pas mariée, pas d'enfant, pas de carrière, pas de maison au bord de la mer.

Même pas maquée.

Je censure ma conscience qui cherche à tout prix à m'achever et me lève à l'entente de la sonnerie de la porte d'entrée. Je ne suis pas surprise à la vue de Cléo et Zoé qui me font le même rituel chaque année. La première me prend dans ses bras tandis que la seconde s'exclame :

- T'attends quoi pour faire des mômes ?

Son ton détaché me fait doucement rire. Pas de célébration traditionnelle ici, ce n'est pas quelque chose de populaire chez nous. De toute façon, elles savent que je n'adhère pas au protocole. La fête du prénom est d'ailleurs beaucoup plus importante à nos yeux.

- J'te retourne la question, dis-je en fermant la porte.

Les filles se saluent entre elles tandis que je m'éclipse dans la cuisine pour goûter le gâteau en douce. Kat me réprimande du salon.

- Reviens ici tout de suite ! Maugrée-t-elle entre deux taffes.

- T'as un sixième sens ou quoi, toi ?

- Tu nous fais le coup tous les ans ! Tu attends ce soir !

Je souffle et reviens m'asseoir auprès du petit comité.

- Donc tu veux faire quoi ? Réitère Maria, agacée.

- J'en sais rien, moi... On va à la plage ?

Zoé lève les yeux au ciel.

- Irina... Mets y un peu du tiens !

- OK je veux passer une soirée mémorable avec au moins deux grammes d'alcool dans le sang. C'est bon ?

Cléo et Kat éclatent de rire.

- Tu veux battre mon record, c'est ça ? S'exclame la blonde, taquine.

- Une soirée mémorable, je vous ai dit ! J'insiste dans un sourire.

Il n'en faut pas plus aux filles pour se mettre d'accord. En même temps sur une petite île que nous connaissons de fond en comble, nous avons rapidement fait le tour. Et puis je ne vois pas l'intérêt d'être exigeante. Je veux simplement être entourée des gens que j'aime pour ce jour « spécial » où j'ai tout les droits.

Je suis tout de même passée voir mon paternel qui a posé son après-midi pour qu'on la passe ensemble. Ça aussi c'est un rituel. J'appelle ma mère, mon frère puis je passe le reste de la journée avec mon père et il me raconte pour la vingt-cinquième fois ma naissance difficile. Cette fois ci je l'ai accompagné pêcher. Ça fait remonter les souvenirs d'enfance. On avait l'habitude d'aller pêcher le seul jour où il avait le temps, soit le dimanche. Ça restait une habitude qu'on avait perdue de vue avec le temps. Alors quand il me l'a proposé, j'ai évidemment acquiescé et apprécié l'attention.