25. Nouvelles

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1 mois.

Sur le port, un petit amas de monde se forme progressivement. Certains sont excités, bagages en main. D'autres, restent en retrait et attendent patiemment. Je suis de ceux qui restent en retrait mais je suis tout aussi excitée. D'ailleurs celle-ci est à son comble lorsque le ferry amarre. 

La population qui en émane est assez colossale, la recherche en devient difficile. J'attends néanmoins que les gens se dispersent, je sais qu'il n'est pas du genre à se mêler à la foule.

J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne l'ai pas vu et je dois avouer que j'ai été étonnée lorsqu'il m'a appelée pour me prévenir qu'il débarquait. Il était temps qu'il revienne.

Contre toute attente, je l'aperçois au loin. J'ai d'abord du mal à le reconnaître, mais son signe de main me confirme que c'est bel et bien lui.

-       Qu'est-ce que t'as fait à tes cheveux ! Je m'écris en surjouant ma surprise.

-       Bonjour déjà, impolie. Réplique-t-il, le sourire aux lèvres.

Je rigole et il m'embrasse le haut des cheveux.

-       J'ai manqué à ma petite sœur chérie ?

-       Grave. Il était temps que tu viennes me voir, malaka.

-       Tu sais que tu peux bouger ton cul aussi pour venir me voir ?

Je lève les yeux au ciel et acquiesce en silence. Puis nous prenons la route jusque chez notre paternel. Iason fait l'effort de se déplacer une fois par an pour l'été. En contre partie j'essaie de le voir pendant les vacances d'hiver. Je suis toujours heureuse de le retrouver, lui et moi avons une complicité sans égal que la distance ne peut détruire. J'ai si hâte d'entamer cette semaine à ses côtés. Ça va m'aider à me changer les idées.

-       Ralentis la cadence, j'suis mort, moi ! Geint-il la clope au bec.

-       On n'a pas le temps, une semaine ça passe vite !

Il rit puis me suit jusqu'à ma mobylette. Nous nous chamaillons pour avoir la place conducteur, mais je capitule finalement pour lui faire plaisir. Non sans l'avoir assené d'insultes, évidemment.

Nous passons le reste de la journée avec notre père qui passe son temps à nous conter des bribes de notre enfance quelque peu agitée.

-       Vous étiez de véritables monstres tous les deux. Un duo infernal.

-       Faux j'étais un ange, moi ! Je me défends comme je peux.

-       Vous avez mis le feu à ma cuisine !

-       C'est de sa faute, je voulais faire griller mes marshmallows et il m'a dit de faire un feu de camp ! Je réplique en le pointant du doigt.

-       Un feu de camp, par définition, ça se fait dehors pauvre idiote. Souffle-t-il entre deux gorgées.

Je me jette sur lui sur ces mots, sous le regard médusé de notre paternel qui ne se fatigue même plus pour nous rappeler à l'ordre. Il finit par m'immobiliser et me porter pour me ramener dans le jardin.

-       Il est où le tatamis ? S'enquit-il après m'avoir déposé.

-       Dans le grenier, viens te battre si t'es un homme.

Il m'observe moi et mes poings puis éclate de rire.

-       J'vais te déchirer.

-       Je t'attends boulosse.

Je lui assène un coup de pied qu'il esquive sans difficulté.

-       Alors tu choisis, c'est soit bouffon, soit bolosse. Mais pas les deux, sale immigrée.

-       Poutso kleftis (voleur de bites).

Il simule un coup pour déclencher mes automatismes de défense puis m'attrape par le bassin en courant.

-       Pas la piscine, pas la piscine, pas la piscine ! Je crie.

Il m'y jette tête la première, j'hurle un tas d'insultes qu'il ignore totalement. On entend notre père nous réprimander du salon de ne pas déranger les voisins, sans succès.

-       Tu sais toujours pas parler français correctement, la honte. Dit-il en prenant place au bord de la piscine. 

-       Fae ena kouva skata ! (mange un bol de merde)Je l'ai dit correctement là ?

-       Tu veux que j'te tue toi, souffle-t-il, faussement énervé.

Je rigole et lui envoie un baiser volant. Iason est de 5 ans mon aîné et pourtant j'ai l'impression que c'est mon jumeau. On est sur la même longueur d'ondes, on partage les mêmes idées à deux trois détails près. Ça a été et restera mon modèle sur tous les aspects de la vie. Que ce soit dans ma vie professionnelle et personnelle.

-       Racontes-moi ta vie de pisseuse, un peu, dit-il.

-       Elle est nulle ma vie. Racontes la tienne, j'ai besoin d'idées !

Je lui fais signe de venir me rejoindre dans l'eau, il décline en me montrant son majeur.

-       Et les amours ?

J'éclate faussement de rire.

-       T'es plus avec Kostas ? Demande-t-il.

-       Depuis longtemps déjà...

-       Genre y a personne dans ta vie, là ?

Son ton trahit sa surprise. Il est vrai qu'il a été habitué à me voir accompagnée. A son grand damne d'ailleurs. Je préfère ne pas penser au beau gosse indécis. Il m'a foutue en rogne, mine de rien.

-       Personne.

Il secoue la tête puis s'exclame.

-       Et ben moi, je me marie, souffle-t-il naturellement.

Je me rapproche du bord, sous le choc.

-       J'ai bien entendu ?

-       Oui.

-       Papa et maman sont au courant ? Je demande d'une traite.

-       Maman oui, je voulais vous l'annoncer ce soir à papa et toi.

-       Mais c'est toujours la même ? Tu te maries quand ? On se la met pour fêter ça ?

Il rigole et répond calmement à chacune de mes questions tandis que je me précipite pour sortir.

-       Oui c'est toujours Claire, on se marie dans 3 mois et oui on se la met grave.

-       Papaaaaaaaaaa !

Le concerné nous rejoint à l'extérieur, j'en profite pour lui laisser annoncer la nouvelle et aller chercher mon téléphone pour appeler ma mère, folle de joie. Il est évident que je vais participer aux préparatifs et passer les prochains mois en France. J'ai besoin de soutien.

Je m'essore les cheveux avant de rentrer, j'entends mon père le féliciter et lui énoncer toutes les raisons pour lesquelles il est fier de lui. Il est vrai qu'Iason et moi sommes sur la même longueur d'onde sur de nombreuses choses, mais niveau amour il a clairement fait de meilleurs choix. Je suis si fière.

Je m'empare enfin du cellulaire qui m'affiche une notification à laquelle je ne m'attendais absolument pas. Mon cœur rate un battement, mes sourcils se froncent et je relis le message plusieurs fois pour être sûre d'avoir bien lu.

« J'arrête pas de penser à toi »

Nek...Quoi ?Where stories live. Discover now