19 - Hypermnesique

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- Ok Freeman, pas mal du tout. Maintenant, tu vas me faire le plaisir de me dire ce qui ne tourne pas rond chez toi avant que je ne t'égorge ici-même.

J'écarquillai les yeux. Pourquoi cette subite menace ? Mon cur s'accéléra et je hochai très lentement la tête :

- Ok, mais lâche moi.

Il plissa les yeux et je plongeai mon regard dans le sien, effrayée. Il finit par faire une moue et il me lâcha. Je glissai contre le mur et m'assis par terre, prenant un instant pour reprendre ma respiration, ma tête entre mes jambes. Puis je relevai le visage et aperçu les regards des deux frères, qui ne me quittaient pas. Bon, c'était foutu pour garder le secret. Je fermai les yeux et lâchai rapidement :

- Je suis hypermnésique.

Je ne sais pas à quoi je m'attendais, à des cris, ou des choses comme ça, mais pas à ce silence qui se prolongeait. Je rouvris les yeux et aperçut le regard interrogateur qu'échangeait Tyron et son frère. Ce fut James qui brisa le silence :

- Tu es quoi ?

- Hypermnésique.

A leur expression, je compris alors qu'ils ne savaient pas ce que c'était. Comme 90 % de la population, qui ignorait tout de mon enfer personnel. Je soufflai et précisais :

- C'est une maladie qui provoque une exaltation de la mémoire. Qui fais que ma mémoire à court terme se transforme très vite en mémoire à long terme. En simple, ma mémoire enregistre tout sauf que, contrairement à la normale, elle ne supprime rien et garde tous les petits détails sans importance que tout autre cerveau aurait déjà oublié.

Ça y'est, la bombe était lâchée. Je vis leur visage s'éclairer tandis qu'ils comprenaient peu à peu ce dont je parlais, et leurs conséquences. Tyron se redressa, le visage concentré, et posa ses coudes sur ses jambes en plongeant son regard dans le mien.

- C'est-à-dire que tu te rappelles d'absolument tout ? demanda-t-il avec exaltation.

- Heu... je dirais surtout que je n'oublie rien, ou presque rien.

La nuance était subtile, mais bien présente. Le silence se prolongea avant que Tyron ne se lève brusquement. Hâtif, il me fit me relever, me poussa dans la salle de bain puis claqua la porte, me laissant seule. Je fronçai les sourcils. Qu'est-ce qu'il venait de se passer au juste ?

Je plaquai mon oreille contre la porte, mais seuls les chuchotements des deux garçons me parvinrent, indistinctement. Un grognement de frustration m'échappa. Je n'avais pas le droit de savoir ce qu'ils disaient à mon sujet ?! J'entrouvris la porte pour glisser un il au travers, et aperçut les deux bandits, sur le lit, discuter à force de grands gestes. Je tendais l'oreille :

- Tu te rends pas compte James, soufflai Tyron, exalté. Cette fille, c'est la chance de notre vie ! Elle vient faire du repérage une minute, et elle se rappelle chaque caméra, chaque porte, chaque code !

- Je sais pas trop, je lui fais pas confiance. Qu'est-ce qu'on sait d'elle après tout ? Si ça se trouve, elle ment. Dès qu'on mettra un pied dehors, elle appellera à l'aide. Et qui te dis qu'elle voudra bien nous aider ? Je serais plutôt d'avis qu'on... tu sais, qu'on se débarrasse d'elle. Elle en sait trop sur nous.

Tyron attrapa le bras de son frère et le força à le regarder dans les yeux :

- Écoute bien, on ne lui laisse pas le choix. Elle sait ce qu'elle risque à nous trahir. Elle va nous aider à cambrioler...

- Pas question ! m'écriai-je en avançant d'un pas sans réfléchir. Je ne ferais pas ça.

Tyron se tourna vers moi, un air exaspéré sur le visage. Je réussis à tenir son regard et ne le lâchai pas des yeux. Le silence se prolongea un moment, chacun cherchant à faire flancher l'autre en premier. James, lui, arqua un sourcil en nous dévisageant tour à tour. Moi, j'étais bien décidée ne pas craquer. Ils pouvaient me blesser, me forcer, me tuer, je ne deviendrais pas une criminelle. Je ne serais jamais leur complice. Ils avaient tué des gens innocents, et ils voulaient que je fasse comme eux ?

Tyron finit par lentement se lever et approcha de moi. Il se posta juste devant moi, l'air menaçant. Mes jambes se mirent à trembler mais je maintiens son regard coute que coute.

- Freeman, lança-t-il en articulant chaque syllabe. Je ne crois pas t'avoir demandé ton avis.

- Je ne ferais pas ça, répétais-je, la voix plus tremblante que prévue.

Je savais que c'était un mauvais plan que les bandits soient au courant de ma maladie. Tyron plongea son regard meurtrier dans le mien une longue minute, où le silence s'intensifia. Puis il hocha la tête en reculant et haussa les épaules :

- Très bien, comme tu veux.

Je restai perplexe, la bouche entrouverte. Quoi, c'était tout ? Il n'insistait pas, il ne me forçait pas ? Son frère eut un regard surpris en écho au mien tandis que Tyron avançait près de la table de nuit. En se penchant devant, il continua d'une voix légère :

- Nous y allons juste tous les deux. Seulement nous avons une vraiment mauvaise mémoire, alors nous y allons à l'improviste. Ce serait vraiment dommage qu'à cause de cela, nous blessions voire tuons des innocents. Enfin bon, c'est ainsi quand on n'a pas plus de préparation.

Tyron se redressa, le regard froid contrastant avec son ton faussement léger. A ses mains reposait son arme à feu, et il jouait avec du bout des doigts. Je fermai les yeux, respirant longuement. J'avais envie de hurler. De pleurer, de fuir d'ici à toute jambe. Seulement, la simple idée que d'autres soient tués par Tyron me rendait malade. Et si je ne faisais rien pour empêcher ça, je ne valais au fond pas mieux qu'eux deux.

- Si je viens avec vous, lâchai-je à mi-voix, tu ne tueras personne ?

Je rouvris les yeux et croisai son regard. J'étais tremblante, et je ne réalisais pas bien ce qui était en train de se passer. Tyron haussa simplement les épaules avec un sourire qui ne me disait rien qui vaille. Je passais une main dans mes cheveux encore humide, les lèvres tremblantes :

- Jure-le-moi. Jure-moi que tu ne tueras personne, et je viendrai avec vous.

Le jeune bandit sembla hésiter un instant, mais ce n'était bien sûr qu'un simple jeu pour lui. Il en savait l'issue à l'instant même où j'avais émis l'hypothèse de refuser. Il était évident qu'il tirait les ficelles du jeu. Il finit par hocher la tête, une légère moue au visage :

- Ok, Freeman. Je te promets que je ne tuerais personne.

J'espérais qu'une promesse valait encore quelque chose pour lui. Et, si ce n'est pas le cas, je serais au moins là pour le lui rappeler, voire même l'en empêcher. Mais il y avait une pointe de sincérité dans sa voix qui me fis bizarrement croire que, sur ce coup-là, je pouvais lui faire confiance. Je pris une longue inspiration :

- Très bien. Jeviendrais avec vous.



Oh la la mais en plus c'est super important pour la compréhension de la suite... J'en reviens pas x) 😅Après on ne comprends pas bien pourquoi elle fais ça du coup 🤣😅 Mais il faut me le dire quand je fais une gourde comme ça 😂😊

Bon, encore désolé et bon week end à vous 😘😅

Mémoire en CavaleWhere stories live. Discover now