35 - Case prison

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Une fois les criminels enfin sortis du bunker, je montais à mon tour le long de l'échelle, et refermai la trappe derrière moi. Je relevai les yeux à temps pour voir Tyron lancer un regard accusateur à son frère, et je l'entendis chuchoter :

- Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ... ?

- Parce que je savais que tu allais avoir cette réaction, rétorqua James en roulant des yeux. Et ensuite, qu'est-ce qu'on en a à faire ? Les gens sont dangereux pour nous. Je n'approche personne, ni homme ni femme. C'est toi qui m'as dit ça. Ça t'aurait appris quoi ?

- Mais... tu es mon frère ! C'est le genre de choses que tu dois me dire !

- Bien sûr. Comme tu aurais dû me dire pour maman.

Sans comprendre de quoi ils parlaient, je vis Tyron tressaillir, et je compris que James avait touché une corde sensible. Très sensible, vu la façon dont il se renfrogna par la suite. Il se tourna vers moi :

- Freeman, en voiture et en vitesse. Il ne faut pas louper le timing.

- Oui et bien je vous attendez-moi.

Sans plus rechigner, je parcourus les quelques mètres me séparant du véhicule et, pour la première fois, je montai volontairement à bord de la voiture. Pas poussée, jetée, balancée dedans, mais montée de plein gré. Ça signifiait beaucoup non ? Les garçons grimpèrent rapidement à l'avant, Tyron au volant, et nous avancèrent à travers la forêt, vers la civilisation.

La prison où était incarcérée ma mère était séparée en deux, un côté homme et un côté femme, et avait l'avantage d'être un peu à l'écart de la ville. Cela me permettait d'être plus rassurée sur le fait qu'aucun civil ne sera blessé dans l'opération. Enfin, je l'espérais.

Seulement, je repérais bien vite que nous ne prenions pas la route de la prison. Avant que je n'aie pu poser de questions, nous nous retrouvâmes dans le centre-ville, bondé de piétons en ce samedi matin. Je me raidis :

- Qu'est-ce qu'on fait ici ?

- Le plan ne change pas, me rassura Tyron en un coup d'il. Seulement, nous laissons James ici.

- Hein ?

Sans que je n'aie pu comprendre le pourquoi du comment, James me fit un sourire rassuré et sortis de la voiture, avant de se mêler au trafic de piétons sur le trottoir. Tyron redémarra aussitôt, prenant cette fois-ci bel et bien le chemin de la prison, que je connaissais par cur. Le silence régna dans l'habitacle de la voiture, tandis que le bandit se concentrai sur la route.

Une dizaine de minutes plus tard, nous nous garions sur le parking des visiteurs, adjudant à la prison. Je ne bougeai pas et Tyron éteignis le moteur, avant de se tourner vers moi :

- Tu es prête, Abigaël ?

- Non.

Le bandit eut un sourire en coin, et se contenta de cette réponse. Il sortit de la voiture et vint m'ouvrir la portière. Je sortis à mon tour, et nous allâmes tous deux jusque l'entrée de la prison.

Le bâtiment était immense, les façades surplombées de fil barbelé et de fils électrique, tandis que les grandes portes d'entrées étaient ouvertes. À peine avions nous pénétré dans l'enceinte qu'un type en noir nous accosta :

- Déclination de l'identité, papiers d'identités et permis de visite s'il vous plaît.

Puisant dans tout ce qui me restait de mon talent- presque inexistant- d'actrice, je lui adressai mon plus beau sourire :

- Abigaël Freeman. Je viens voir ma sur Sandie. Et voici mon compagnon, Xavier.

Nous sortîmes nos cartes d'identité truquées, ainsi que mon permis de visite. Le garde pris un moment pour les examiner, et tout mon corps se crispa dans l'attente d'une réaction. Je m'attendais à ce qu'il ne nous dise à tout moment « Et non, bien essayé. Rendez-vous à la case prison sans passer par la case départ, et ne recevez pas 2000 euros ». Coup de chance, nous étions déjà à la case prison. Mais le garde finit par hocher la tête en nous rendant nos papiers.

- Vous pouvez y aller. Les visites ferment à 11 heures, vous avez obligation d'être sortis du bâtiment à cette heure-ci, où vous en serez sanctionnés. Avancez, mon collègue va fouiller vos sacs pendant que je vérifie pour votre permis de visite.

Un peu plus loin, un autre garde nous fis signe d'avancer dans un détecteur de métal, ainsi qu'à mettre nos sacs de côtés. Je m'approchais de Tyron :

- Comment ça, vérifier le permis de visite ? Ils n'ont jamais fait ça.

- Tu es sûre de ça ?

- Bah oui, rétorquais-je en roulant des yeux. Tu crois qu'il y a un problème ?

- Non. La chasse a commencé.

Sur ces quelques mots, Tyron avança avec un sourire humble à travers le détecteur de métal, qui ne réagis pas. Je le suivais. Mon corps était tendu, et mes muscles semblaient sur le point d'exploser. Là encore, pas de réaction. Le garde pris le temps de retourner nos sacs, et son collègue finit par clamer :

- C'est bon, tout est en règle. Bonne visite.

Mon souffle se relâcha imperceptiblement, tandis que Tyron, restant professionnel, récupéra nos affaires. Il me tendit mon sac, puis m'agrippa par le coude et me souffla à l'oreille :

- Maintenant c'est toi qui me guides. Je te suis. Et oublie pas de respirer Morgane. Si je suis là, c'est que tout va bien se passer.

Je hochai rapidement la tête et avançai à travers les couloirs que je connaissais par cur. Il y avait des gardes partout, et c'était effrayants. Nous étions en plein dans la gueule du loup, et il suffisait qu'il referme ses crocs pour nous dévorer. Nous arrivâmes rapidement dans le parloir, et je donnai le nom de ma mère à l'un des gardes présents, qui l'a fit appeler.

Je pris une longue inspiration et m'installai sur un tabouret face à une vitre, tandis que Tyron restait à côté de moi. Il se pencha à mon oreille :

- Ils enregistrent les conversations ?

- Non, pas encore. Mais ils ont des caméras. Deux derrières nous, et une...

- Juste au-dessus. J'ai vu. Ça va aller.

Je jetais un coup d'il à la salle. De nombreuses autres personnes discutaient avec des prisonniers à grands renforts de larmes et d'émotions. Je n'avais jamais vu ma mère lâcher une seule larme pour moi. Soudainement la porte de l'autre côté de la vitre s'ouvrit et je me crispai, tandis que Tyron posait une main réconfortante sur mon épaule.

Ma mère apparut. Semblable à toutes les autres fois, elle portait son uniforme orange avec désinvolture, ses mains enchainées devant elle, regardant autour d'elle comme si elle était dans un centre de vacance. Son regard se braqua sur moi à travers la vitre et elle prit tout son temps pour s'installer de l'autre côté. Ses yeux identiques aux miens m'incendiaient, et je remerciai la présence de cette vitre entre nous.

Ma mère était une belle femme. Ses cheveux étaient d'un roux un poil plus foncé que les miens, elle avait quelques rides qui embellissaient son visage, et un menton pointu. Si ce n'est ses yeux qui exprimaient une froideur intense, elle aurait presque pu paraitre agréable.

Lentement, elle décrocha le téléphone de son côté, et je fis pareil.

- Tiens tiens, se réjouit-elle morbidement. Ne serait-ce pas ma criminelle de fille ?

Et voilà un chapitre ! Un deuxième arrive dans cinq minutes, on fera le topo là-bas 😉😎

Mémoire en CavaleOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz