26 - La Bijouterie

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Le voyage m'avait paru durer bien trop peu longtemps. J'avais envie de vomir. Tyron, à l'arrière avec moi, m'avait fait faire un récapitulatif de tout ce que j'avais mémorisé, puis m'avait dit exactement ce qu'ils allaient faire, et ce que moi, je devais faire. Puis il m'apprit comment tenir une arme pour paraître convaincante, comment je devais me comporter...Et enfin, il me repassa la perruque horrible de la veille, tandis qu'il remettait la sienne. Le but n'était pas qu'on ne nous identifie pas- la police savait qui nous étions- mais bien que la vendeuse n'appelle pas tout de suite des renforts en nous reconnaissant.

Finalement, c'est apeurée que je sentis la voiture s'arrêter. Un coup d'il à l'extérieur m'apprit que nous étions dans la rue menant à la bijouterie. Je fermais un instant les yeux, envahie sous une avalanche de souvenirs datant seulement de la veille. Tyron tourna la tête vers moi :

- Tu es prête, Freeman ?

- Non, rétorquais-je en fuyant son regard. Je ne veux pas faire ça.

- Le fait est que tu n'as pas réellement le choix. Tu veux que tous ces gens meurent ? Par ta faute?

Je secouai la tête. Bien sûr que non, et il le savait. C'était terriblement injuste, mais j'étais obligée d'obéir. James nous jeta un regard dans le rétroviseur :

- Dix heures moins sept. Il est l'heure.

Tyron s'extirpa de la voiture, ses armes cachées sous sa veste. La mienne l'était de même, et cela n'avait rien d'agréable. Le cur battant à tout va, les jambes flageolantes, je le suivais à l'extérieur. James repartis aussitôt avec la voiture, tandis que Tyron m'agrippa par le bras, d'un geste qui aurait put sembler naturel de l'extérieur.

J'étais impressionnée par son sang-froid. Là, en marchant, il semblait tout à fait normal, un léger sourire aux lèvres et la démarche tranquille. A côté, j'avais l'impression de faire tâche. Aussi discrète qu'un grizzli essayant de se faire passer pour un mignon petit lapin. Finalement, nous arrivâmes devant la porte étincelante de la bijouterie. Nous entrâmes et pénétrèrent dans le lieu maudit.

Les clients n'étaient pas nombreux- c'était déjà ça ! Un vieil homme, au fond, regardait notre collier, deux femmes discutaient à l'avant devant un présentoir argenté, et trois autres clients solitaires faisait le tour de la pièce. Les deux gardes du corps étaient les mêmes que la dernière fois, postés aux mêmes endroits. J'étais terrifiée, mais j'arrivais bizarrement à garder les pieds sur terre. Dans exactement cinq minutes, tous le plan se mettait en place. 

Je tournai les yeux vers la caisse et me figeai, aux bras de Tyron. La vendeuse était la même que la dernière fois, et elle me fit un large sourire :

- Mademoiselle ! J'ai fais ce que vous m'aviez demandé la dernière fois. J'ai appelé votre... frère, et il paraissait vraiment soulagé.

Je détournai le regard sans avoir la force d'y répondre quoi que ce soit. Tyron, lui, adressa un sourire équivalent à la caissière :

- Oui, nous l'avons vu depuis. Nous étions partis en vacances sans le prévenir, alors il était normal qu'il s'inquiète pour sa petite sur, menti-t-il avec un aplomb qui me dégouta.

Il me lança un regard d'avertissement, signifiant sans doute qu'on reparlerait de tout ça plus tard. Mes yeux se levèrent vers l'horloge : dix heures moins trois. Mon cur semblait exploser dans ma poitrine tandis que j'observais tous ces gens innocents, qui étaient simplement là au mauvais endroit, au mauvais moment. Comme je l'avais été ce jour-là, à la superette. Tyron posa une main sur mon épaule. Je me figeai, sans le regarder. Deux minutes.

- Morgane, chuchota t-il à mon oreille, détends toi. Ça va bien se passer. Suis le plan.

Je faillis lui rire au nez. Comment voulait-il que cela ce passe bien ? ça ne lui faisait donc rien de commettre un crime ? Je me tournai subitement vers la vendeuse, un sourire aux lèvres :

Mémoire en CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant