38 - Ryder

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« 6 août 2015.

- Lolita... tu vas bien ?

- Ne me touche pas ! m'écriai-je.

Je reculai vivement dans l'espace restreint de ma chambre et butais contre mon lit. Pourtant, mes yeux se refusaient de quitter ceux, glacés, de Ryder. J'étais en larme, tout mon corps souffrait le martyr, mes membres tremblaient de peur. Du haut de mes 16 ans, je n'étais pas prête à affronter ce qu'il m'était arrivé. Ryder fis un autre pas vers moi et je me recroquevillais au sol, le regard implorant :

- Va-t'en... ! Sors de là. Je ne veux plus jamais te voir.

Ryder fronça les sourcils, déstabilisé, et je fuyais son regard. Je savais que si je recroisai ses pupilles hypnotisantes, sa gueule d'ange et son sourire charmeur, je serais capable de retomber dans le panneau. Encore une fois. J'avais toujours été prête à tout oublier pour lui, mais cette fois-ci... c'était trop. C'était irréparable, même pour lui. Il avança jusque moi et s'accroupis, puis posa une main sur mon genou. Je geignis légèrement, me refusant à ouvrir les yeux.

- Morgane, tenta de m'amadouer Ryder d'une voix calme. Tu ne sais pas ce que tu dis. Tu ne veux pas que je parte. Je le sais. Tu...

- Ne la touche pas, salopard !

Je rouvris juste à temps les yeux pour voir Jonathan donner un coup de boule à cet homme plus vieux que lui de six ans. Il se posta devant moi, tel le chevalier blanc qu'il avait toujours été.

- Elle a été claire. Disparais. Ou j'appelle les flics. Elle a de quoi porter plainte contre toi.

- Tu n'as rien à voir avec ça, gamin, le coupa Ryder d'une voix blasée. Tu te crois en droit de la protéger alors que tu as disparu depuis un an ? Tu l'as plus blessée que je ne le ferais jamais.

John frémis de tout son corps et baissa les yeux vers moi d'un air désolé. Un sourire triomphant étira les lèvres de Ryder, et il avança vers nous.

- Je lui ai toujours donné ce qu'elle voulait. Tu peux en dire autant ? Je lui ai appris à faire face aux échecs, aux abandons. Toi tu lui as juste appris... la déception.

- Tu es un psychopathe, cracha John. T'as rien à voir avec elle, et si tu t'avise encore de la toucher...

- Quoi ? ricana Ryder. Tu vas me menacer d'appeler les flics ? Oh la la, j'ai peur. T'as rien de plus consistant ?

- Moi, si.

Je m'étais relevée, les joues baignées de larmes, et un pistolet à la main. De l'autre main, je m'accrochais à John pour ne pas m'écrouler par terre, et pointai l'arme sur Ryder :

- Si tu ne sors pas, le menaçais-je d'une voix tremblante, je n'hésiterais pas. Tu es... tu me dégoute.

- Où as-tu trouvé ça ? demanda l'homme à voix basse.

- Dans... dans tes affaires.

Ryder fronça les sourcils, et une ombre d'inquiétude passa derrière ses yeux. Il avança un bras rassurant :

- Calme-toi, Morgane. Pose ça... c'est dangereux, tu vas te blesser.

- N'approche pas ! hurlais-je, hystérique. Dégage ! Je ne veux plus jamais te voir !

Je croisai son regard et les larmes redoublèrent sur mes joues. Ses yeux exprimaient un sentiment indéchiffrable qui me fis frémir. Il y eut un long silence, puis il baissa la tête :

Mémoire en CavaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant