23 - Achevez-moi.

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-Jonathan !

James se retourna aussitôt, les yeux écarquillés de stupeur, et me plaqua vivement une main sur la bouche, les yeux furieux. Derrière nous, Tyron avais fais un bond, et plissais les yeux pour voir qui j'avais bien put interpeler ainsi. Moi, je ne quittais pas des yeux mon plus vieil ami. Lui et la silhouette à ses côtés s'étaient vivement tournés vers nous, et John courait maintenant dans ma direction à toute vitesse. 

Je n'en revenais pas que mon plan ait réellement marché. Je n'en revenais pas que la vendeuse ait réellement appelé John et qu'il soit maintenant là, en chair et en os. Il allait venir me chercher. Il allait me sauver. Enfin ! Mais pourquoi diable la police n'était pas avec lui ?!
Des larmes de joies coulèrent sur mes joues, et je voulus courir à la rencontre de mon ami. Seulement, on m'avait bien dit de ne jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. James grogna, et m'attrapa par l'épaule. Son autre main se positionna dans mon dos, au- dessus d'un des innombrables morceaux de verre fiché dans ma peau. Sans état d'âme, le frère de Tyron appuya sur le morceau de verre, et je lâchai un cri de douleur. J'eus un spasme et tombai à terre, les traits déformés par la souffrance.

Non loin, j'entendis le cri que poussa John, tandis que James me tirait par les jambes, avant de me jeter dans la voiture et de fermer la portière. Je me redressai et poussai un cri de rage, avant de me précipiter sur la portière, sur la poignée que j'essayai d'ouvrir à m'en arracher les ongles. Par la fenêtre, je voyais John redoubler de vigueur, prêt à se jeter droit dans la gueule du loup pour me sauver. Mais il était trop loin. Mes larmes redoublèrent quand le moteur se mit à ronronner, James à l'avant. Une seconde plus tard, la portière avant s'ouvrit et Tyron sauta sur le siège. Aussitôt, la voiture bondis en avant. John approchait, il n'était plus très loin... En arrivant au même constat, Tyron sortis son arme, ouvrit la fenêtre et tira plusieurs coups de feu en direction de mon seul ami.

Je poussai un hurlement terrifié et me jetai sur le bandit, perdant toute raison. Je griffai son visage, ses bras, sa main tenant l'arme à feu, et il hurla en se débattant contre la furie que j'étais. Il finit par me donner un coup de coude en plein dans le visage et je basculai en arrière, sonnée. Je me redressai juste à temps pour apercevoir le corps de John, à terre. Oh non pas ça... Il ne semblait plus bouger.  A ses côtés, l'homme qui l'accompagnait nous regardait, immobile.

J'eus un sanglot en priant de tout mon cur pour que John ne soit pas mort. Pas lui, il était tout ce qu'il me restait. Il ne pouvait pas mourir. Tout ça à cause de... Je poussai un cri de rage et me jetais à nouveau sur Tyron. Seulement, celui-ci leva le bras et me calma bien vite en posant le canon de son arme contre mon front. Je m'immobilisai, le souffle court. Le bandit semblait furieux. Plus que jamais en tout cas. Il me fit un signe de tête et je reculai dans le siège, tremblante. Tyron se retourna sans cesser de me menacer de son arme et enjamba son siège pour me rejoindre à l'arrière. Ok, ça en devenait carrément flippant.

Je geignis et me recroquevillai dans un coin, près de la portière. Mes jambes étaient toujours nues, et m'asseoir était un calvaire pour tous le verre planté dans mes fesses, mes jambes, mon dos et mes pieds, nus également. Mais ma nudité était bien ce qui m'embêtait le moins dans la situation actuelle.

Tyron se pencha vers moi, le regard incendiaire, et me donna un coup sur le visage avec la crosse de son arme. Je poussai un cri de douleur tandis que ma tête tapa contre la vitre. Les larmes roulaient sur mes yeux, mais d'inquiétude cette fois-ci. Tyron enroula sa main autour de mon cou et serra violemment, me plaquant contre le siège. Je toussai, suffoquai et essayai de me débattre, mais il était bien trop fort. Je crois que Tyron en avait marre de se contenter de me menacer.

- Est-ce que tu es conne, ou totalement inconsciente ? rugit-il. Ton but dans la vie, c'est de mourir ? Je pensais avoir été clair sur le fait que si nous tombons, tu tombes avec nous. Pauvre idiote ! Nous avons été gentils avec toi. Nous aurions pu te violer une dizaine de fois, t'arracher des membres, te torturer à mort, et c'est comme ça que tu nous remercie ?! Tu mérites ce qui t'arrive, Morgane. Comme tu mérites tout ce qui t'est toujours arrivé. Quelque chose me dit que ta mère n'est pas en prison pour rien. Tu avais raison, tu es bien un poison pour ceux qui t'entourent.

Le seul son que je pus émettre fut un geignement étouffé, tandis que je priais pour me noyer dans mes larmes. L'air ne parvint bientôt plus à pénétrer dans mes poumons et je commençais à m'étouffer. Une nouvelle douleur vint rejoindre les autres, en plein dans le cur. Tyron venait de me porter le coup le plus destructeur de tous, sans le savoir. Il venait de me tuer avec trois simples phrases. Alors qu'il m'étouffe ! Ça ne pourrait être qu'une échappatoire à la triste vérité qu'il avait émise. Alors que je me sentais défaillir, assommée par le manque d'oxygène, Tyron relâcha sa prise.

Je pris une longue inspiration à m'en tordre les boyaux en me pliant en deux. Des sanglots secouèrent tous mon corps et m'empêchèrent de reprendre tout l'air dont j'avais besoin. Tyron repassa à l'avant et je restai ainsi, pliée en deux, tout le corps douloureux, et le cur encore plus. Je ne sentis pas le temps passer. J'étais repliée dans une bulle entièrement remplie de douleur, de tristesse, de culpabilité. Chaque respiration était un calvaire, chaque sanglot un nouveau poignard.

Je ne pensais pas qu'il était possible d'être si mal. J'avais l'impression que quelqu'un s'amusait à marteler mon cur jusqu'à ce qu'il n'en reste rien. C'était trop douloureux, je n'en pouvais plus. Je me mis à prier à voix basse que quelqu'un vienne m'achever, qu'on ne me laisse pas ainsi.

Dans un état secondaire, je sentis la voiture s'arrêter. Ma portière s'ouvrit, on m'attrapa le bras et me tirait à l'extérieur. Défaite, brisée, je me laissais faire sans protester. On me fis descendre une échelle dans un conduit sombre, puis je marchai un peu avant d'arriver dans une pièce éclairée, qui semblais bien plus chaleureuse que tout ce que j'avais put connaitre, mais qui ne parvins pas à réchauffer mon cur glacé.. Je sentis le retour d'une chaise sous moi, d'un lien autour de mes poignets, qui se retrouvèrent coincés dans mon dos.

J'avais mal. A chaque parcelle de mon corps et de mon esprit.Jusqu'à aujourd'hui, j'ignorais qu'il était possible d'autant souffrir.

Achevez-moi.

Mémoire en CavaleWhere stories live. Discover now