Heal me • Finn Wolfhard

Chapitre 3

Je ne lui réponds pas. Pourquoi le ferais je ?
Je souffle bruyamment, pour lui faire comprendre que sa seule présence me gène mais celui ci ne semble pas se décourager puisqu'il s'approche un peu plus de moi, les sourcils relevés, les yeux écarquillés.

"Tu es sourde ?"

Je lève les yeux au ciel, me retenant de soupirer à nouveau, avant de finalement prendre la parole.

"Je ne suis pas sourde, je ne veux pas te parler c'est tout, je réponds d'un ton sec.

-Pourquoi pas ? Tu ne me connais pas.

-Et je n'ai pas envie de te connaitre.

-Mais, je..."

Sa tentative de réponse est coupée par l'entrée du professeur dans la salle.
J'en suis soulagée. Je n'aurais pas su quoi lui dire d'autre. Je suis persuadée que la moi d'il y a 3 ans aurait discuté avec lui et aurait appris à le connaître, parce qu'il n'a sans doute pas l'air méchant et surtout, il a l'air d'être nouveau, alors je l'aurais peut être même aidé à s'intégrer. Mais la moi d'il y a 3 ans n'est plus là. Et je ne peux pas me permettre de la faire revenir.
Je ne peux pas.
Alors je ne dis rien et évite son regard. Il semble avoir compris puisqu'il n'insiste pas et se contente de sortir ses affaires de son sac.
Je prête alors attention au professeur.

"Bonjour chers élèves, j'espère que vous avez passé de bonnes vacances et que vous vous sentez prêts à travailler assidument cette année !" annonce ce dernier en déposant sa mallette sur le bureau.

Rires sarcastiques et lamentations dans la classe.

"Avant de commencer ce premier cours d'histoire, j'aimerais que nous accueillons tous ensemble un nouvel élève. Mr Wolfhard, si vous voulez bien venir vous présenter au tableau."

Le garçon aux cheveux d'ébène se lève, non sans un soupir avant de se placer à côté du professeur, les mains dans les poches de son jean, sa jambe gauche s'agitant rapidement, et je devine immédiatement que c'est un signe de nervosité.
Il n'est pas à l'aise.

"Salut, je m'appelle Finn, j'ai 17 ans. Voilà, dit il rapidement.

-Peux tu nous raconter d'où viens tu s'il te plait ? poursuit l'enseignant en prenant des notes sur un papier, déclenchant un soupir chez le principal concerné.

Il me ferait presque de la peine.
Presque.

"Je viens d'ici mais j'étais dans un lycée catholique avant, à l'autre bout de la ville, répond il à nouveau d'une traite, jetant ensuite un regard suppliant au professeur, comme pour mettre fin à ce qui s'apparente être de la torture pour lui.

Cela semble fonctionner puisque ce dernier lui adresse un rapide signe de la main signifiant qu'il peut retourner à sa place.
Finn ne se fait pas prier et revient s'asseoir à côté de moi.

"Je déteste devoir parler en public, devant tout le monde, murmure t'il à mon égard, triturant nerveusement ses doigts sur la table.

-Je suis un public, alors ne me parle pas," je réponds.

Du coin de l'œil je vois sa bouche s'entrouvrir comme s'il s'apprêtait à dire quelque chose, puis ses sourcils se froncent et il se ravise.
Je ne peux m'empêcher d'esquisser un petit sourire, satisfaite.
Si il continue à essayer de me parler et que je lui réponds comme cela, je ne devrais pas tarder à le décourager dans ses tentatives.

                                        *

Pendant la pause de midi, je fonce aux toilettes, je déballe le snack que je me suis préparée ce matin et le mange rapidement avant de jeter le papier d'emballage dans la poubelle et de sortir, par peur d'être vue par quelqu'un.
J'ai beau ne pas vouloir me lier d'amitié avec qui que ce soit, je ne veux pas non plus être la risée du lycée si on apprend que je mange seule dans les toilettes à midi. Cela n'arrangerait en aucun cas ma situation.

Alors je trouve un entre deux. Je mange dans les toilettes, mais je fais en sorte que personne ne me voit.
De plus, je ne me vois pas passer les 38 minutes de la pause déjeuner restantes assises sur la cuvette des toilettes.
C'est pourquoi je sors m'asseoir près du grillage disposé autour de l'enceinte du lycée. Je deviens invisible -plus que je ne le suis déjà-, ma musique dans les oreilles, une cigarette entre les lèvres, je me contente d'observer.
D'observer le monde extérieur auquel je n'appartiens plus depuis la mort de maman.

J'aperçois Finn et, sans que je ne sache vraiment pourquoi, mon regard reste fixe sur lui.
Il parle avec une bande de garçons que je connais vaguement. L'un d'entre eux est un de mes anciens voisins.
Jaeden Lieberher.
Il était plutôt sympa, du moins, quand je le croisais le matin, prête à marcher tandis que lui se faisait accompagner en voiture par ses parents qui le déposaient sur le chemin du travail.
Une fois, quand je devais avoir 8 ou 9 ans, il était passé par dessus la clôture de notre autre voisin en commun, pour récupérer le ballon avec lequel je jouais quelques minutes auparavant dans lequel j'avais tiré trop fort et qui avait fini par atterrir dans le jardin du couple de vieux d'à côté.
Je me rappelle avoir eu très peur qu'ils sortent de la maison en beuglant, comme ils avaient l'habitude de le faire avec d'autres jeunes du quartier.
Mais Jaeden avait été plus rapide et s'était empressé de ramasser le ballon et de me le lancer par dessus la clôture.
Puis, quand il était retourné dans son jardin, il m'avait dit "Tu feras attention la prochaine fois, je ne sais pas si tu auras autant de chances qu'aujourd'hui si les vieux sortent de la maison !"
J'avais acquiescé, impressionnée. Je crois que c'est le premier garçon pour qui j'avais eu un faible et il me semble même que ça avait duré jusqu'à la première année du collège, avant que je ne me rendes compte qu'il ne s'intéressait pas du tout à moi. C'était aussi mon premier chagrin d'amour. Et le dernier.
A ce moment là, j'avais compris que tomber amoureuse ne servait à rien, et que je me suffisais à moi même, tant que j'avais ma famille à mes côtés je n'avais besoin de personne pour être heureuse.
Seulement aujourd'hui, maman n'est plus là. Mais je n'ai toujours pas envie de tomber amoureuse.

Des rires au loin me ramènent à la réalité. Sans m'en rendre compte, mon regard était resté rivé sur Finn.
Il sourit, semblant amusé de ce que vient de lui dire Jaeden. Puis il reporte son attention sur les 4 autres garçons à côté de celui ci. 
Je ne connais pas tous leurs noms. Je me contente d'observer les gens, pas de me renseigner sur leur vie. Je reconnais néanmoins Jack. Quand j'avais 13 ans nous nous étions mis ensemble pour un TP de chimie. Il était sympa.
Lourd, mais sympa.

Les 2 garçons à ses côtés me sont inconnus.
Cependant, il me semble que celui en face de Jack, c'est Chosen.
Quand maman est morte, il m'avait prise à part une fois, pour me parler alors que je traversais le couloir des casiers, et m'avait expliqué que sa tante dont il était très proche était décédée quelques mois auparavant, qu'il comprenait donc ce que je ressentais et que si j'avais besoin de me confier à quelqu'un, il était là pour moi. Il m'avait même donné son numéro. Je ne l'ai jamais utilisé. C'était gentil de sa part mais, il y a des choses que je ne peux dire à personne, sauf à ceux qui ne sont plus là.

Je l'avais donc plus ou moins ignoré les premiers temps, lorsqu'il venait pour discuter quelques minutes, lui faisant comprendre que ça ne mènerait à rien. Alors il a arrêté et il ne m'a plus adressé la parole. Je sais pas si ça lui a fait de la peine, je crois plutôt qu'il espérait que j'accepte de me confier à lui afin qu'il puisse en faire de même, sûrement parce qu'il en avait besoin.
Mais comment écouter quelqu'un lorsqu'on est incapables de s'écouter soi même ?

La sonnerie de reprise des cours me tire de mes pensées. Mes yeux sont toujours rivés sur Finn, sans que je ne puisse expliquer pourquoi.
Au moment où je m'apprête à me lever, il tourne la tête pour s'adresser à Jaeden et nos regards se croisent avant que le mien aille se planter ailleurs.
Je saisis mon sac et lorsque je me relève, il me regarde encore et me sourit avant de m'adresser un petit signe de la main.
Il est têtu.
Je l'ignore et marche en direction des portes du lycée tout en évitant ses yeux posés sur moi.
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Voilà le chapitre 3! Il est un peu ennuyant, pas beaucoup de choses ne s'y passent mais on découvre un peu plus qui est Charlie, sa manière de penser, ect..
J'espère que ça vous a tout de même plu!
À la semaine prochaine pour un nouveau chapitre !

Des bisous, N.