Heal me • Finn Wolfhard

Chapitre 6

La musique est assourdissante et la foule envahissante. Je tente de repérer les amies avec lesquelles je suis venue mais, mon regard a beau parcourir l'ensemble du salon, mes yeux ne parviennent pas à se poser sur elles. Peut être sont elles parties ?
Non, elles m'auraient prévenu. Du moins, je crois.
Je descends les escaliers, un à un, essayant tant bien que mal de ne pas déranger les personnes déjà ivres mortes sur chacune des marches, avant de me diriger vers l'extérieur.
Je bouscule quelques adolescents au passage et m'excuse, même si je sais bien qu'elles ne m'entendent probablement pas. Je parviens finalement à me glisser en dehors de la maison après avoir récupéré mon manteau.

L'air glacial du mois de décembre me fouette le visage et je plisse les yeux en sortant mon téléphone pour essayer de contacter une de mes amies. Mes doigts pianotent fébrilement le premier numéro qui me vient à l'esprit.
Après 3 ou 4 sonneries qui me paraissent interminables, une voix se fait entendre :

"-Charlie ? Qu'est ce qu'il y a ? demande la voix de mon amie.

-Rebecca, enfin ! Où es tu ?

-Je peux pas trop te parler là, je suis avec Steven..."chuchote t'elle.

Steven est son petit ami depuis quelques mois.

"-D'accord mais où es tu, et où sont les autres ? j'insiste.

-Leah et Madison sont déjà parties, Madison était trop ivre alors Leah l'a ramené chez elle. Tu ferais mieux de rentrer chez toi aussi Charlie, je ne pense pas redescendre avant quelques heures, je crois que c'est le grand soir avec Steven, ajoute t'elle d'une petite voix excitée.

-Nous étions censées rentrer ensemble Rebecca ! je proteste.

-Vraiment désolée Charlie, mais je t'assure que je ne peux vraiment pas partir maintenant ! Tu n'as qu'à appeler ta mère pour qu'elle vienne te chercher ! Je dois vraiment y aller là, bisous ma belle, on se voit lundi au collège !

-Je..."

Elle a raccroché. Je lève les yeux au ciel et pousse un soupir d'agacement.
Résignée, je compose le numéro de ma mère en priant intérieurement pour qu'elle ne me massacre pas vu l'heure tardive qu'il est.

"-Charlie..? décroche t'elle, un ton de voix endormi.

-Maman.. Je suis vraiment désolée de te réveiller mais, est ce que tu pourrais venir me chercher à la fête s'il te plaît ? je demande, la voix tremblante par mon désir de quitter cet endroit au plus vite.

-Rebecca ne devait pas rentrer avec toi ? s'inquiète t'elle soudainement.

-Si mais, elle est avec son copain là et elle ne part pas avant plusieurs heures je crois, et, je ne veux vraiment pas rester ici toute seule, maman, s'il te plaît... dis je en la suppliant presque.

-D'accord ma puce, reste calme, j'arrive dans 15 minutes, attends moi devant la maison.

-Merci maman, je t'aime, je réponds, soulagée.

-Je t'aime aussi Charlie."

Mes yeux s'ouvrent soudainement, la respiration haletante.
Je me redresse sur mon lit et mon regard se pose immédiatement sur le cadre photo posé sur ma table de chevet, encadrant une photo de ma mère et moi, ses bras encerclant mes épaules, ma tête posée sur les siennes, les cheveux dans le vent, souriantes.

Si j'avais su à ce moment là, avant qu'elle ne raccroche, je lui aurais dit bien plus.
Je l'aurais remerciée pour tout ce qu'elle avait fait pour moi, pour tout l'amour qu'elle m'avait donné et pour avoir été la personne que j'aimais le plus au monde.
Parce qu'au bout de 15 minutes, je me suis interrogée. Puis, après 30 minutes, je me suis inquiétée.
Et au bout d'une heure, lorsqu'un numéro inconnue -qui s'est avéré être celui des pompiers- m'a appelé, j'ai compris.
Elle ne viendrait pas.
Elle ne viendrait plus.
A cause de moi.