Chapitre 11

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Les semaines qui ont suivies, Finn et moi continuions à nous retrouver tous les deux chez lui les mercredis après midis.
Cela fait maintenant un mois que nous avons entamé ces répétitions hebdomadaires à domicile et, au fil des séances, combinées avec les instants ensemble volés durant les jours de cours, nous avons tissé une amitié.

Finalement, après avoir lutté pendant des jours pour ne pas me laisser aller et baisser ma garde, j'ai échoué. Ces après midis à ses côtés chez lui, ces moments assis auprès du grillage à écouter ma musique, partageant un écouteur avec lui, ces heures de cours côte à côte, tentant de ne pas rire trop fort pour ne pas que le professeur nous entende... Tous ces petits instants avec lui m'ont rendu de moins en moins méfiante, de plus en plus faible, et, de plus en plus attachée, à mon plus grand regret.

En effet, les paroles de mon père sont encore ancrées dans un coin de ma tête. Dès que Finn et moi plaisantons ensemble ou passons simplement un bon moment, elles réapparaissent dans mon esprit, comme pour me rappeler leur présence, m'empêchant ainsi de profiter pleinement de cette nouvelle personne dans ma vie.
Celle, qui, pour la première fois depuis plus de deux ans, me donne envie de sourire dès le matin lorsqu'elle vient toquer à ma porte, ayant pris l'habitude depuis près de trois semaines de faire les trajets quotidiennement de chez moi jusqu'au lycée.

Au début, je suis restée vigilante, surveillant sans cesse autour de moi, ayant la sensation permanente que mon père était là, qu'il m'observait et qu'il savait.
Evidemment, ce n'était pas le cas mais, ses paroles planaient au dessus de ma tête, comme une ombre menaçante, à chaque moment passé avec Finn.

Ainsi, je suis restée assez froide la semaine suivante ce mercredi après midi où je lui avais fait la proposition de l'aider, mais, au fur et à mesure, je me suis avouée vaincue face à sa gentillesse et son humour et je lui ai laissé une véritable chance de devenir mon ami, chance qu'il a immédiatement saisit.

Jusqu'à maintenant, j'ai réussi à échapper à la vigilance de mon père. Mais qui sait de quoi demain sera fait. La peur règne en permanence dans un coin de mon esprit, mais, malgré cela et le fait que je saches pertinemment que cette amitié est dangereuse, je ne peux pas m'en empêcher.
Je ne peux plus m'en empêcher.

"-Alors si on considères que la suite est égale à 0 alors ses limites le sont aussi ?" m'interroge Finn, me tirant de mes pensées.

Je souris en décelant l'incompréhension dans le ton de sa voix, avant de me pencher sur l'exercice de mathématiques qu'il tente de résoudre depuis près d'une demi-heure maintenant.

"-Non, ce n'est pas ça, dis-je en secouant la tête négativement. Je vais t'expliquer encore une fois..."

Au bout d'une autre demi-heure d'acharnement, il me tend sa feuille, un sourire de satisfaction sur son visage.

"Cette fois je crois que j'ai compris !" s'exclame t'il.

J'hausse un sourcil et déchiffre son écriture à travers les ratures au crayon à papier. Puis je lui rend sa feuille en riant.

"-Ca y'est ! Tu as tout juste !

-Sérieux ? demande t'il en récupérant son travail, l'air surpris.

-Oui, il n'y avait aucune erreur et tu as utilisé la bonne démonstration pour justifier ton résultat, je n'ai rien à redire, je réponds, réunissant mes cahiers et mes stylos afin de les ranger. Bravo, tu progresses de séance en séance, je suis fière de toi cher élève, je rajoute en lui adressant un clin d'œil ainsi qu'un sourire complice.

-C'est grâce à mon professeur particulier, dit-il en rangeant ses affaires dans son sac. Merci Charlie, je ne serais pas capable de faire tout ça sans toi."

Heal me • Finn WolfhardWhere stories live. Discover now