Chapitre 22

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Le lendemain, lorsque je me prépare pour aller au lycée, Finn ne vient pas sonner à ma porte comme il a l'habitude de le faire chaque matin. Pensant qu'il ne s'est sûrement pas réveiller, je pars seule, non sans lui envoyer un message pour m'assurer que tout va bien.
Mais une fois arrivée au lycée et assise en classe, je m'aperçois qu'il ne m'a pas répondu et n'est pas non plus venu.
Pendant la pause de midi, mon regard le cherche en vain parmi la foule d'élèves qui s'agglutinent près de la cafétéria.
Je tente également de l'appeler mais sans succès. Alors que mon inquiétude augmente au fur et à mesure que les heures s'écoulent, ce n'est que vers 17 heures que mon téléphone vibre enfin, m'indiquant la réception d'un nouveau message. D'une main fébrile, je m'empresse de déverrouiller mon portable, curieuse de savoir la raison de son absence tant physiquement que par messages.

Finn : Rejoins moi au gymnase dans quelques minutes, je t'attends ! x

Un mélange d'excitation et de curiosité prenant place dans mon esprit, je range mon téléphone dans ma poche et commence à marcher en direction du gymnase du lycée qui ne se situe qu'à une petite centaine de mètres du bâtiment principal. Au bout d'une poignée de minutes, je parviens devant les grandes portes de l'édifice où Finn est censé m'attendre. Mais il n'est pas là. Mon regard se porte sur une feuille pliée en quatre, coincée entre les deux poignées des portes. Je m'en empare et la déplie. Quelques mots sont inscrits dessus. Je souris, reconnaissant l'écriture de mon ami.

"Va dans les vestiaires et mets la robe que je t'avais demandé d'amener :) "

Plus qu'intriguée et décidée à jouer le jeu, je pénètre à l'intérieur du gymnase et me dirige directement vers les vestiaires des filles tentant tout de même de déceler la présence de Finn, sans succès. Je referme la porte derrière moi et ouvre mon sac. Dedans, il y a une robe bleue. Bleu nuit comme disait maman.

Hier soir, après que Finn m'ait demandé d'apporter une robe avec moi aujourd'hui, sachant pertinemment que je ne m'en étais pas acheté depuis près de trois ans et que celles que je portais étant plus petite ne m'allant plus, je suis allée dans la chambre de ma mère. Il y avait quelques mois que je ne m'y étais pas rendue.
Rien n'avait changé, mise à part une légère odeur de renfermé que j'ai tenté de dissiper en ouvrant la fenêtre. J'ai effleuré du bout des doigts la commode près du lit, comme si j'avais peur de bouger quoi que ce soit. Il y avait encore son parfum, "Senteur de maman", et ses quelques effets de maquillage, disposés sur le meuble.
Je me suis attardée quelques secondes sur le cadre photo de la table de chevet. Une simple photographie de famille que nous avions faite faire par un professionnel il y a une dizaine d'années pour l'envoyer à ma grand-mère paternelle, avant que celle-ci ne meure quelques mois après d'un cancer. Le photographe nous en avait tiré quelques exemplaires et ma mère avait toujours conservé le sien dans ce cadre, chérissant plus que tout cette photo. Nous avions l'air heureux, souriants, et tellement insouciants et ignorants du malheur qui frapperait notre famille seulement cinq ans après.
J'ai détourné les yeux en soupirant et ai ouvert l'armoire à vêtements de mes parents. Les larmes me sont immédiatement montées aux yeux à la vue de certaines tenues que j'ai rapidement reconnues, ma mère les portant très régulièrement. J'ai inspiré profondément, et, d'une main tremblante, ai parcouru les habits aux divers coloris accrochées aux cintres.
Mon regard s'est directement dirigé sur une robe bleue, en soie délicate. Je l'ai saisi avec précaution et l'ai sorti de l'armoire, la détaillant plus précisément en m'aidant de la faible lumière du jour qui s'engouffrait dans la pièce. Je l'ai délicatement déposé sur le lit et l'ai observé dans son ensemble. Je me suis rappelée avoir vu ma mère la porter de temps en temps, occasionnellement pour les sorties au restaurant avec mon père. Je l'ai plaqué contre mon corps et je me suis regardée dans le miroir quelques instants, me demandant si j'étais vraiment digne de la porter. Puis j'ai pensé que maman serait contente de savoir que cette robe ne resterait pas éternellement dans son placard et, j'avais envie de me sentir belle, pour Finn. Alors, je ne l'ai même pas essayé et j'ai refermé les portes de l'armoire à vêtements avant de quitter la chambre non sans un dernier regard à l'ensemble de la pièce.

Heal me • Finn WolfhardWhere stories live. Discover now