Heal me • Finn Wolfhard

Chapitre 21

Finn est assis en face de moi, appuyé contre son lit, le regard dirigé vers son script, les sourcils froncés, l'air concentré.
Je l'observe, discrètement.
Ces derniers jours ont été éprouvants, mentalement. En effet, je sais pertinemment qu'être à ses côtés est une erreur, je le sais très bien. Et pourtant, je ne peux pas rester loin de lui. J'en suis incapable. Est ce que c'est ça être amoureuse ? Aimer quelqu'un au point de ne pas pouvoir imaginer cette personne ne pas être présente à nos côtés ?
Il relève la tête et sourit.

"-Pourquoi tu me regardes ? demande t'il en refermant son livret.

-Tu es beau," je réponds sans réfléchir.

Il soulève les sourcils, surpris. Me rendant compte de ce que je viens de dire, je sens mes joues s'empourprer.

"-Ce que je veux dire, c'est que tu as quelque chose de différent. Tu es beau à ta propre manière, j'approfondis, toujours gênée par mes propres paroles.

-Je t'avoue que je ne sais pas comment le prendre, répond-il, toujours ce sourire espiègle sur le visage.

-Prends le comme un compliment, parce que c'en est un," je dis, me replongeant dans mon script, tentant d'éviter cette conversation qui me gêne atrocement.

Il sourit et ouvre à nouveau son livret.
Et puis, au bout de quelques minutes, il l'abaisse encore une fois et s'approche pour faire de même avec le mien. Son visage apparaît alors dans mon champ de vision, juste en face de moi.

"Tu es belle aussi, à ta propre manière," dit il.

Je lui souris et il retourne à sa place avant de se concentrer à nouveau sur sa lecture.
Et le silence s'installe à nouveau entre nous, sans que cela ne soit gênant.
C'est ce que j'aime avec Finn. Nous n'avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre. Un regard, un sourire, une esquisse de grimace suffisent.          
Je l'aime.
Et j'aime sa manière d'être avec moi. J'aime son charisme, sa puissance dissimulée, sa force. J'aime sa personnalité, sa douceur, son honnêteté. J'aime la confiance que j'ai en lui et ce profond respect qu'il semble avoir pour moi. Et je tente de vivre l'instant comme il se présente. Avec lui. Et je sais que les aveux que je lui ai fais sur ma mère, mon père, ma vie en générale, ne changent rien pour lui. J'aime être avec lui. Il est le seul auprès de qui j'arrive à me sentir bien. Libre. Moi-même. En sécurité. Heureuse.
Et pourtant, je sais qu'il est en constant danger avec moi. Je n'ose imaginer ce que mon père ferait si il savait.
Mais Finn est têtu. Il n'abandonne pas. Il ne m'abandonne pas.

Je relève à nouveau les yeux. Les siens sont fermés et il semble somnolant. Nous avons répété la pièce de théâtre tout l'après-midi et il est bientôt six heures. L'obscurité se dresse dehors, le mois de décembre approchant à grand pas, les jours étant de plus en plus courts. Alors je me lève, sans aucun bruit, et sort de sa chambre sur la pointe des pieds. Je descends les escaliers et croise Mary en bas, qui est en train de préparer le dîner. Elle m'interpelle et je la rejoins donc dans la cuisine.

"-Finn est resté en haut ? Il te raccompagne toujours d'ordinaire, dit-elle en cassant un œuf dans sa préparation.

-Il s'est endormi. Nous avons beaucoup travaillé alors il devait être fatigué. Je n'ai pas voulu le réveiller, je réponds en la regardant faire.

-C'est gentil de ta part. Est ce que tu veux rester pour le dîner ? Je prépare une recette familiale, tu m'en diras des nouvelles !

-Oh, je vous remercie mais je ne peux pas. Mon père ne va pas tarder à rentrer du travail et je dois préparer le repas pour nous deux.