Heal me • Finn Wolfhard

Chapitre 23

Nous arrivons, après une vingtaine de minutes de marche dans les rues du centre ville, devant une petite épicerie éclairée par sa devanture.
A côté des portes automatiques de l'entrée du magasin, il y a un groupe d'environ 2-3 hommes, discutant et fumant, chacun une bouteille de bière dans la main. Finn et moi nous lançons un regard. Nous ne sommes pas encore majeures, ainsi, nous n'avons pas le droit d'acheter légalement de l'alcool. Finn se tourne vers moi.

"-J'ai 20$ sur moi, ça devrait suffire pour au moins une bouteille, qu'est-ce que tu en dis ?" demande t'il en sortant un billet de sa poche de veste qu'il a enfilé par dessus son costume bordeaux.

-Oui, mais comment va t'on acheter l'alcool ? je rétorque en fronçant les sourcils.

-T'en fais pas, suis moi."

Je ne dis rien et lui emboîte le pas alors qu'il s'approche du groupe d'adultes devant le magasin. Ceux-ci nous remarquent lorsque Finn tapote l'épaule de l'un des hommes, presqu'aussi grand que lui, une casquette verte recouvrant ses cheveux. L'homme se tourne vers Finn et lui sourit.

"Hey, excusez moi de vous déranger les gars, mon amie et moi nous rendons à une soirée, et il y a ce qu'on pourrait appeler un petit problème," dit-il en grattant l'arrière de sa nuque d'un air faussement gêné.

Le groupe se regarde et rit avant que l'homme que Finn a interpellé ne se retourne à nouveau vers lui.

"File moi ton billet gamin, je vais aller te l'acheter ta bouteille. Qu'est-ce que vous voulez comme alcool les jeunes ?"

Finn me lance un regard victorieux et tend son billet de 20 dollars à l'homme.

"-J'en sais rien, quelque chose de fort, mais pas trop non plus, répond-il, n'ayant probablement aucune idée de ce qu'il est en train de dire, visiblement novice à tout ça.

-Tout sauf du whisky s'il vous plaît, j'interviens.

-T'en fais pas ma petite, vous être trop jeunes pour boire du whisky," dit l'homme avant de donner sa bière à l'un de ses compères et de rentrer dans l'épicerie.

Les autres ne nous prêtent pas plus d'attention et se remettent à parler entre eux tandis que Finn se tourne vers moi, l'air intrigué.

"-Pourquoi pas le whisky ? demande t'il.

-C'est ce que boit majoritairement mon père," je répond en soutenant son regard.

Il saisit doucement ma main et acquiesce.
L'homme finit par ressortir quelques minutes plus tard de l'épicerie et nous tend une bouteille emballée dans un sachet de kraft brun.

"Allez les jeunes, passez une bonne soirée mais pas d'excès hein ?" dit-il en donnant le ticket de caisse ainsi que le reste de monnaie à Finn.

Nous hochons tout deux la tête avant de le remercier lui et son groupe d'amis et faisons demi-tour. Nous décidons de trouver un endroit tranquille, à l'abri des regards, où nous pourrons boire cette bouteille sans risquer d'être arrêtés ou dérangés.

Finn a toujours ma main dans la sienne et le simple fait de marcher à ses côtés dans la nuit me rend heureuse. A ce moment là, je ne pense pas à mon père, ni au fait qu'il va sûrement rentrer avant moi et peut être s'apercevoir de mon absence. Ou peut être montera t'il directement dans sa chambre pour dormir, bien trop assommé par l'alcool et il ne remarquera rien. Qu'importe, je n'ai pas envie de penser à lui à ce moment précis.

Au détour d'une rue, Finn m'interpelle et montre du doigt un square abandonné. Il n'y a personne. Nous nous lançons un regard et il pousse le petit portail en fer avant de me laisser passer. Je le remercie d'un mouvement de tête et m'aventure à l'intérieur du square, suivie par Finn qui referme doucement le grillage derrière lui. Le square n'est pas très grand, il s'agit simplement d'une parcelle de terrain relativement minime entourée par des buissons. Il y a seulement une table blanche en fer accompagnée de ses chaises, de la même couleur, ainsi qu'une balançoire et deux petites chevaux à bascule en bois.
Je m'assois sur une des deux chaises et dépose ma veste ainsi que mon sac sur la table, pour sortir mon téléphone et vérifier rapidement si je n'ai pas d'appels manqués de mon père, m'apercevant qu'il est près de huit heures du soir. Ce n'est pas le cas. J'en conclu donc qu'il s'est probablement endormi sans même remarquer mon absence, ce qui, ce soir, m'arrange.