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Elle observe le long écrin dans la main de Kader. Elle se lève à son tour avec le cœur qui bat à la chamade et croise le regard impénétrable du sorcier.

— Vous n'étiez pas obligé, Kader...

Il tend la boîte bleue et la blonde prend. Elle découvre alors un beau collier en or massif. Son regard ne s'attarde pas sur la pierre précieuse comme pendentif.

— Vous l'aimez ? s'inquiète Kader.

Lahna relève sa tête et lui sourit, émue.

— Il est magnifique. Je vous remercie infiniment.

Kader lui prend le collier et se met derrière elle. Les joues de la sorcière prennent une couleur rouge et elle fronce ses sourcils.

— Laissez-moi le mettre autour de votre cou.

Elle sent son corps si proche d'elle. Leur corps se frôlent dangereusement et cela fait imaginer Kader des scènes salaces. Prise d'un mutisme, Lahna dégage ses cheveux qui couvraient son cou et ferme les yeux fermement quand les doigts du sorcier touchent cette zone fragile.

Kader recule vivement tandis que Lahna touche délicatement son collier en reprenant peu à peu sa respiration.

— Ce collier n'est pas un simple collier, annonce-t-il froidement.

Elle se retourne et observe son changement d'humeur avec agacement.

— C'est quoi alors ? Un GPS, au cas où je m'en irai de votre palais ? dit-elle avec sarcasme.

Le visage de Kader se rembrunit de plus en plus.

— Non, il vous servira pour contrôler vos pouvoirs. C'est-à-dire vos petites crises ne seront plus nocives.

— Oh...alors si je me dispute encore avec ma mère, les vitres ne se casseront plus ?

Kader secoue sa tête.

Leur regard s'accrochent pendant de longues secondes comme si l'un et l'autre essaie de sonder l'âme. Elle sent une chaleur au creux de sa poitrine et c'est elle qui décide de rompre de contact.

— Je vais y aller à la bibliothèque, annonce-t-elle rapidement avant de s'éclipser.

Assise ici depuis une heure, elle réfléchit au comportement mystérieux du Grand Sorcier. Il est comme l'ombre et à la lumière. En une fraction de seconde, il peut changer de mine, de ton. Parfois il se montre chaleureux et bienveillant, et souvent, il était sec, froid et tellement indésirable dans sa façon de parler.

Lahna touche son pendentif en sentant comme un poids en trop pour Kader. Elle essaie de se faire une place ici, mais elle a nettement l'impression d'être la sorcière qu'on doit éliminer sur cette surface du globe. Les regards des personnels lui font bien prouver que sa présence est importunante.

Et puis, qui aimerait la fille d'un fou allié ? se demande-t-elle avec ironie.

Elle chasse ses mauvaises pensées, et feuillette les pages d'un grimoire avant de le fermer complètement.

— Et dire que je serai toute seule pour la fête des Mages, marmonne-t-elle en rangeant le grimoire sur son étagère.

— Vous ne serez pas toute seule.

Elle sursaute et croise le regard bleuâtre de Kader.

— Vous serez avec moi pour la fête des Mages, continue-t-il sérieusement.

Elle hausse un sourcil. Fêter la fête des Mages avec un sorcier qui change d'état d'âme, ne l'enchante guère.

— Nous rejoindrons  mon coven ce jour-là, vous serez obligé de venir.

Elle rigole doucement.

— Avec votre Coven ? Finalement, je préfère de broyer du noir dans ma chambre, réplique-t-elle en le contournant.

Soudain, elle retouche son nouveau collier avant qu'une idée passe dans sa tête. Elle a désormais ce collier qui contrôle son pouvoir, elle peut enfin partir en douce du palais. Lahna n'a jamais eu l'intention de rester ici pour le restant de ces jours. Après avoir réussi à contrôler ses pouvoirs, elle a l'intention d'aller en Jordanie pour tuer une fois pour toutes les sœurs sataniques, récupérer son familier et ses deux amies.

— Je ne vous laisserai pas seule ici, Lahna. Pourquoi ? Vous avez eu l'intention de fuir ? gronde Kader en la tenant par son poignet.

Elle tressaille et grince ses dents en mirant d'un mauvais regard ces grands doigts sur son épiderme.

— Doux Satan, siffle-t-elle. Je vous retourne la question : pourquoi je suis ici ? Et ne me mentez pas.

— Pour vous aider, réplique-t-il froidement.

— M'aider ? Je ne sais pas ce qu'il se passe au-dessus de ma tête, mais c'est tout sauf aider ! Vous voulez peut-être me livrer au Conseil.

Kader sent une chaleur oppressante monter en lui comme un volcan qui s'apprête à exploser.

— Comment pouvez-vous penser cela de moi ? Je ne suis pas un traite ! se défend-t-il. Je vous conseille vivement de changer de ton avec moi, Lahna.

Elle hausse un sourcil pour lui montrer qu'elle ne pliera pas devant lui. La preuve... D'un geste avec sa main et en usant de sa magie, elle fait tomber toutes les étagères une par une, comme des dominos.

Kader observe les livres jonchés au sol avant de fixer méchamment Lahna, qui elle, a un sourire provocateur sur les lèvres.

— Je pourrai partir à tout moment, Kader. Vous n'êtes qu'une étape importante dans mon parcours, mais je partirai d'ici bientôt pour exécuter mon plan, crache-t-elle avant de tourner ses talons.

Le sorcier reste figer au milieu de ces livres, l'esprit surchauffant. Quel est le plan de Lahna ? Il calme sa colère et ramasse un objet au sol que la sorcière a fait tomber.

– Tellement insouciante qu'elle a oublié de ramasser sa boucle d'oreille, persifle-t-il, les dents serrées.

La Captive De Kader Where stories live. Discover now