La Captive De Kader

23

— C'est un honneur de rencontrer la fille du sorcier le plus fou sur Terre, s'exclame Freya en tendant sa main dans la direction de Lahna.

Celle-ci serre son couteau en toisant d'un mauvais œil Freya. Une question passe dans sa tête actuellement : est-elle aussi un démon ?

Lahna, les mâchoires contractées, la contourne et pointe son couteau dans la direction de Kader. Celui-ci observe la sorcière avec incompréhension. Le visage de Lahna est totalement indifférent tandis que son regard est... éteint.

— J'ai besoin de vous parler Grand Sorcier, dit-elle d'une voix neutre. Ce soir, je vous attendrai à côté de vos appartements.

— Vous allez bien, Lahna ? demande-t-il anxieux.

— Plus que bien, siffle-t-elle avant de tourner les talons.

Elle foudroie du regard Freya avant de se volatiliser. Quand celle-ci ferme la porte, Freya s'approche de son cousin avec les sourcils haussés.

— Alors c'est elle la femme qui fait chavirer ton cœur ?

— Ne la juge pas tout de suite. Lahna n'est pas très sociable avec les gens qu'elle ne connaît pas, répond Kader gêné. De plus tu l'as froissé, elle n'aime pas être associée avec son père.

Freya lève son regard et regard la carte disposée sur le bureau.

— Enfin bref, revenons à notre carte. Donc j'ai parti aux endroits où nos chers cousins pourraient se téléporter, mais je n'ai senti aucune force surnaturelle. Peut-être tu t'es fais d'autres ennemis...

Kader boit d'un seul traite son bourbon.

— Un ennemi qui sait ma vraie nature ? Ne sois pas si bête Freya, notre famille veut ma tête. Seuls nos oncles, mon père et ton père savent qu'on est vulnérable contre le fer forgé des Enfers !

Il se retourne avec colère vers la fenêtre et explose son verre dans sa main. La douleur lui fait grincer les dents mais sa blessure se cicatrise en deux secondes.

Cela fait des semaines qu'il reçoit des menaces d'une personne de l'extérieur, mais jusqu'à aller pénétrer dans son palais, il l'ignorait. La personne peut être sans doute autour de lui, peut être une personne qu'il voit tous les jours. Kader ne dort plus depuis qu'il a reçu sa deuxième menace.

— Tu n'as pas pensé que c'est sûrement... enfin tu vois, fait Freya, gênée.

Interloqué, il se retourne.

— Qui ?

Freya évite son regard.

— La fille du fou...

— Lahna ? Quand même pas ! Elle n'est pas comme son père...

Puis un flashback lui passe dans tête. Il se rappelle un jour, Lahna lui a demandé comment évoqué un démon.

Confus, il regarde sa cousine.

— Non, ça ne peut pas être elle. Lahna est différente de son père.

— Elle sait qui tu es, au moins ?

Le sorcier pince ses lèvres.

— Non, elle ne sait pas que je suis le cher Prince des Enfers évadé.

Tard dans le soir, Lahna marche discrètement dans l'aile de Kader. Elle s'arrête devant sa porte et souffle longuement pour dissiper son stress. Elle sort la dague cachée dans sa veste avant d'entrer dans la pièce. Kader n'est pas encore arrivé.

À cette instant même, elle voudrai- pleurer. Kader lui a-t-il menti sur sa nature ?

Elle comprend mieux pourquoi il ne voulait jamais parler de lui. Dès que Lahna lui demandait sur son enfance, il se refermait et esquivait à chaque fois la discussion.

Elle se mord les lèvres pour refouler les larmes et cache la dague dans sa veste.

— Tu peux encore renoncer Lahna, se dit-elle à elle-même en faisant les cents pas.

Renoncer ou continuer ?

Elle observe son reflet dans l'immense miroir et ce qu'elle voit actuellement lui déchire l'âme. Le regard éteint, la peau morne et les cheveux qui ont pris une couleur presque blanche. Comme si ce secret qu'elle a découvert lui a terni son aspect.

Elle entend la porte grincer et rapidement elle se retourne, le coeur battant la chamade.

Elle voit Kader en face d'elle et l'envie de tout arrêter et pleurer est présente.

— Lahna, je ne pensais pas que...

— En fait, ce que j'ai a dire est important, coupe-t-elle brusquement avec un sourire crispé. Alors je me suis autorisé d'entrer dans vos appartements, je viens tout juste d'arriver.

— Comment cela se fait que les gardes ne vous aient pas vu ?

Elle rit nerveusement.

— Je suis la pro en discrétion.

Le regard cobalt de Kader lui perturbe et c'est pour cela qu'elle s'approche lentement de lui. Kader fronce ses sourcils devant le comportement étrange de la sorcière. Celle-ci touche délicatement sa joue avec ses doigts fins et une chaleur naît entre ses reins. Lahna essaie de résister à ces sentiments qui lui perturbent l'esprit. Elle tente de rester neutre en touchant la joue rasée de Kader.

— Ce que je voulais dire c'est ça...

Elle se met sur ses pointes de pieds et presse ses lèvres contre celles de Kader. Pour Kader, c'est une explosion de sentiments uniques. Pour lui, les lèvres de Lahna sont exquises, parfaites et enivrantes. Rare fois lorsqu'il embrassait une femme, il fermait les yeux, mais avec elle, il veut savourer ce moment avec les yeux fermés. Lahna mouve ses lèvres avec un goût amer et avec les yeux ouverts. Les mains tremblantes, elle prend le couteau dissimulé dans sa main et d'un geste brusque, elle le plante dans le cœur de Kader.

Surpris par la douleur, il recule les mains sur la dague et fixe avec effroi la sorcière.

— Lahna... que...

— Je devais le faire, dit-elle d'une voix neutre.

Le corps sans vie de Kader s'écroule au sol et Lahna observe avec haine le sang obscur qui se répand sur les dalles.

— Je devais le faire Zathrian, chuchote-t-elle avant de se diriger vers la fenêtre.