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Le soir après le souper, tout le monde est réuni près de la cheminée en racontant quelques anecdotes de leur enfance. Seule Lahna est près de la fenêtre et observe impassiblement la pluie de flocons de neige qui décorent le jardin royal. La seule chose qu'elle veut actuellement est de retourner en Égypte et d'être loin de sa famille.

— Qu'est-ce que vous pensez ? demande Kader en s'accostant à côté d'elle.

Elle quitte la magnifique vue du jardin pour regarder le sorcier et lui sourit.

— Je vous connais un peu mieux, et je sais déjà que vous avez lu dans mes pensées, répond-t-elle en rigolant un peu.

Un sourire apparaît sur les lèvres pulpeuses de Kader.

— Vous voulez, peut-être, sortir en dehors du château ?

Elle se redresse, les sourcils froncés.

— Je voudrais bien, mais si ma mère le sait elle...

— Elle ne dira rien puisqu'elle ne connaîtra rien sur notre escapade, coupe-t-il rapidement.

Une demi-heure plus tard, ils marchent lentement sur le bitume du centre ville. Personne ne parle mais cela ne leur gêne pas. C'est un silence apaisant et calme. Ils écoutent seulement les feuilles des arbres qui dansent entre eux à cause du vent. Pour Lahna, c'est la première fois qu'elle a ce genre de privilège de visiter la ville où elle demeurait depuis presque dix ans. Le jour où elle a débarqué subitement au palais, elle n'a pas eu le temps d'observer le paysage. Elle voulait simplement retrouver sa mère, et ce retrouvaille ne fut qu'un simple et terrible échec.

Elle tourne sa tête dans la direction de Kader et voit celui-ci marcher en appréciant la brise fraîche contre son visage.

— Kader, parlez-moi un peu de vous, dit-elle soudainement. Je remarque que je ne connais rien sur vous, ni votre jour d'anniversaire, ni vos parents.

Le sorcier s'arrête et ancre soudainement son regard dans celui de la sorcière.

— Pourquoi vous voulez savoir ? crache-t-il sèchement.

Son ton surprend la blonde.

– Quoi ? C'est pas comme si j'ai demandé la recette pour évoquer le démon leplus puissant des Enfers, ironise-t-elle en levant les yeux au ciel. Vous savez tout sur moi, pourquoi je n'ai pas le droit de savoir un peu sur vous...

– Parce que cela ne vous concerne pas, hache-t-il brusquement. Lahna si j'étais vous, restez à votre place...

— OK, j'ai compris ! Vous êtes insociable et ça je le savais depuis le début, s'emporte-t-elle. Mais vous savez quoi, j'en ai marre de vos changements d'humeurs ! J'ai l'impression que c'est moi le sujet de vos problèmes.

Kader fronce ses sourcils.

— Ne dites pas de bêtises, gronde-t-il en la foudroyant du regard.

Elle ignore.

— Mais ne vous inquiétez pas ! Dans quelques semaines je partirai de votre palace, j'irai en Jordanie pour buter ces salopes de sœurs sataniques et libérer mes amies et ensuite je rejoindrai mon père aux Enfers, près du Diable.

Elle ne lui laisse pas le temps de répliquer le moindre mot, elle accélère sa marche pour retourner au palais. Comment peut-il être mystérieux ? Pourquoi change-t-il de comportement ? Qu'est-ce qu'il ne va pas avec lui ?

Kader observe la silhouette de la sorcière disparaître dans l'obscurité avec un goût amer dans la bouche. Quelle femme culottée ! Il décide d'aller à sa poursuite en pestant des mots en arabes dans sa barbe.

Qui croyait un jour qu'il courra derrière une femme ?

Cette idée lui rend furax mais tente toujours de rattraper la sorcière.

Lahna, ruminée, ignore les avertissements de Kader. Mais tête en l'air, elle ne voit pas où elle pose les pieds...

Ses pieds glissent contre le sol et la fait perdre l'équilibre. Son corps se penche en arrière rapidement et alors qu'elle attendait avec peur la chute, deux grands bras la rattrape juste à temps. Elle ouvre grands ses yeux, effrayée, et découvre la tête de Kader au-dessus d'elle.

— Co... comment vous... vous avez déplacer si vite ? bredouille-t-elle encore sous le choc.

— Vous êtes juste lente, répond-il d'un ton calme.

Leur proximité gêne Lahna et elle se dégage rapidement entre ses bras et redresse ses cheveux blonds.

— Vous... vous êtes un menteur ! Vous étiez si loin pourtant, conteste-t-elle en croisant ses bras contre sa poitrine.

Ce geste fait bomber sa poitrine dans son débardeur et Kader s'interdit mentalement de ne point baisser le regard.

— Ou soit vous pouvez tout simplement me remercier, dit-il avec agacement. Et puis regardez où vous allez, vous avez marché sur du verglas.

Alors qu'elle s'apprête donc de rétorquer, un flèche siffle dans l'air avant de se planter dans l'arbre juste à côté d'eux. Sur le vif, Kader prend Lahna et la met derrière lui.

— Qui est-ce ? demande-t-elle en se décalant à côté de lui.

— Des personnes que nous devons éviter à tout prix, siffle-t-il entre les dents. Retournons vite au palais.

Il enlace ses doigts avec ceux de la sorcière mais trois ombres leur barrent la route... 

La Captive De Kader Où les histoires vivent. Découvrez maintenant