Psycho needs help

6 - Psycho doesn't like science

      Tous ensemble, toute cette petite bande d'idiots que nous formons, nous retournons vers le lycée, avec l'impression désagréable d'avoir un boulet au pied. Surtout que là, j'ai SVT... Je déteste les SVT... J'adore la Physique et la Chimie, mais les Sciences Naturelles... Les animaux, les plantes ou la Terre, très peu pour moi...

       Après avoir fait un détour par les casiers, Lemon et moi rentrons dans la salle 323.

« Aujourd'hui, vous allez travailler par binômes !

Les réactions joyeuses fusent dans la classe.

- On se met avec qui on veut ?

- Oui. Mais il faut que le niveau sonore reste bas. Et Tedd, tu parleras moins fort la prochaine fois, et en levant la main s'il te plaît.

Il grogne puis acquiesce. Je me mors la lèvre, à l'endroit même où je m'étais créé un aphte. Je sais que je me crée des aphtes si énormes que si je me regarde dans un miroir je peux voir une partie de ma lèvre qui est plus grosse et enflée que l'autre. Je me suis toujours demandé si ça se sentirait si j'embrassais un garçon.

J'en ai déjà embrassé un, une fois. Et bien c'était très déplaisant. Pourquoi ? Je ne pouvais pas arrêter de penser au fait que mes lèvres étaient défoncées, gercées, ensanglantées. Je me disais qu'il sentirait mes aphtes, même s'ils étaient internes et que l'on s'est seulement touché les lèvres.
Alors j'appréhende d'embrasser quelqu'un d'autre, un jour.

Mais ça ne risque pas d'arriver, dis-je entre mes dents.

Je me retourne. Putain !... Qu'est-ce que je foutais à rêvasser ?... Presque tous les groupes sont faits à présent !... Je cherche Lemon du regard. Je le trouve, riant avec Jules De Cour. Quel lâcheur.

« Miri !

Je regarde mon interlocuteur. C'est encore Sasha et sa belle peau caramel. Comment est-ce possible d'avoir une peau si lisse est sans imperfection ?... Il s'avance vers moi en souriant.

- Ça te dit qu'on se mette ensemble ?

- Hum ?

- Pour le TP !
(TP est l'abréviation pour Travaux Pratiques)

- Oh, oui... Hum.

Je hoche la tête, et il rit.

- Tu rêvais à quoi, pour être si déconnectée et déconcentrée ?...

Je détourne les yeux, et réponds sèchement :

- Rien.

Il ne semble pas savoir quoi répondre. D'accord, j'ai peut-être été un peu trop agressive...

- Excuse-moi... Je n'ai pas envie d'en parler...

- Ce n'est pas grave. Mais saches que tu peux toujours m'en parler si tu en as besoin.

Intérieurement, je lève les yeux au ciel. Ce dont j'ai besoin, c'est sûrement d'une thérapie. Mais je ne demanderais certainement pas à mes parents de me prendre rendez-vous chez un psy. Je respecte les psychologues, et leur travail est admirable mais... Pas pour moi...

Vous voyez, c'est comme si je vous demandais : « Si vous étiez en couple avec quelqu'un que vous aimez vraiment, et qu'il vous avoue avoir un cancer en phase terminale, le quitteriez-vous ? ». Vous allez sûrement répondre « non ». Mais confrontés à la réelle situation, les gens changent.
« C'est trop à supporter. »
« Tu guériras sans doute mieux sans avoir à te préoccuper de moi. »
« Je ne peux pas avoir tant de responsabilités. »