24 - Can a psycho hold hands ?

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     Après que nous ayons mangé, et que Maeha ait installé un matelas pour moi dans la chambre de Sasha malgré notre opposition, elle nous souhaite bonne nuit et va elle-même se coucher.

« Je vais me mettre en pyjama...

Je hoche la tête, et il sort de la pièce. Délicatement, j'ouvre la porte-fenêtre de sa chambre qui mène à un petit balcon couvert et m'y assois, pour regarder tomber la pluie. Quelques fois, c'est un éclair qui fend le ciel, et même si je sursaute à chaque fois, je trouve ça magnifique.

Je regarde la pluie tomber, en en profitant pour faire tomber quelques larmes.

Il faudrait que j'aille voir un psychologue ?... J'ai besoin d'aller mieux...

C'est éprouvant de se sentir visée quand on parle de folie, de maladie ou de troubles compulsifs. C'est vraiment... Mauvais pour le mental.

Savoir que je suis étiquetée comme une « malade mentale »... Ça me fait mal... Ça me fait sincèrement mal... Ça me fait encore plus mal que mes doigts blessés, que mes lèvres ensanglantées ou que mon corps couvert de cicatrices.

Ce genre de choses, on croit que ça n'arrive qu'aux autres. Que ça n'arrive que dans les films.

« Devenir une malade mentale et développer un trouble obsessionnel compulsif... »

On dirait juste un synopsis de film. Pas le résumé d'une vie.

Mais la pluie est belle, ce soir. Même si l'air est glacé, le bruit des gouttes qui tombent sur le sol et la terre me relaxe. Comme si d'un coup, il pouvait effacer tous mes problèmes. Même si malheureusement, ce n'est qu'un subterfuge.

Quand je me lèverais et que je rentrerais, la réalité me frappera au visage d'une claque si gigantesque que je m'en évanouirai.

J'aimerais rester ici pour toujours.

Regarder les étoiles et la pluie, les éclairs parcourir l'immensité bleu nuit, et entendre le tonnerre me surprendre à chaque fois.

Mais c'est impossible. Je ne peux pas fuir. Où que j'aille, elle me suivra. Elle me suivra et me traquera jusqu'à broyer mes os.

La dermatillomanie.

Je sens quelque chose se poser sur mes épaules. Je me retourne, et aperçois Sasha, qui s'assoit à côté de moi après m'avoir entourée d'un sweat-shirt, qui lui appartient probablement.

- Merci.

Il se met à regarder le ciel.

- Il fait un peu froid pour un tahitien comme moi, mais j'aime bien le ciel. Je l'adore même.

- C'est réconfortant de se dire que tous nos problèmes ne sont rien face à la grandeur de notre ciel.

Il pose sa main sur la mienne, et me l'attrape, en souriant tendrement.

Je veux bien qu'il me prenne la main. Mais...

Il va le sentir. Sentir le manque de peau au bout de mes doigts. Je ne veux pas lui montrer cette face pitoyable de moi. C'est compréhensible non ?... Quand quelqu'un nous plait, on a envie de faire le maximum pour lui plaire aussi ?... Mais malheureusement... Il va sentir mes peaux.

Et je vais devoir tout lui expliquer.

Avouer que je suis différente. Que je suis malade. Que je suis rongée. Mais je ne veux pas qu'il le sache.

Mais j'aime bien lui tenir la main... Ça a l'air... Vraiment bien...

Mais ça ne... Ça n'est pas... Ce n'est pas normal de tant se poser de questions juste pour une main... Il ne m'a même pas embrassée !... Il a juste posé sa main sur la mienne...

Psycho needs helpWhere stories live. Discover now