Chapitre XVII : Retour aux sources

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     Le jet venait d'atterrir dans un champ à l'écart du village, comme l'avait indiqué Celeste à son pilote visiblement à contre-cœur

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     Le jet venait d'atterrir dans un champ à l'écart du village, comme l'avait indiqué Celeste à son pilote visiblement à contre-cœur. En survolant Battle Creek, Bucky avait pu constater que la petite agglomération faisait partie de celles qui avaient été pratiquement totalement désertées, bientôt six ans plus tôt. Il n'y avait plus qu'à espérer que l'homme auquel ils étaient venus se confronter n'ait pas lui aussi quitté sa campagne isolée pour la qualité de vie légèrement supérieure que dispensait la ville. Ou encore qu'il ait simplement quitté le monde des vivants.

     La fin du court trajet s'était déroulée dans un silence des plus polaires et Celeste se libéra même sèchement de l'emprise de Bucky malgré sa jambe blessée lorsqu'il voulut l'aider à descendre du jet. Il ne lui en tiendrait pas rigueur, revenir en ces lieux ne devaient pas être simple pour elle. Tous deux s'étaient donc extirpés de leurs sièges respectifs, avaient parcouru à pied la petite centaine de mètres qui séparait leur point de chute de leur objectif et à présent, faisaient face à une maisonnette qui, fut un temps, avait dû être chaleureuse : en témoignaient ses rideaux défraichis, la vieille balançoire au fond de la cour ou même cette cabane suspendue entre les branches d'un vénérable chêne. Dans le jardin s'épanouissaient à leur guise ronces, orties, chardons et autres mauvaises herbes comme autant d'horreur qui avaient pu régner en ces lieux. Y avait-il réellement quelqu'un d'assez esseulé de par le monde pour s'accrocher à un tel taudis ?

     C'était étrange, l'impression que dégageait cette maison ; comme si par le passé, elle avait été trop proprette, trop parfaite pour que tout ce qui s'y déroule soit normal. Comme lorsqu'au premier abord quelqu'un nous parait trop bon pour être honnête.

     Les deux intrus se dirigèrent vers le portillon enduit de rouille de la demeure, comme si une décennie s'était écoulée sans que personne ne soit là pour le pousser et remonter l'allée gravillonnée et venir toquer à la porte d'entrée. Devant le garage, une vieille Chevrolet semblait avoir subi toutes les intempéries que pouvait lui infliger le Nebraska de plein fouet, sans que quiconque ne se soucie de son triste sort. A quelques pas de lui, Bucky vit Celeste jeter au passage un coup d'œil vif au nom inscrit sur la boîte aux lettres, s'assurant de l'identité de l'heureux propriétaire des lieux. Satisfaite, elle reprit son chemin.

     Famille Franciosi

     Bucky secoua la tête, chassant les interrogations qui pouvaient s'y loger et emboîta le pas à la jeune femme qu'il accompagnait. Pas de questions, il avait promis. Même si l'idée de taper « Franciosi » sur internet lui semblait soudain terriblement tentante... Il avait beau ne pas être un champion en la matière, il savait qu'il aurait pu le faire. Après tout, comment aurait-elle pu le savoir ? Il pouvait se contenter d'apaiser sa propre curiosité sans jamais chercher à la harceler de questions, pas vrai ? Peut-être en aurait-il enfin su un peu plus sur les fameux ennemis qu'elle paraissait craindre plus que tout... Plongé dans ses pensées qu'il était, Bucky manqua de percuter Celeste qui s'était stoppée net sans prévenir en travers du chemin.

𝙳𝚎 𝚕'𝚊𝚞𝚝𝚛𝚎 𝚌𝚘̂𝚝𝚎́ 𝚍𝚞 𝚖𝚒𝚛𝚘𝚒𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant