Sombrer

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On est lundi, le livreur vient de déposer les cartons avec les meubles pour ma chambre, et je traîne tant bien que mal vu mon état, les cartons jusque dans la pièce.
Mes côtes me tirent, et mon poignet me fait mal. Je suis censée être en cours, mais j'ai trop peur pour y retourner. En plus, je me suis aperçu que depuis que je n'y vais plus, je suis moins malade. Mes douleurs semblent s'apaiser depuis une semaine, et je me pose donc pas mal de questions. Les garçons travaillent tous les deux, alors je suis seule a la maison jusqu'à ce midi. J'en profite donc pour monter ma chambre et ranger la maison pour que ça prenne un peu plus de sens et qu'on puisse se débarrasser rapidement de tous nos cartons.
Le dernier colis, qui contient mon lit, est plus lourd que les autres, si bien que je galère pendant de longues minutes à le pousser dans les escaliers. Après un acharnement plutôt long, j'ai enfin tous monté en haut, il ne me reste plus qu'à.. assembler les meubles. Ma chambre se trouve tout au fond du couloir, en face de celle de Josh et à côté de celle de Tyler.
Je commence par mon bureau, et je poursuis avec le lit. Cette tâche s'avère beaucoup plus difficile, il me faut 2 bonnes heures pour en arriver à bout. Quand j'ai enfin fini, je le pousse à sa place et descend m'effondrer dans le canapé histoire de souffler 5 minutes.
Ma tête et mes côtes me font un mal de chien, mais je refuse de prendre les anti-douleurs que le médecin a prescrit. J'ai toujours détesté les cachets. En fait j'ai toujours détesté ce qui tourne autour du médical. J'étais souvent malade petite, mes parents laissaient trainer avant de m'emmener chez le docteur, si bien que j'avais des traitements plus longs à prendre, alors j'ai fini par haïr les médicaments.
Une fois que je me sens un peu plus énergique, je me lève et me met en quête d'une recette pour ce midi. Je décide de faire des pâtes à la carbonara, les garçons adorent ça ils seront contents.
Je mets de l'eau à bouillir et commence à découper les lardons. Alors que je lève les yeux vers la casserole, une ombre noire attire mon attention. Quand j'aperçois Blurryface en face de moi, je sursaute de surprise et me coupe la main avec mon couteau.

-LAISSE MOI TRANQUILLE SALE CONNARD !!! je hurle à Blurryface.
-Jamais. lâche-t-il avec un sourire glacial.

Je lâche le couteau et cours a la salle de bain. J'ouvre tant bien que mal la boîte de compresse avec ma main valide et compresse la coupure. Je me suis débrouillée pour me couper l'intérieur de la paume. J'entends le bruit de la porte d'entrée et une voix m'appelle.

-Je suis en haut ! Je cris alors que les larmes me gagnent.

J'ai l'impression de passer mon temps à pleurer ces derniers temps. Je pleure à tout bout de champs, au moindre problème. Tous les soirs dans mon lit, sous la douche, je pleure, je pleure et je pleure encore et encore.
La porte de la salle de bain s'ouvre et Tyler apparaît, me coupant dans mes pensées.

-Salut toi. je souris faiblement.
-Hey, qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? dit-il avec une lueur de panique dans les yeux.
-C'est rien t'inquiètes, je sais pas ce que j'ai fait mais je me suis coupée en coupant les lardons..
-Fais voir. dit-il en attrapant ma main.

Mon corps entier est parcouru de frissons lorsque nos mains entrent en contact. L'étrange sensation habituelle m'envahit et je rougis comme toujours. Je baisse la tête pour tenter de le camoufler, tandis que Tyler examine ma main sans avoir l'air de voir mon trouble.

-C'est pas joli joli tout ça. Laisse moi soigner ça !
-Je veux bien, merci beaucoup, seule c'est un peu dur.

Il me sourit et se lève pour prendre le nécessaire dans l'armoire. J'en profite pour sécher mes larmes. La présence de Tyler dans la pièce a stoppé mes sanglots, il a le don de m'apaiser juste en étant là. Il a quelque chose en lui de rassurant, quelque chose que je ne saurais pas expliquer.
Il revient et commence donc ses soins. Ses gestes sont sûrs et rapides, comme si il avait l'habitude de faire ça. Comme si il avait l'habitude de penser des coupures. Est-ce que lui aussi se fait du mal comme je le fais ?
Il soulève les compresses et désinfecte la coupure qui saigne encore. Il pose ensuite quatre compresses propres sur la plaie et attrape une bande. Il commence à l'enrouler délicatement autour de ma main puis de mon poignet, et quand il a fini, il découpe un morceau de sparadrap et colle le bout solidement.

-Et voilà !
-Merci Ty ! On dirait que t'as fais ça toute ta vie.

Il me regarde alors d'un drôle de manière, et je lui embrasse la joue pour le remercier. Je réalise soudain que j'ai laissé l'eau à bouillir sur le feu alors je quitte la salle de bain en trombe.
J'arrive à temps pour baisser le feu et rajouter les pâtes dans l'eau.

-Il était moins une ! je cris à l'intention de Tyler.
-Je vois ça. réponds ce dernier en entrant dans la cuisine. Je vais m'en occuper vas, tu vas galérer en ayant une main en attelle et l'autre enroulée dans un bandage !

Je rigole et le remercie encore une fois, tout de même déçue que ma surprise soit gâchée à cause de Blurryface. Je file m'étaler à nouveau sur le canapé et décide de mettre de la musique, ce que Tyler accepte avec joie. Il se trémousse derrière les fourneaux, me faisant rire aux éclats.
Alors que je contemple le plafond, écoutant Tyler fredonner les paroles d'une chanson, une voix froide murmure dans mon oreille, m'arrachant un sursaut.

-Il ne t'aime pas, il ne t'aimera jamais, arrête d'espérer pauvre conne ! ricane Blurryface au creux de mon oreille.

Comprenant que ses paroles sont vraies, les larmes me montent aux yeux et je me tourne sur le côté pour me cacher de Tyler, qui continue de chanter dans la cuisine.

"Open the slits in your face and start your day
You don't have much time to make your slits look just right
I'm in your mind
I'm singing
I'm in your mind
I'm singing la-da la-da la-da la-da la-da la-da
Look in the mirror and ask your soul if you're alright
Put on the glitter that your soul hides behind
You're in my mind
I'm singing
You're in my mind
I'm singing la-da la-da la-da la-da la-da la-da
Know you were made holy
Open up your eyes and see
The clouds above will hold you
The clouds above will sing
And in your mind
You're singing la-da la-da la-da la-da la-da la-da-da"

Mes démonsWhere stories live. Discover now