Science

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Le réveil sonne, me tirant de mon cauchemar. Il est 6h, et j'ai choisi de retourner à l'université aujourd'hui, vendredi. Le vendredi est peu chargé, on a cours seulement le matin.
La seule chose qui me rassure, c'est le retour du professeur de sciences. C'est le seul prof sympa que j'ai. Il a une manière bien à lui de structurer ses cours. Ils sont légers, pleins d'humour et c'est une réelle bouffée d'oxygène dans tous ce programme chargé et lourd. C'est le seul prof qui prend le temps de connaître ses élèves. Et je le remercie pour ça, sans ses cours je me serais noyée depuis longtemps.
Seulement, il a été absent depuis la rentrée de janvier... Sans doute pour ça que je n'en pouvais plus.
C'est réconfortant de savoir qu'il revient aujourd'hui.
Je me lève et me dirige vers la salle de bain pour me débarbouiller rapidement.
Vu l'heure, les garçons dorment encore, alors je fais le moins de bruits possible. Je me brosse les dents, tout en ressassant mon cauchemar dans ma tête.
Tyler.. est-ce qu'il est vraiment à Dema ? Ou bien est-ce que c'est simplement le fruit de mon imagination ? Je sais qu'il va mal, mais, va-t-il mal à ce point là ?
Ces rêves là, ils paraissent si réels... J'ai toujours l'impression d'y être. Et je ne les aime pas vraiment, il y a toujours un sentiment de menace qui plane. J'ai peur d'avoir perdu Tyler, j'ai vraiment peur. Il m'a effrayé hier soir. Je crois que je lui ai fait du mal. Non, j'en suis sûre.
J'attache mes cheveux en un chignon légèrement bordélique vu le caractère rebelle de mes cheveux, puis retourne dans ma chambre.
J'enfile un vieux sweat à capuche avec un jean troué, ma paire de Doc, ma veste et un bonnet, attrape mon sac à dos et je sors.
J'enfile mon casque de scooter, qui passe difficilement à cause de mon chignon, grimpe sur le véhicule, démarre, et m'éloigne de la maison, seule, pour la première fois.
L'air frais du matin enveloppe mon corps, terminant de réveiller mon cerveau engourdi. Après une demi heure de trajet, j'arrive enfin devant l'université.
La peur me gagne lentement. Elle s'insinue d'abord dans mes veines, et se développe petit à petit, pour rejoindre mon cœur et finalement mon cerveau. Je vais me garer sur le parking prévu à cet effet, descend et retire mon casque.
Je tente de maîtriser ma respiration et d'ignorer le poids dans ma poitrine, ainsi que la douleur qui me tord doucement le ventre.
Je soupire un bon coup, et regarde l'heure. Il est 7h15, je suis en avance mais j'avais de la paperasse à remplir, pour justifier mon absence prolongée.

J'entre à l'intérieur du bâtiment, et c'est tout à coup comme si on venait de me poser sur le dos un sac de 50 kilos.
Je me sens lourde.
Je me sens faible.
Je me sens écrasée.
Je me sens vide.
Je me sens froide.
Je me sens broyée.
Je me sens malade.
La douleur s'intensifie, et le poids dans ma poitrine grandi un peu plus a chaque pas.
Un pied.
Puis l'autre.
Droite.
Gauche.
Droite.
Inspire.
Expire.
Gauche.
Expire.
Mes poumons se ratatinent. Je manque d'air, pourtant je dois continuer, j'ai promis a Josh que j'allais essayer.
J'arrive au secrétariat, respirant de manière irrégulière. Je tente de calmer ma respiration pour paraître normale, et frappe à la porte.

-Entrez, répond une voix féminine.
-Bonjour, dis-je en ouvrant la porte. Je viens pour justifier mon absence de ces dernières semaines.
-Vous êtes ?
-Heather Stanley.

Elle frappe quelque chose sur son clavier et scrute l'écran d'ordinateur. J'en profite pour l'observer. Elle paraît dans la vingtaine. Elle est plutôt jolie, son visage est fin, ses yeux verts contrastent avec ses boucles rousses, qui tombent sauvagement en cascade sur ses épaules. Elle relève les yeux vers moi.

-Effectivement, vous avez loupé deux semaines.
-Je.. j'ai été agressée lundi dernier, alors j'ai dû être hospitalisé, je suis ressortie rapidement mais j'ai été sujette de migraines plutôt violentes alors.. dis-je en essayant de garder ma respiration calme et de contenir mes sanglots.
-Oh, j'en suis désolée. Vous avez des justificatifs ?
-Euh, pour l'hospitalisation oui, j'ai ce papier du médecin.. je lui tend les papiers en question.
-Merci, dit-elle en souriant. J'espère que vous allez mieux.
-Oui merci.

Elle pianote encore sur le clavier, et me tend finalement un papier sorti de l'imprimante.

-Voilà, vous n'aurez qu'à donner ce document aux professeurs.
-Merci.. je chuchote en rangeant le papier dans mon sac.
-Vous êtes sûre que ça va ? demande-t-elle en haussant légèrement un sourcil.
-Oui oui je suis juste un peu fatiguée.

Je lui souhaite une bonne journée et quitte son bureau. Ma respiration ne s'est pas vraiment calmée, et comme il me reste encore un peu de temps à tuer avant le début des cours, je décide de prendre un thé et d'aller dehors.
En allant vers la machine, je passe devant le tableau d'informations. Je m'y arrête pour prendre note des mots et affiches épinglés sur le panneau, et jette un œil au tableau des profs absents. Et c'est avec une certaines peur que je constate que le professeur de sciences est noté absent.
Je devrais me réjouir puisque je n'aurais qu'une seule heure de cours, mais la seule pensée que la seule personne qui me motivait a revenir ici soit absente me rend nerveuse et mal.
Je me précipite à l'extérieur et inspire à grandes goulées l'air frais qui me heurte de plein fouet, contrastant avec la chaleur de l'intérieur.
Je reste quelques minutes à calmer la crise, jusqu'à la sonnerie annonçant le retour au cauchemar.
Sans entrain, je fais demi tour et vais en cours d'histoire, un cours que je déteste plus que les autres.
Je m'asseois au fond de la salle, essayant vainement d'être invisible aux yeux des autres, mais lorsque Émilie entre à son tour, son regard se pose sur moi et j'y lis une haine immense, ainsi qu'une satisfaction, probablement dû au fait que je me tasse au fond de ma chaise.
Le cours débute, mais je ne parviens pas à rester attentive, je gribouille sur une feuille, et fini par tomber de fatigue , le visage dans mon cahier.
C'est la sonnerie, une heure plus tard, qui me tire brutalement de mon sommeil. Je m'empresse de ranger mes affaires et de rentrer à la maison.

Mes démonsWhere stories live. Discover now