JOUR 2 - Une âme en quête de vérité et de vengeance

1.2K 93 4
  • Dedicata a Chrsitian Jobin Landry
                                    

L'esprit de Marc-Alain est aspiré aussi soudainement que peut l'être une poussière dans un vacuum interstellaire. La nuit est alors effacée d'un seul trait de lumière et les oreilles sont assaillies par mille et un sons issus de partout autour de lui.

Il ouvre les yeux comme un animal traqué. D'abord, c'est le soleil qui le poignarde si sauvagement qu'il se sent aspiré par l'oreiller sous sa tête. Puis, il réalise, dans la fraction de seconde qui suit, qu'un groupe rock s'est installé dans la pièce qu'il ne reconnait pas.

Il grogne et ressent alors le mal de tête qui explique les cauchemars dans lesquels il tentait de se sauver depuis trop longtemps. Le tintamarre perd de son intensité au fur et à mesure qu'il se ramène l'esprit et le corps sur terre. C'est la radio qui joue cet air du temps, peut-être Lady Gaga ou une autre de ces vedettes étoilées qui brillent momentanément sur le firmament du show-business. Les chiffres qu'il distingue avec difficulté à travers le brouillard de son éveil indiquent qu'il est à peine sept heures du matin.

Puis, tout lui revient. Il est dans cette maison qu'il a squattée, sortant de son sommeil en espérant que toute cette histoire n'était qu'un cauchemar issu de son imagination trop fertile.

Il se souvient de tout, hélas, et l'haleine qui rejette l'air retenu tout au long de cette trop longue nuit lui donne la nausée.

« Je ne pourrai pas me lever. Je suis paralysé » se dit-il en remuant quand même ses jambes engourdies.

Il bâille trois fois de suite et étire ses membres. De petits craquements le rassurent et il se glisse prudemment hors du lit. La lumière, elle, demeure intense. Le soleil inonde la pièce.

Il appuie sur le bouton pour éteindre le tohu-bohu musical. Il se demande d'ailleurs qui ose passer de la musique en ce jour de deuil national. Même si la vie continue, cette offense au bon sens l'atteint. S'il n'était pas au cœur de cette tourmente, il appellerait la station de radio et leur servirait un discours qui les gênerait, mais il sait très bien qu'il n'en serait rien.

Il traîne ses pieds jusqu'à la salle de toilette et urine longuement sans faire vraiment attention au trajet de la chose qui inonde le plancher. Il s'en fout. Puis, il se dit qu'il ne peut pas faire ça et se réaligne, s'excusant à mi-mots devant l'invisible menace de réprimandes. Il éponge les dégâts et tire la chasse d'eau.

Il retrouve la cuisine comme il l'avait laissée quelques heures plus tôt. Il fouille dans le frigo et en extrait quelques tranches de pain qu'il place dans le grille-pain.

Il se sert une bonne portion de jus d'orange et cherche où se trouvent les cartouches de café qu'il repère dans une des armoires. Café noir au menu.

Il mange et boit le regard vissé dans le vide. Il n'est pas nécessaire de penser, à ce moment-ci. Il préfère ne pas se laisser plonger dans les suppositions d'un futur prochain.

Il fait la vaisselle et décide de prendre une douche pour se débarrasser de cette croûte de malheurs avant qu'elle ne revienne se coller à lui comme une matière aimantée. L'eau chaude l'enveloppe et il se laisse porter par ce plaisir fragile. Mais, c'est aussi sous le jet qu'il reprend le fil de ses idées. Les verres de vin aidant, il avait, la nuit passée, commencé à échafauder une approche qui pourrait le sortir de cette impasse. Et cette idée refait surface alors que les douleurs de la veille s'écoulent dans le fond de la baignoire avec l'eau souillée de sa crasse.

Il se frictionne le crâne d'un savon doux, humant la lavande. Il frotte son corps de la savonnette, savourant l'instant présent. Il ferme les robinets et compte les gouttes qui finissent de tomber. Il tire le rideau quand la prochaine goutte s'écrase après une seconde de silence.

Le déclencheurDove le storie prendono vita. Scoprilo ora