JOUR 2 - Après l'amour...

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  • Dedicated to Joumana Zeghaib
                                    

Il écoute sa respiration et se demande maintenant comme il va se dépêtrer de cette situation alambiquée. Tout était confus dans son esprit. D'abord décidé à trouver les auteurs de cette tuerie, il avait été confronté à la réalité à travers le prisme logique de Louanne. Puis, sans aucune autre explication, elle s'était mise dans la tête de se joindre à lui dans cette quête de l'impossible.

Il sait qu'il n'a pas d'autre choix que de se livrer.

La police et toutes les ressources des services d'expert en la matière feront certainement mieux que lui. Ce n'est pas parce que Louanne prépare une thèse sur un sujet aussi d'actualité que le terrorisme que ça fera d'elle une alliée pour atteindre son but. Et puis, toute cette histoire de sexe ne mènera à rien.

À ses yeux, elle est merveilleuse. Elle dégage une fraîcheur à travers sa folie, une ouverture d'esprit qui lui donne des ailes. Mais s'il doit faire face à la justice pour ses actes, leur histoire ne peut être qu'un passage à vide dans une tornade à la portée beaucoup plus vaste que ce qu'elle en a l'air et il ne peut la laisser s'y briser les ailes.

Il embrasse ses cheveux et ferme les yeux en humant le doux parfum qui en transpire.

« Comme je voudrais que toute cette folie soit derrière moi. Je pourrais l'aimer... » se dit-il en se prenant au jeu de ses émotions.

Il tente de se dégager, mais elle s'étire et le bras de la jeune fille se resserre contre lui.

« Reste encore un peu » dit-elle entre deux soupirs, comme si elle avait entendu les mots qui circulaient dans sa tête.

« Il faut que j'y aille, Louanne. Soyons réalistes... »

Elle grogne et s'étire comme le faisait la chatte de Marc-Alain après avoir paressé au soleil.

« Aller où? » dit-elle en se frottant un œil.

Elle se dresse sur le coussin de travers. Sa peau laiteuse brille sous les rayons paresseux de ce jour d'automne. Il la regarde s'étirer encore et la trouve belle, plus belle que Catherine. Il chasse cette idée qui fait monter le désir en lui comme le lointain printemps ramène la soif de vivre.

« Écoute, Louanne. Tu ne peux pas t'embarquer dans mes problèmes comme ça. Tu m'as ouvert les yeux, quand on s'est parlé tantôt. Tu m'as convaincu de la futilité de mes désirs de vengeance. Je comprends que tu t'es sentie happée par l'excitation de vivre une aventure avec moi, mais, tu sais très bien qu'au fond tout ça ne mènera à rien. On prendrait des risques inutiles et on ne sait rien sur ces terroristes. Alors, je préfère me livrer à la police et subir tous les interrogatoires qu'ils voudront, je m'en fous. »

Elle l'écoute en affichant un visage neutre. Puis, elle croise les bras sur sa poitrine en prenant un air moqueur.

Elle pousse un long soupir puis dit : « Tu sais, quand j'ai pris le cellulaire et que je suis sortie, j'avais l'intention de courir le plus loin possible pour ne pas que tu me rattrapes. Je voulais prendre le flambeau, faire ce que tu voulais faire et te laisser te démerder avec tes mille questions sans réponses. Tu aurais pu te livrer, sans le téléphone, et donner mon signalement et c'est moi qui serais devenue la nouvelle souris à attraper. Ça aurait pu marcher, mais je suis tombée face à face avec une voiture de police. On peut dire que c'est un drôle de signe du destin. Tu sais pourquoi ils étaient là, les flics? Quelqu'un t'a vu rentrer hier. Le voisin d'en face. Il n'en a pas dormi de la nuit. Il pensait avoir reconnu le gars qu'on recherche, le terroriste de la télé, pénétrer dans la maison en face de chez lui.

« Alors, il a appelé la police, mais seulement au petit matin, va savoir pourquoi vraiment. Donc, quand je suis sortie en courant avec le téléphone dans la main, ils étaient prêts à ameuter la cavalerie. Mais, je me suis approchée de l'automobile, avec mon sourire de nunuche professionnelle et j'ai parlé aux deux gars.

Le déclencheurWhere stories live. Discover now