JOUR 2 - La terreur d'un sabre

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  • Dedicated to Gaëtan Faubert
                                    

Il se réfugie dans la terreur. Il n'espère qu'une seule chose, c'est que les forces policières interviennent à temps, que ce massacre cesse au plus vite.

Il ignore combien de personnes sont mortes lors du premier attentat. Des centaines, assurément. Rien à voir avec les attaques spectaculaires du 11 septembre 2001, bien entendu, mais la douleur est la même, qu'il ait une seule innocente victime ou des milliers.

Combien de gens ont perdu la vie lorsque l'automobile qu'il conduisait s'est envolée dans une boule de feu? Il sait très bien que même si on le force à se faire sauter à son tour, le massacre continuera.

Il n'y a plus d'espoir pour l'humanité, à voir le rythme avec lequel ces attentats se reproduisent à travers le monde. Que peut-il faire, lui, qui n'est pas tout à fait innocent, pour enrayer le cycle, bousculer les plans de ces fanatiques qui ne croit pas en l'humain qui ne prie pas le même dieu que le leur? Il est découragé. Il en vient à souhaiter que l'on en finisse au plus tôt avec lui en lui plaçant une balle dans la tête.

Mais ces gens ne veulent pas commettre des meurtres. Ils désirent semer la terreur dans une terre qui est devenue, hélas, trop fertile à cause du laxisme des grandes puissances occidentales.

La voiture s'est arrêtée et on ouvre la portière. Il ne veut pas bouger bien qu'on le tire par la manche. Quelqu'un le bouscule et lui parle en arabe, mais il est à des milliards de kilomètres de là, l'esprit flottant dans un vide qui l'enveloppe d'une couche de désespoir aveuglante.

On le traîne sans ménagement. Il est porté à l'intérieur de ce qui semble être un grand garage ou un entrepôt, car il y a de l'écho. Une forte odeur d'essence monte à ses narines. Les deux hommes qui l'accompagnent discutent à voix haute et le ton ne cache pas leur exaspération. Il sent les marches glisser sous ses pieds alors que les mains qui ont empoigné ses bras serrent davantage afin d'éviter qu'il ne tombe.

Bientôt, on l'assoit sur une chaise droite de métal. On retire la cagoule. Il est dans un local presque vide. Dans un coin, il note une lampe torchère débranchée. Une partie du plancher est recouverte d'une bâche de plastique. Devant lui, il y a une autre chaise.

Tandis qu'un des hommes pointe le revolver vers lui, l'autre lui fait signe de se lever. On le fouille à tâtons. Les mains le touchent sans gêne, cherchant une arme ou un micro.

On lui retire ses souliers et sa ceinture. On regarde dans sa bouche. On fait descendre son pantalon et son caleçon. Il est forcé de se pencher vers l'avant. Il ferme les yeux, préparé à cette intrusion sordide qui ne se fait pas attendre. Il se demande si le paquet qu'il a ingurgité n'est pas déjà rendu à cet endroit.

Mais, il sent que le doigt de l'homme se retire et il remonte son pantalon tout en gardant son regard fixé sur le plancher. L'homme qui a fouillé son intimité passe son doigt sous le nez de Malvé en faisant un bruit de baiser. Il enlève le gant et le lui lance en riant.

L'autre homme prend la relève. Il lui tire ses bras vers l'arrière et il sent qu'on attache ses poignets à l'aide d'un collier de serrage en plastique. La douleur est intense alors qu'il serre au maximum. Il fait de même avec ses chevilles. Il lui tape les deux joues en souriant. Les mots qu'il lui adresse ne sont pas amicaux, il le sent très bien. Visiblement, ces hommes aimeraient bien lui faire la peau, mais ils ont d'autres instructions.

Ils quittent la pièce sans oublier de verrouiller les lieux. Le silence est écrasant. Seul le souffle de l'air chaud qui sort des trappes du plafond lui indique que la vie continue. Marc-Alain ne peut qu'attendre que son principal interlocuteur ne vienne lui parler de la suite des choses. Mais il tarde à venir.

La douleur devient insupportable au niveau des chevilles et des poignets. Il voudrait bien s'extirper de ces liens, mais plus il bouge, plus le plastique s'incruste dans la chair, déchirant la peau.

Le déclencheurWhere stories live. Discover now