JOUR 2 - Esquisse de plan

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  • Dedicated to Chrsitian Jobin Landry
                                    

Marc-Alain dépose le cellulaire sur la table et regarde les deux hommes.

« L'Oratoire St-Joseph, dit Rioux. Il ne manque pas d'imagination le terroriste. Pourquoi voudrait-il que tu te rendes là-bas plutôt que dans un stationnement de Tim Hortons ou d'un centre d'achats? »

Lavergne est toujours à son poste, à la fenêtre. Rioux lui demande de relaxer : « Il n'y a pas personne. L'arabe n'avait pas l'air de savoir si notre jeune ami était seul ou avec des amis. Il a été à la pêche et c'est tant mieux comme ça. »

« Ça ne me rassure pas pour cinq cennes » dit Lavergne en fermant le rideau.

« Moi, ça me dit qu'ils ne sont pas nombreux à jouer aux méchants » reprend Rioux en se servant encore de l'alcool.

Malvé s'empare de la bouteille et se verse une portion à son tour qu'il avale d'un trait.

« Il va falloir que je parte. Je me fous que ça soit dans un stationnement de presbytère ou de magasin. L'important, c'est que j'y aille sinon, ils vont la tuer, j'en suis certain. »

Lavergne rigole : « C'est le 'sinon' qui me fait rire, mon petit gars. Tu ne penses tout de même pas qu'ils vont la laisser partir avec un grand sourire et une claque sur les fesses? Tu es vraiment naïf de croire ça. Ces gars-là n'entendent pas à rire et protègent leurs arrières. Si la fille a vu les gars, elle sera capable de les identifier sans hésiter. »

Marc-Alain ravale sa salive. Il les regarde tous les deux et il attend une idée qui le rassurera, mais elle ne se manifeste pas. Il se lève à son tour et enfile son manteau.

« Attends, lance Rioux. Tu vas faire quoi, maintenant? Te jeter dans la gueule du loup? Tu es au courant que ces macaques ne veulent qu'une chose, hein? C'est que tu mettes une belle veste tricotée d'explosifs et que tu répètes l'exploit d'hier, mais en te sacrifiant pour une cause dont tu ne connais même pas le moindre détail. C'est quoi ton plan? Tu comptes entrer là et dire : 'OK, les boys, c'est fini, vous allez vous livrer à la police', demander la main de la petite connasse et finir tes jours soit comme un héros national ou traitre à l'humanité? »

« Rioux a raison. Il nous faut un plan et j'ai peut-être ce qu'il faut à la maison pour vous inspirer » dit Lavergne en enfilant son manteau à son tour.

Rioux s'exclame : « That's my boy! Tom m'a toujours surpris avec ses idées. Ça doit être pour ça que je suis encore en vie. »

Ils quittent la cabane de Rioux et reprennent le sentier vers la maison de Lavergne. La neige a cessé de tomber, mais l'air s'est refroidi et le vent se fait plus cinglant.

Le jour décline, étiolant la lumière pour céder la place aux ombres. La neige a déjà fondu sur le chemin devant la maison de leur hôte. La compagne de ce dernier s'éclipse à l'arrivée du trio. Elle se réfugie dans une des chambres en fermant doucement la porte derrière elle.

« Comment elle va? » demande Rioux à son ami.

« Disons qu'elle n'est pas encore prête. Tu le seras bien assez vite quand ça sera le cas » répond l'autre en leur faisant signe de le suivre dans les escaliers qui mènent au sous-sol.

Rioux fait un clin d'œil à Malvé : « Roxanne est ma fille. Et ne me regarde pas comme ça avec tes gros yeux, Ali Baba. Tom s'en est occupé pendant que je poireautais en dedans. Il dit que c'est sa blonde, mais Roxanne s'est toujours gardé une petite gêne avec lui. Disons qu'elle a un passé. »

Marc-Alain tapote son épaule d'une main alors qu'ils descendent dans ce qui apparaît être une salle de cinéma maison et d'exercice. Lavergne passe derrière le bar et se penche pour appuyer sous le comptoir. Un déclic se fait entendre et un panneau se détache du mur. Il l'entrouvre et des néons illuminent l'étroite pièce d'environ un mètre et demi sur quatre. Il y a là une panoplie d'armes automatiques et semi-automatiques qui ne doivent certainement pas faire partie d'aucun registre officiel.

Le déclencheurWhere stories live. Discover now