Prologue

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Harry

Je boucle mon sac, sans réfléchir. Depuis le début de la journée, mon téléphone ne cesse de vibrer sur ma table de chevet. J'hésite à l'abandonner là et à partir sans lui. Une chose est certaine, je ne dois pas regarder les appels manqués, ni lire les sms. Si je fais ça, je vais cogiter, hésiter et changer d'avis. Sauf que je ne peux pas. Je ne dois pas. J'ai besoin de ce break loin de tout et de tout le monde. C'est pour ça que j'hésite à prendre ce foutu téléphone... mais en même temps si j'ai un souci ou qu'il y a une urgence, je serais peut-être content de l'avoir avec moi !

Mon regard passe du cellulaire à mon sac et je finis par céder. Je l'attrape, l'éteins et le glisse au fond de la valise.

L'heure affichée sur ma pendule me prévient qu'il est temps de partir. Mon taxi doit déjà m'attendre en bas de chez moi. Je fais un tour sur moi-même pour vérifier que je n'ai rien oublié puis j'attrape mon backpack pour le glisser sur mon dos. Je récupère ma veste, mon petit sac avec mes papiers et je quitte ma chambre, puis mon appartement. Je dévale les escaliers avant d'ouvrir la porte de mon immeuble. Je souris en voyant mon taxi stationné juste devant. Il m'aide à mettre mon sac dans le coffre et quelques secondes plus tard nous sommes en direction de Charles de Gaulle.

" Vous m'avez tout l'air d'un vrai baroudeur avec vot' sac là! " s'exclame le chauffeur en me regardant d'un air intéressé par le rétroviseur.

Je souris à sa remarque et hoche la tête. C'est vrai qu'avec mon backpack abimé, mon teint hâlé et mes boucles hirsutes, j'ai souvent l'air d'un tourdumondiste. Ma mère et ma soeur aiment bien me taquiner là-dessus d'ailleurs.

Mais c'est aussi ce qui explique mon vague à l'âme actuel...

" C'est un petit peu vrai " me contenté-je de répondre brièvement, pensif, presque nostalgique d'une époque que j'essaie d'oublier tant bien que mal.

Le chauffeur ne renchérit pas. Il comprend que je n'ai pas très envie de converser ce matin...

... et il y a de quoi.

Pourtant, il y a quelques mois encore, je me faisais une joie de ce voyage. Aujourd'hui je suis aussi peiné qu'excité à l'idée de prendre cet avion. Je sais que je vais hésiter pendant de longues minutes devant la porte d'embarquement, ou que je vais pleurer en silence pendant une partie du vol. Mais je sais aussi que je prends la bonne décision.

J'ouvre mon petit sac qui est resté avec moi. Je vérifie mes papiers avant d'attraper l'impression de la réservation de mon vol. Je me mordille la lèvre inférieure en parcourant les informations du regard. Si tout va bien, dans moins de 24 heures, je serai sur une plage avec une bière à la main. Mes yeux parcourent les vols, l'escale puis finalement le second nom sur la réservation. Je soupire lourdement, replie le papier avant de le ranger. Si j'avais pu j'aurais modifié ma réservation pour supprimer son vol mais il m'a été impossible de le faire.

Je ferme les yeux et me laisse bercer par le trafic parisien. Le chauffeur me tient au courant de notre avancée et nous arrivons à Charles de Gaulle sans encombre. Puis, mon sac sur le dos, je le regarde s'éloigner avec toutes les craintes et rancoeurs que j'ai décidées de laisser dans son taxi. Aujourd'hui, je tourne le dos à mon passé. Je laisse ma nostalgie à Paris et je m'envole au soleil en ne pensant qu'au positif !

Un long moment après que le taxi eut disparu dans la marée de voiture, je prends une grande inspiration avant de pénétrer dans le terminal. Je vérifie l'état de mon vol, puis le numéro du hall où je dois me rendre pour l'enregistrement. Je me dirige rapidement vers la zone des check in et lorsque j'arrive devant les bureaux de ma compagnie aérienne, je m'installe dans la file d'attente.

Comme des enfants ◊ LarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant