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Paris

Harry

Je n'ai pas voulu passer la nuit chez Maman, malgré son insistance. Après ce qu'elle venait de me faire vivre il m'était inconcevable de rester dans cette maison, où j'ai des souvenirs avec lui dans chaque pièce. Gemma n'a pas cherché à me retenir, elle m'a même soutenu face à l'insistance de Maman. Elle m'a accompagné jusqu'à la station de RER la plus proche sans me poser de question. Elle m'a simplement fait promettre de la prévenir en arrivant chez moi et de l'appeler dès que je serais prêt à en parler. Je l'ai donc avertie en passant la porte de mon appartement, j'ai aussi prévenu ma mère, par correction, puis je me suis écroulé dans mon lit, mort de fatigue.

Mort de chagrin.

J'ouvre les yeux aux alentours de huit heures ce matin. Je commence par m'habiller pour aller courir et me défouler à travers mon quartier, histoire de me décharger de toutes les mauvaises ondes accumulées hier. Mes écouteurs dans les oreilles, je fonce à travers les rues sans me préoccuper du reste. Je me vide la tête et l'esprit, espérant que ce jogging dominical m'aidera à faire le point. Mais je dois avouer qu'en rentrant chez moi après une bonne heure de course, je suis toujours aussi paumé.

Je prends une douche rapide avant de me laisser tomber dans mon canapé, une tasse de café entre les mains, et la première question qui me traverse alors l'esprit est : qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire maintenant ? J'ai mis ma vie en suspens pendant trois mois dans l'attente du retour de Louis. Je suis resté à Paris pour travailler sur les projets en cours afin de tous les terminer, mais aussi pour goûter à la vie de sédentaire. Je pense que cette expérience m'a prouvé que ce n'était pas une vie aussi monotone que je le pensais. J'ai passé plus de temps avec mes amis, je me suis véritablement lié avec Gigi ce qui ne serait jamais arrivé sans cela ! J'ai de nouveau goûté à une vie sociale normale. Je suis allé au restaurant, revu des copains avec qui je n'avais pratiquement plus de contact, j'ai pu passer du temps au bureau de mon label et découvrir de nouvelles personnes. J'ai même pu faire un saut dans les locaux français du National Geographic, où je n'étais pas allé depuis des mois ! Et même si le voyage m'a aussi beaucoup manqué, je ne me suis pas autant ennuyé que je l'aurais pensé.

J'étais si impatient d'avoir le fin mot de l'histoire avec Louis qu'il m'arrivait de décompter les heures en fin de journée, parce que j'attendais le lendemain avec impatience, espérant avoir de ses nouvelles.

Quand j'y repense, je trouve maintenant mon comportement si puéril. Moi qui étais si indépendant, je me suis retrouvé à tout calculer en fonction de lui, en réalité. Je me suis oublié au point de pratiquement cesser mon activité professionnelle !

... J'ai fait ce que lui a fait pendant toutes ces années pour moi...

Et maintenant je m'en veux encore plus !

Je râle contre moi-même en posant ma tasse sur la table basse et je secoue la tête, avant de poser le regard vers le ciel bleu à travers ma fenêtre. Si je reste une journée de plus, seul dans cet appartement, je vais finir par péter un plomb. Sauf que fuir ne serait définitivement pas la bonne solution, parce que j'ai trop fui par le passé. Les discussions, les disputes, les responsabilités... j'ai fui et je suis passé à côté de choses primordiales. Essentielles...

C'est le bruit de mon téléphone vibrant sur le comptoir de ma cuisine qui me sort de mes pensées assassines. Je me lève et soupire de soulagement en voyant le prénom de Gigi.

"Tu me sauves, dis-je en décrochant. Une seconde de plus à ressasser et j'allais devenir fou...

-Oh...tu l'as si mal pris que ça ?" demande-t-elle alors que j'imagine de là sa grimace.

Comme des enfants ◊ LarryUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum