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Charles de Gaulle to Sri Lanka

Louis

Partir à l'autre bout du monde, ça n'a jamais été mon truc... au plus grand désespoir de mon ex-fiancé. Bordel que ça fait du mal de le dire comme ça. Ex-fiancé. Qui aurait cru que nous en arriverions là, hein ? Personne. Pas même moi, ni lui... personne ! Rien ne nous prédestinait à nous quitter même si nous étions aux antipodes l'un de l'autre et cela, depuis toujours.

A l'école élémentaire, j'étais terrible. Toujours à courir dans tous les sens. Je revenais à la maison avec les genoux écorchés et de la terre plein les vêtements alors que lui préférait la quiétude d'une bonne lecture ou du dessin à l'abri des regards. Il passait son temps à jouer tranquillement pendant que moi je me battais pour être le chef du ballon à la récré. Quand nos camarades se moquaient de ses magnifiques boucles en le traitant de fille, je n'hésitais pas à répondre par la force. Puis, quand nous reprenions le chemin de la maison après l'école et que je rentrais avec des punitions plein mon cartable, il me remerciait, le rouge aux joues.

Lorsque nous sommes rentrés au collège, je ne me suis pas vraiment assagi et je courais toujours partout. Au plus grand dam de ma pauvre mère qui ne savait plus quoi faire de moi. Mais Harry me calmait quand il le fallait. Petit à petit, lui a réussi à mettre sa timidité de côté tout en développant sa fibre artistique. Pendant que je jouais - toujours plus - au foot, lui, il lisait, il écrivait, il dessinait et il peignait. Nos différences grandissantes ne nous ont cependant pas séparés. Loin de là même. Vivre l'un à côté de l'autre y a sûrement joué. Nos mamans se connaissent depuis la nuit des temps alors c'est naturellement que nous sommes devenus copains au détour de la balançoire du jardin de ses parents.

Au lycée, je ne me suis toujours pas calmé, cependant ce n'était plus après le ballon que je courais mais bien après les filles. A notre entrée en première, Harry a eu une poussée de croissance. Moi je l'ai vu changer tout au long de cet été-là. Mais quand il est revenu en classe, il était métamorphosé et évidemment les gens ont commencé à s'intéresser à lui. Il était devenu plus grand, mieux bâti, plus athlétique, plus... beau. Le regard des autres a changé sur lui. Mais il était resté le même garçon un petit peu dans la lune, qui aimait regarder les étoiles avant de dormir, qui passait des nuits blanches à lire ou qui se levait à 5 heures un samedi matin pour capturer les premières lueurs du jour à travers son objectif. Harry était devenu l'artiste en vogue du lycée et c'était plaisant de le voir s'épanouir socialement.

C'est à cette même époque qu'il a commencé à avouer sa préférence pour les garçons. J'ai été le premier à qui il en a parlé, lors d'une de nos longues discussions. Lui assis sur la balançoire du jardin de ses parents, moi à même le sol, juste en face de lui. C'est la gorge nouée et le coeur serré qu'il me l'a avoué. Mais ça ne changeait rien pour moi. C'est avec beaucoup de sagesse qu'il a pris les moqueries de nos camarades quand ça s'est su... sans savoir que dans son dos, j'aimais bien rendre visite à ses détracteurs pour leur refaire le portrait.

Naturellement, Harry s'est tourné vers une faculté d'histoire de l'art pendant que je suis parti en STAPS et évidemment nous avons passé moins de temps ensemble. J'ai plus fait la fête qu'étudier pendant un an et Harry a exploré sa nouvelle vie. Il s'est créé un nouveau cercle d'amis, eux aussi artistes, sans pourtant nous oublier, nous, ses amis du lycée même si nous nous voyions moins ! Il a repris la peinture, il a écrit quelques essais de littérature, il s'est appliqué à consolider sa technique en photographie et il a même commencé à se faire remarquer grâce à ses photos et ses textes sur les réseaux sociaux. Il excellait pendant que moi je me prenais une veste aux examens finaux.

Comme des enfants ◊ LarryWhere stories live. Discover now