𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐𝟏 ✿ 𝓢𝓪𝓹𝓱𝓲𝓻

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« 𝕺h, Jungkook, ça fait longtemps. Oh, vas-y, entre.

C'était Sungwon qui m'avait ouvert, stupéfait, les yeux pétillant d'espoir par ma venue, ne s'attendant sûrement pas à mon arrivée soudaine, depuis tout ce temps.

- Mais, qu'est-ce que tu fais là ?

Bah logique.

- Je suis venu chercher le reste de mes affaires. Plus aucune émotions n'étaient percevables dans la tonalité ma voix qui puait maintenant la neutralité et le sarcasme. Autrefois mon ton était plus morose mais ça avait bien vite changé depuis, je me cachais à nouveau derrière mon allure indifférente, intouchable, froide et insociable. Comme avant me direz vous.

- Oh, d'accord. » Sa voix à lui contenait une certaine déception. Il devait certainement être triste ou frustré que je sois parti ainsi sans leur donner le motif, les autres aussi l'étaient sûrement. Je n'avais pas vraiment réfléchi non plus, j'avais quitté cette caravane sur un coup de tête, peut-être trop hâtif sur l'effet des émotions, mais ce en quoi j'étais sûr, c'était que je ne pouvais plus regarder Taehyung normalement, je ne pouvais même plus le regarder du tout.

J'emboîtai le pas du rouquin en priant pour ne pas croiser son chemin, les yeux rivés sur le sol, je m'arrêtai de justesse lorsque Sungwon stoppa tout mouvements, enfin arrivés à sa chambre. Il ouvrit la porte de son placard, exposant certains de mes vêtements qui n'avaient pas bougés de place depuis un long moment. 

Comme si ils m'avaient attendus, comme si j'allais revenir. 

La plupart des habits étaient conçus pour l'été, pas vraiment utiles à ce moment de l'année où il fallait accueillir le froid glacial de l'hiver avec une poignée de vêtement chauds. J'avais décidé après tout ce temps de les récupérer pour clore une fois pour toute cette expérience de rêve à laquelle j'avais participé, cette quête magique qui aurait été ennuyeuse si j'avais été seul, ces aventures incroyables uniquement car j'avais eu des amis l'espace de quelques mois, ce qui avait été quand même pas mal. Ce ressentis éphémère qui m'avait fait me sentir bien mais qui prenait enfin fin. J'avais été heureux comme jamais je ne l'avais été, ces petits moments simplets mais unique à mes yeux que je savourais. Toutes ces nuits passées à l'enlacer, tous ces dîners qui mettaient en pièce mes entraînements, tous ces moments que nous avions passés à rire à gorge déployée, ces petites querelles puériles. Je pouvais à présent qualifier ces moments de bon vieux temps, rangeant ces souvenirs dans un des tiroirs de ma mémoire, indéfiniment encrés dans ma pauvre tête qui m'en avait fait voir. 

Je ne ferai à présent plus place dans leurs nouveaux souvenirs, ils se forgeraient alors de nouveaux avec une ombre translucide en dessous de l'étiquette à mon nom sûrement mal orthographié après ces années sans que je ne leurs rafraîchisse l'écriture du nom que je portais. 

Peut-être qu'au fond ils ne m'oublieraient pas, peut-être que même vieux ils auront toujours une image claire de la fois où je leurs avait souri pour la première fois. Et au fond j'espérais sincèrement qu'il n'oublieraient pas, car moi je n'oublierai jamais ces moments de pur plaisir. 

Je rangeai mes vêtements dans un sac prévu à cet usage. Mes bras bougeaient machinalement mais mon esprit ne suivait pas, il divaguait. Je ne devais pas m'éterniser, ma visite était faite pour être brève même si j'avais hésiter tout ce temps par peur de les revoir, peur de voir leurs visages accusateurs me demandant de leur expliquer le pourquoi du comment et surtout j'avais peur de le revoir lui. Ils avaient hanté mes cauchemars pendant des semaines et certes c'est à cause de lui si je souffrais, le simple fait de le croiser me ferait retomber quelques mois plutôt où cette atroce image avait été imprimée dans ma rétine. Je m'étais tout de suite enfui, sans attendre qu'il daigne de remonter son pantalon et de m'expliquer ce qu'il s'était passé, j'avais pris les jambes à mon cou sans plus m'arrêter, courant sans savoir ou aller pour la deuxième fois cette nuit. J'avais couru vers lui la première fois, je m'en éloignais le plus possible à ce moment là. 

Aussi, je me faisais violence pour ne pas tourner la tête vers cette porte. Mais ce fut comme un automatisme, j'agissais sans même me contrôler et voilà que je fixais sans scrupule la porte de cette chambre sans pouvoir m'en détacher. La chambre paraissait condamnée, elle semblait ne pas avoir été ouverte depuis longtemps, aucuns filets de lumière ne s'en échappait et il y avait cette pile de vaisselle sale et de plats refroidis qui jonchait le sol faisant peine à voir. 

Je marchai vers la sortie à pas lents, comme si j'y étais rattaché et que je ne pouvais m'en séparer mais mon esprit fusait et m'ordonnais que quitter les lieux au plus vite. Et alors que je passais enfin le pas de la porte principale, quelque chose me retint, ou plutôt quelqu'un. 

Sungwon avait attrapé mon bras, ou plutôt s'y rattachait comme unique chance de me faire rester. Il s'était alors mis à me supplier sans que je ne sache comment réagir.

« Jungkook... Pourquoi, pourquoi t'es parti comme ça ? Pourquoi tu nous a rien dit merde ? Tu peux pas savoir comment on s'est inquiétés, Taehyung est enfermé dans sa chambre depuis que t'es parti, il voit plus le jour et il mange presque plus, merde. Il s'était emporté au cours des phrases mais se rétractait et continuait plus calmement, désespéré. O-on veut juste savoir ce qu'il s'est passé, Taehyung ne veut rien nous dire non plus, e-expliquez-vous, peut-être que ça ira mieux... Il avait finalement lâché mon bras, baissant la tête pour que je ne puisses apercevoir ses sanglots que j'avais sans grand mal devinés. Je ne savais que dire, il avait lâché la bombe bien trop vite et j'avais bafouillé pour réponse quelque chose de totalement stupide. 

- D-désolé. »

Une vague d'arrières goûts et de ressentis amers me submergea. Ses mots avaient pour effet sur moi un retour dans le passé qui cassait la carapace d'indifférence que je m'étais forgé. 

Je m'étais à nouveau enfui comme un lâche.

Quel con.

─ 𝒆𝒎𝒐𝒕𝒊𝒐𝒏𝒍𝒆𝒔𝒔. ᵛₖWhere stories live. Discover now