Line est déjà allongée dans le grand lit qu'elles partagent tandis qu'Oxelle finit de se laver les dents avant de la rejoindre en éteignant la lumière au passage. Elle s'installe sous la couette et se met à regarder le plafond, plongée dans ses pensées.
-Eh Oxelle...
Cette dernière tourne alors son visage vers son amie et devine ses traits dans l'obscurité.
-Oui? -Tu sais... je ne voulais pas te faire de la peine quand je parlais de draguer d'autres mecs et tout. C'était simplement... pour rire.
Sa voix est sincèrement désolée. Oxelle sourit:
-Je sais ne t'en fais pas. Mais ce serait plutôt à moi de m'excuser. Je suis contrariée à cause de... tout ça et ça déteint sur mon humeur. Je te promets d'arrêter d'être comme ça pour cette semaine de vacances. Je n'ai pas envie de tout gâcher.
Oxelle culpabilise de son comportement. Line est son amie la plus proche et sur qui, elle le sait, elle peut le plus compter. Même si elle a toujours aimé être taquine et entêtée, la jeune femme est une personne entière et vraie, drôle et sincère. Oxelle l'aime, d'un amour pur et amical, sans sous-entendu. Et elle sait que c'est réciproque. Et leur amitié n'est pas prête de se briser, ni même de seulement se fissurer, à cause de quelque chose d'aussi futile.
-C'est normal que tu sois préoccupée. Mais... Maxence... tu l'aimes toujours?
Oxelle tourne de nouveau son visage et se met à fixer un point imaginaire sur le mur d'en face. Elle met un instant avant de répondre:
-Je ne sais pas... Mais le pire dans tout ça c'est que je m'en veux. -Pourquoi? -Parce qu'il n'a rien fait que je puisse lui reprocher. Il n'a pas changé depuis le début de notre relation. C'est... c'est moi qui ai changé j'imagine. -Tu ne dois pas t'en vouloir pour ça. Les gens évoluent, les sentiments aussi et les relations vont avec. Ça fait combien de temps déjà que vous êtes ensemble? -Bientôt trois ans. -Tu vois... tu avais vingt ans que tu t'es mis avec lui, bien sûr que tu as changé et c'est tant mieux. Tu fais bien de vouloir prendre du recul sur les choses. Tu sais ma mère m'a toujours dit qu'à partir du moment où on commence à avoir des doutes sur ses sentiments c'est qu'il y a une bonne raison et qu'il faut les écouter... -En tout cas je me promets de lui donner une réponse claire en revenant à Paris. Mais il faudrait peut-être que je lui réponde quelque chose par message, histoire qu'il ne s'inquiète pas trop et... eh mais attends! Mon téléphone! Je l'ai laissé dans la voiture! -Ah merde... Bon tu me diras il ne risque pas de se faire voler vu l'endroit paumé où on est. Tu devrais attendre demain, tu ne vas pas sortir à cette heure alors que tu es changée et couchée... -Ouais... bon tu as raison. Flemme là.
Line s'endort déjà à moitié. Elle ferme les yeux en murmurant d'une voix endormie:
-Allez bonne nuit ma poulette...
Oxelle pousse un petit soupire d'amusement avant de donner une claque amicale sur les fesses de son amie pour lui souhaiter la même chose puis elle se tourne que le côté, face à la fenêtre ou un léger filet de lumière de lune passe entre les rideaux fermés, et finalement s'endort à son tour.
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Oxelle marche dans un couloir noir. Tout est sombre. Elle ne sait pas pourquoi elle marche. Elle ne sais pas où elle va. Elle ignore ce qu'il y a devant elle tout autant qu'elle ignore ce qu'il y a derrière.
Oxelle rêve. Son rêve est silencieux. Calme. Sans but, sans joie ni peur. Un simple corridor sans fin, noir, éternel.
Mais soudain, elle entend un infime bruit: un grattement. Elle tourne son visage vers la droite mais rien. Rien à part le mur noir. Elle poursuit son chemin, continue d'avancer. Mais aussitôt un deuxième grattement, sur la droite cette fois. Elle regarde. Rien.
Cette fois Oxelle éprouve quelque chose: un sentiment de malaise. Elle se met à avance plus vite. Et un nouveau grattement intervient, puis un autre, et encore un autre. La jeune femme se met à courir dans le couloir. Mais les grattements la suivent. Elle ne peut pas les fuir et elle ne peut pas sortir de ce couloir. Ces bruits se transforment en brouhaha assourdissant. Oxelle panique. Elle s'arrête, plaque ses mains sur ses oreilles, ferme les yeux et se met à croupis, voulant faire taire les grattements, mais ils continuent. Et ils deviennent de plus en plus fort. Oxelle étouffe. Oxelle a peur. Oxelle veut que ça s'arrête. Oxelle est terrifiée.
Oxelle se réveille. Elle se redresse en sursaut sur son lit. Son cœur palpite dans sa poitrine. Elle met un instant avant de réaliser où elle se trouve. Elle regarde Line qui dort paisiblement.
Tout va bien. Un simple cauchemar.
Elle se rallonge, veut se rendormir. Mais alors un grattement reprend.
Mais cette fois Oxelle ne dort pas. Elle rouvre précipitamment les paupières. Oui, il y a bien un grattement... elle l'entend elle en est certaine.
Elle a l'impression que cela vient du mur où est collé la tête de leur lit. Elle jette un coup d'œil mais le peu de lumière qu'émettent les étoiles à travers les rideaux ne lui permettent pas de distinguer quoi que ce soit et elle ne veut pas risquer de réveiller Line en allumant. Elle respire le plus silencieusement possible, essayant de voir si ce n'est pas un trait de son imagination comme elle l'aurait préféré mais encore une fois ces grattements se font entendre. Elle se doute alors qu'un rongeur, voir plusieurs, se baladent dans les murs et cette simple idée lui donne des frissons. Hors de question de sortir du lit pour aller voir de plus près, elle aurait bien trop peur de se trouver nez à nez avec l'une de ces bestioles. Inutiles de préciser que si cela devait arriver elle réveillerait instantanément tous les habitants de la maison tant son hurlement serait strident...
Oxelle décide donc de refermer les yeux et de coincer sa tête entre le matelas et l'oreiller pour faire taire ces insupportables bruits. Et finalement, réussit malgré tout à retrouver le sommeil, priant pour qu'un rat ne vienne pas se glisser avec elle sous les draps...
