72] Connard

8.1K 934 122
                                    



-Tu sais Prosper...
-Quoi?
-Je suis heureuse que Fidèle soit mort.

Aussitôt le jeune homme se crispe, et comme elle ne dit rien de plus il attrape de nouveau son menton pour la forcer à le regarder.

-Pourquoi dis tu ça?
-C'était... un connard! Et tu le sais. Toi aussi tu devrais te réjouir.
-Nous ne nous aimions pas c'est vrai. Mais c'était mon frère, comme c'était le tiens. Il faisait partie de la famille. Point.

Félicité hausse les épaules:

-Peut-être bien, mais je ne peux pas simuler un malheur. J'ai été bouleversée quand tu es remonté de la cave et que tu nous as annoncé qu'il était mort. Mais c'était par réflexe, et aussi parce qu'il y avait nos parents. Mais en réalité je suis tellement indifférente...

Prosper se mord la lèvre, plongé dans ses pensées avant de reprendre:

-Je sais que tu... n'aimais pas être avec lui.

Elle relève précipitamment les yeux, le regard embué de larmes de colère:

-Tu n'as pas idée de ce qu'il m'a fait! Il avait quatorze ans la première fois qu'il m'a violée. Je n'en avais que dix...

Prosper soupire, à la fois désolé pour elle mais face à sa propre réalité.

-Tu as bien couché avec Modeste aussi. Et moi.
-Je n'étais pas aussi jeune! Et lui était violent. Il a toujours été violent. Il me faisait mal. Me prenait où et quand il le souhaitait, sans me demander mon avis, sans même prendre la peine de me prévenir. Il surgissait dans la pièce, m'attrapait par les cheveux pour me plaquer à une table et il faisait ce qu'il avait envie de faire, jusqu'à m'en faire saigner. À ton avis pourquoi sa première femme s'est suicidée? C'était un connard, quoi que tu en dises! Et tout ça a fini par le tuer.
-C'est n'est pas « ça » qui l'a tué. C'est elle.

Un ange passe. Félicité essuie ses yeux du revers de sa manche tandis que lui reprend:

-D'ailleurs, à ce que je sais tu n'as jamais enseigné ces choses là à Honoré. Pourquoi?
-C'est lui... Vous trois c'est toujours vous qui êtes venus vers moi pour qu'on couche ensemble. Mais lui non. Il ne m'a jamais demandé de le faire. Quand il a eu seize ans les parents ont commencé à s'inquiéter réellement, alors ils m'ont dit de prendre les choses en mains et de lui apprendre. Mais lorsque j'ai voulu déboutonner son pantalon, simplement pour lui donner une idée de la chose sans l'effrayer avec une petite gaterie il m'a violemment repoussé et est parti. Depuis dès que je m'approche de lui il est agressif, méfiant,... violent.
-Honoré a toujours été spécial. Motivé par des choses plus nobles. Peut être est-il le meilleur d'entre nous au fond...

Félicité regarde en direction de la porte par laquelle il est parti:

-Penses tu qu'il les retrouvera?
-Il avait l'air sûr de lui lorsqu'il a dit qu'il avait fouillé partout. Je lui fais confiance. Avec toutes les parties de cache cache que nous avons pu faire, il connaît chaque recoin de cette maison j'imagine...
-Oui... sans doute.

Félicité pose doucement sa joue sur les genoux de Prosper qui se met à lui caresser les cheveux, toujours pâle et torse nu, gérant au mieux sa douleur et sa perte de sang.

Les parties de cache-cache...

Soudain, Félicité relève brusquement la tête:

-Les parties de cache-cache. Les parties de cache-cache!
-Quoi?!... Mais de quoi tu parles?!

Mais Félicité est déjà debout et n'a pas le temps de lui répondre car elle en est certaine: elle sait où sont cachées ces putes!

OxelleWhere stories live. Discover now