78] Perdue

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Oxelle ouvre les yeux et la bouche d'un coup, prenant dans ses poumons la plus grande bouffée d'oxygène possible.

Sa vue est toujours sombre et trouble mais elle distingue face à elle le visage de Prosper et, dans l'impossibilité de hurler, elle a un violent mouvement de recule qui lui fait se cogner la tête contre le mur derrière elle. Elle se redresse assise, paniquée, ne comprenant pas ce qui vient de se passer, le cerveau et l'esprit totalement désemparés et perdus. Elle pousse le corps de Prosper avec ses pieds, voulant l'éloigner le plus possible d'elle.

Que se passe-t-il? Où est-elle? Pourquoi ne voit-elle presque rien?!

L'angoisse monte en elle jusqu'à l'étouffer. Elle tire sur le cole de son t-shirt comme s'il était encore serré sur sa gorge. Mais elle a beau le tiré elle a toujours l'impression qu'il l'étrange encore et encore. Alors sans réfléchir elle passe son t-shirt au dessus de sa tête et le jette à l'autre bout du couloir. Elle veut hurler mais n'y arrive pas. Elle veut se débattre contre ces choses qui l'étrangle et l'étouffe mais se bat contre l'air. Elle veut comprendre, se souvenir. Pourquoi tout est si trouble, devant ses yeux et dans son esprit?!

Les secondes passent et peu à peu sa poitrine cesse de se relever et s'abaisser frénétiquement tandis que les souvenirs de ces dernières minutes remontent en surface avec la violence d'une gifle.
Elle essaye de se calmer, d'aller au delà de ses propres limites pour essayer de supporter ça. Supporter sa peur panique, supporter les événements...

Pourquoi Prosper est-il effondré sur le sol?

Elle distingue le sang sur le sol provenant de son flan droit qui continue encore de couler.
Aussitôt s'écarte de lui à quatre pattes et se précipite sur le couteau pour le pointer vers lui. Mais il ne bouge toujours pas.

Elle s'approche. Encore un peu. Touche son épaule avec la pointe du couteau avant de reculer précipitamment, prête à le planter s'il se réveille mais rien. Elle revient alors vers lui et vient balafrer sa joue, mais aucune réaction, pas la moindre.
Elle pose lentement deux doigts sur sa carotide à la recherche d'un pouls. Rien. Il est mort, ça ne fait pas le moindre doute.

Un immense soulagement la submerge. Sa respiration se calme encore un peu et chaque instant qui passe lui rend peu à peu la fluidité de son esprit ainsi que la vue même si cette dernière est largement endommagée à cause des vaisseaux sanguins qui ont sautés dans ses globes oculaires lors de la strangulation.

Hyppolyte. Nina.

Ces deux noms explosent devant ses rétines.
Rien n'est encore terminé.
Elle doit les sortir d'ici!

OxelleWhere stories live. Discover now