71] Renaissance

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-Ce sont des femelles! Et je vais les détruire aussi facilement que des insectes!

Sur ces mots Honoré tourne les talons, avance dans le couloir et sort par la porte de derrière avant de la claquer derrière lui sous les yeux de sa sœur et de son dernier frère encore en vie. Il avance jusqu'à la souche où il coupait du bois plus tôt, lorsque son monde ne s'était pas encore effondré, et y saisit la hache plantée avant de se mettre à courir à la poursuite de celles qui sont la cause de son malheur.

Félicité et Prosper se mettent alors à se regarder. La jeune femme est agenouillée sur le sol, un des ses avants bras posés sur les genoux de Prosper qui est torse nu tandis qu'elle se remet à soigner sa plaie.

-J'ai presque fini de recoudre...

Prosper serre de nouveau les dents, se tient à la chaise sur laquelle il est assis et se concentre le temps qu'elle termine.
Au bout de quelques instants elle coupe enfin le fil et désinfecte une nouvelle fois.

-Voila. J'espère que ça ira.

Prosper, le front légèrement perlant à cause de la douleur et le corps fatigué par la perte de sang, attrape doucement le menton de sa sœur pour lui faire relever son visage et qu'ils puissent se regarder. Ils restent ainsi quelques secondes en silence puis Prosper passe une mèche de ses cheveux noirs derrière son oreille pour dégager son visage et la regarder encore davantage. Il passe son index sur sa pommette bleutée et aussitôt Félicité a un mouvement de recul.

-Je suis désolé qu'il t'ai frappée.
-Il a raison... C'est ma faute. Tout est ma faute...

Les larmes lui remontent aux yeux mais Prosper prend les devants:

-Non. Il a eu tord de faire ça.
-Mais je suis une femme...
-C'est vrai, mais tu fais partie de la famille, et ça ça change tout. Nous avons le même sang. Un sang pure. Maman aussi était une femme, et as-tu déjà vu papa poser une seule fois la main sur elle?

Elle secoue lentement la tête par la négative.

-Tu vois.
-Mais ils sont morts maintenant...
-Pas nous. Nous, nous sommes toujours là. Tout est encore possible. Notre famille n'est pas éteinte!

Ils se fixent encore un instant en silence, puis, comme s'ils se l'étaient murmurer, lui se penche légèrement malgré sa blessure et elle se redresse sur ses genoux pour venir sceller leurs lèvres avec tendresse et amour.
Ils s'embrassent passionnément et leur baiser est salé par les larmes de la jeune femme et le sang du jeune homme.
Finalement ils séparent enfin leurs bouchent et viennent coller leurs fronts les yeux fermés.

-C'est ça Félicité, nous: l'amour, le sang, les larmes. Nous sommes nés de ces choses et nous aujourd'hui nous en renaissons encore. Notre famille ne s'éteindra jamais. Car nous sommes ensemble, et jamais rien ne pourra briser ça...

OxelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant