{𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 32} - 𝑅𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟 𝑣𝑒𝑟𝑠 𝑙𝑎 𝑙𝑢𝑚𝑖𝑒̀𝑟𝑒

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La dernière chose que je vis avant de tomber fut la communauté et ses membres, qui, avec horreur et désespoir, me regardaient. Mais il durent se rendre à l'évidence: le pont et les galeries, envahies d'ennemis, menaçaient en plus de s'écrouler; ils ne pouvaient rester là.

Et la dernière chose que j'entendis fut le hurlement d'Ilmana, suivi de celui d'Aragorn qui lui disait de les suivre. Alors je les vis partir vers la sortie, et je réussis à sourire. Ils allaient réussir. Ils allaient sauver le monde.

L'histoire se répétait elle alors? Une flèche d'orque à cause d'un manque d'attention, et une chute. Sauf que là, je n'aurais même pas le temps d'avoir une cicatrice, car je ne survivrais pas cette fois.

Je sentis les dernières forces m'abandonner, et je me résignai. Je fermai les yeux, savourant mes dernières secondes dans ce monde qui courait à sa perte. Mais j'avais foi en Frodon et les vaillants guerriers qui l'accompagnaient. Alors je ne m'inquiétais pas pour le sort d'Arda. Parce qu'ils allaient réussir.

J'ignorais combien de temps je chutai. Peut être étais je déjà morte, et là je rejoignais les cavernes de Mandos? Ou alors mon esprit se séparait de mon corps, comme chez les elfes? Car il faisait noir, et je n'entendais ni ne voyais rien. En tout cas, je pouvais encore penser.

Alors j'adressai mes dernières pensées à Ilmana, ma sœur que j'étais si heureuse d'avoir retrouvée. À Alcar, mon meilleur ami qui, même dans son œuf, avant été présent pour moi pendant mes années de solitude. À Galadriel, Celeborn et les elfes de Lórien qui m'avaient élevée et permis d'être celle que j'étais. À Elrond, Elladan, Elrohir, Arwen, Tauriel, les nains d'Erebor, Bard et ses enfants, ainsi que tous les amis que j'avais pu avoir.

Et enfin, à ceux qui avaient fait partie de mes derniers instants. À ceux qui allaient sauver le monde. À Gandalf, un vieil ami si sage et respectable. À Aragorn, Gimli et Boromir, de valeureux guerriers que j'étais fière d'avoir connue. À Frodon, Sam, Merry et Pippin, d'adorables hobbits que j'aurais aimé connaître un peu plus. À Legolas, ami et allié depuis soixante ans, à qui je devais beaucoup.

Oh, et à moi même bien sûr. Parce qu'il ne me restait que moi en cet instant. J'allais mourir seule, comme le faisaient beaucoup d'individus.

Soudainement, un rugissement qui ébranla même la terre retentit. J'essayai d'ouvrir les yeux, même si ma vision était brouillée. Je vis d'abord quelque chose se précipiter vers moi, puis ma chute de stoppa brusquement, et je fus soulevée dans les airs.

Mes yeux se refermèrent seuls, mais je souris. Car je savais très bien qui venait de me sauver la vie. Me sauver la vie, ou basculer dans le vide avec moi? En tout cas, Alcar était bien là, et il me serrait contre lui comme si sa vie en dépendait.

J'ouvris les yeux lentement. Le dragon peinait à voler dans les galeries de pierre, mais il était très agile et rapide. Les flèches des orques rebondissaient sur ses écailles, ne les transperçant jamais. Il survola des escaliers, sur les traces de la communauté qui devait avoir atteint la sortie.

Finalement, nous atteignîmes celle ci. Alcar, qui semblait épuisé, franchit l'ouverture en arche dans un dernier effort. Puis il déploya entièrement ses ailes pour freiner notre chute. Il les replia ensuite autour de moi pour que le choc de m'atteigne pas, et il atterrit sans douceur sur les rochers, juste devant l'entrée.

Je vis au loin la communauté. Les hobbits étaient au sol, en pleurs. Gimli sanglotait. Legolas se tenait la tête entre les mains et faisait les cents pas. Ilmana hurlait presque, désespérée, et Boromir lui tapotait l'épaule affectueusement, au bord des larmes. Aragorn semblait lui aussi prêt à pleurer. Je tournai la tête vers mon sauveur. 

- Alcar, soufflai je. Alcar, dis moi que tu vas bien!

- C'est plutôt à moi de te poser la question... grogna le dragon en se redressant à son tour.

- Alcar... tu m'as sauvée.

- Tu croyais vraiment que j'allais te laisser mourir à cause d'une chute? S'indigna t'il. Attends, si un jour tu dois mourir, que ce soit épique, au moins!

Je souris. Ne serait il donc jamais sérieux? Mais je ressentais tout ce qu'il ressentait par notre lien: une multitude d'émotions très fortes en ce moment, tel que l'inquiétude ou le soulagement. Il cachait cela par l'humour, mais je sentais qu'il avait eu peur.

Je me mis à m'avancer en m'appuyant sur le dragon, tentant de rejoindre mes camarades qui ne semblaient pas nous avoir vus. Un picotement traversa alors ma jambe et je me souvins alors de ma blessure. Avec une légère exclamation de douleur, j'arrachai la flèche de mon mollet et la jetai plus loin.

- Legolas, relevez les, entendis je Aragorn dire.

- Accordez leur un moment, par pitié! Supplia Boromir.

- Dès la tombée de la nuit les collines grouillent d'orques! Répliqua le rôdeur.

Je tournai la tête vers la sortie des mines. Et tout ce qui venait de se passer se rejoua dans ma tête. Le démon. Mon pouvoir. Gandalf. Ma chute. Je me laissai tomber brusquement au sol, anéantie. Maintenant, je me rendais compte. Je faisais face à la réalité.

Gandalf était mort.

Silver of Darkness - Tome 3: Le voyage de l'anneau [Terminée]Where stories live. Discover now