Chapitre 16

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Pdv Levi

Qu'est ce qui me prend ? Je ne contrôle plus rien. Je fais n'importe quoi. "Strictement professionel".... N'importe quoi. La vérité, c'est que j'en crevais d'envie.

Quelques semaines passent. Je prends volontairement mes distances avec Eren. Je ne veux pas que cet incident se reproduise. Malgré tout, je prends des nouvelles de lui via Christa et Connie. Apparemment il est très fatigué mais il s'occupe quand même et a l'air souriant. Tant mieux. Il ne faut pas qu'il déprime complètement. Pour ma part, je passe mon temps à me remettre en question. Est-ce moi qui suis détraqué ? Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à me contrôler ? Qu'est ce qui se passe bon sang ? Entre ce surplus de questionements et ce confinement, j'ai l'impression de devenir fou, de tourner en rond. Je n'arrive plus à réfléchir, je n'arrive plus à me concentrer, je n'arrive plus à travailler, je passe simplement des heures à me torturer l'esprit seul dans mon bureau.

Mais un évènement vient bousculer mon vide cérébral.

Une nuit, j'entends qu'on toque à ma porte. Les coups sont rapides et assez forts. Je me lève et vais ouvrir le plus rapidement possible. C'est Connie qui se trouve derrière la porte.

"- Monsieur ! Il faut partir ! Il y a eu une nouvelle tentative de meurtre ! Vous devez partir !

- Très bien. Rendez-vous dans le salon dans trente minutes. Vas réveiller les autres. Préparez un sac avec le strict nécessaire à l'intérieur. On ne panique pas, on doit juste quitter momentanément le château.

- Très bien. Je vais réveiller les autres.

- Merci Connie."

Il repart, et je ferme la porte. Nous avions été prévenus que ce genre de choses pouvait arriver. Je jette un œil à l'horloge : il est 2h32. Je prends le temps de m'habiller assez chaudement. J'ai déjà un sac prêt avec ce dont j'aurai besoin. Nous ne savons pas où nous allons, personne ne doit le savoir. J'ai également un deuxième sac. Personne ne doit savoir qui nous sommes.

Tout le monde est dans le salon à 3h02. J'ouvre le deuxième sac, et en sors de grandes capes à capuche. Tout le monde doit en porter une et cacher son visage. Je pars donc avec Eren, Connie, Ymir et Christa.

Nous sortons du palais. Là sont garées 4 calèches. On nous fait signe de monter dans une des quatre. Connie monte à l'avant, avec le cocher. Nos sacs sont chargés sur le toît. Nous montons dans la calèche, où Ymir et Christa se dépêchent de s'assoir côte à côte. Je me retrouve donc avec Eren à côté de moi. La calèche est assez grande, nous sommes tous installés confortablement. Il y a des rideaux aux fenêtres des portes, et nous avons pour consigne de ne pas les ouvrir. Au bout d'environ 20 minutes, la calèche se met en marche. Après une demie-heure de route, le cocher s'arrête, descend, ouvre la porte, me donne un papier, puis remonte à l'avant et la calèche repart. Je déplie le papier.

Sire Levi,

Une nouvelle tentative de meurtre a eu lieu. Cette fois ci, elle n'a pas abouti. C'est le ministre Shadis qui a failli perdre la vie. Afin de mieux garantir votre sécurité, nous vous transférons, ainsi que les autres membres du conseil, vers une destination qui vous est encore inconnue. Personne ne soit savoir que vous êtes là bas. Les ministres et le Roi ont également été mis en sécurité en dehors du palais. Nous nous sommes organisés de sorte que votre point d'arrivée soit connu par le moins de personnes possible. Vous le découvrirez vous même quand vous y arriverez. Nous sommes navrés de vous imposer ces désagréments, mais nous sommes dans une situation de crise.

Merci de votre comprehension.

Il est parfaitement logique de nous faire sortir du palais. La menace venait probablement de l'intérieur. Nous séparer permettra d'enquêter plus facilement au château, et si une nouvelle tentative d'assassinat a lieu à un endroit où des gens sont isolés, le nombre de suspects sera réduit. La question est : combien de temps resterons nous isolés ?

Au bout d'une heure de route, Christa dort, allongée en travers du siège, la tête sur les genoux d'Ymir. Cette dernière lui caresse doucement les cheveux. Je me sens soudain très fatigué. Entre ce réveil précipité, ces jours de réflexion et de cerveau en surchauffe, et le roulis du carosse, je n'ai qu'une envie : fermer les yeux et me laisser aller au sommeil. Il ne me faut qu'une quinzaine de minutes supplémentaires pour que je sombre dans les bras de Morphée.

Lorsque j'ouvre les yeux, la calèche baigne dans la lumière. Je sens un léger poid sur ma tête : j'ai dû tomber sur l'épaule d'Eren pendant mon sommeil, et sa tête repose sur la mienne. Il dormait, mais mes mouvements ont l'air de l'avoir réveillé. Nous nous redressons doucement, reprenant nos positions assises. Je remarque alors qu'une couverture a été posée sur nos genoux. Je lève la tête vers Ymir et Christa qui nous regardent en souriant. C'est alors que la calèche s'arrête. Pourtant, personne n'en ouvre la porte.

"- Ils changent de cocher. Pour que personne ne sache qui se trouve dans la calèche, et que personne ne sache d'où à où nous allons. m'explique Ymir. Ils ont fait ça régulièrement toute la nuit.

- Je vois. C'est malin."

Le soleil est déjà haut dans le ciel. Je ne sais pas depuis combien de temps nous roulons. Nous finissons le trajet en discutant. Christa, Ymir et Eren jouent aux devinettes, inventent des jeux, s'occupent comme ils peuvent. Ils insistent pour que je participe, mais je ne me sens pas d'humeur à jouer. Je finis par leur poser une énigme qu'ils passent plusieurs minutes à résoudre. "Nous sommes sœurs, aussi fragiles que des ailes de papillon, et nous pouvons faire disparaître le monde". Les voir réfléchir et se concerter me sort quelque peut de mon état morose.

Toutes les heures environ, la calèche s'arrête et le cocher change. Tout est mis en œuvre pour garantir notre sécurité.

Le soleil baisse sur l'horizon, répendant une lumière dorée dans la calèche. Les conversations se sont tues. La calèche s'arrête, et c'est Connie qui vient nous ouvrir la porte. Nous descendons pour nous retrouver devant un grand manoir. Je vois que les trois autres calèches sont toujours avec nous. Tous les conseillers seront donc réunis au même endroit. Tout le monde observe la demeure. Un homme en sort et s'approche de nous.

"- Où sommes nous ? demande Christa.

- Je ne sais pas." lui répond Ymir.

Je sais très bien où nous sommes.

"- Mes chers amis, bienvenue dans ma demeure. Quelle joie de vous y accueillir !

- Farlan...."

Le Royaume d'Eldia  {Ereri}Where stories live. Discover now