Chapitre 14 : Deuil

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NOLAN :

J'avais réussi à le dire. D'une traite. Et rassemblant toute la force qu'il me restait, je rajoutai difficilement :

- Ma mère est morte. Ce soir. J'ai besoin d'oublier... S-S'il te plait...

A la dernière phrase, ma voix s'effondra, cassée. Je lâchai un sanglot bruyant mais malgré son père en bas, elle ne dit rien. Je me calmai de moi-même. Elle profita que je desserre mon emprise sur elle durant quelques secondes pour descendre son visage à mon niveau, et coller son nez au mien. Tout doucement. Je la regardais, les yeux baignés dans la douleur et les larmes. Dévasté.

- Tu ne peux pas oublier.

Si ce n'était pas elle qui avait prononcé ces mots, je me serais sûrement énervé, j'aurais sûrement dit que ça ne rimait à rien, qu'elle ne comprenait pas. Mais c'était elle... et elle savait de quoi elle parlait.

Je repensai à ma mère. Ma Maman. J'avais profité d'elle jusqu'au dernier moment, mais j'aurais voulu que cela dure encore. Je l'aimais tant ! Elle avait toujours été là pour moi et j'avais peur. Peur de ne plus jamais être aimé comme ma mère m'aimait, peur d'être seul, peur d'être sans elle.

- Elle est partie pour toujours ? dis-je.

Je connaissais la réponse. Oui. Mais je voulais l'entendre. Pearl me sourit.

- Elle est physiquement partie. Mais elle restera toujours là. Elle sera là dans les politesses qu'elle t'a apprises, les gestes qu'elle t'a montrés, les pensées qu'elle t'a enseignées. Elle ne part que si tu décides de rejeter tout ce qu'elle t'a apporté depuis que tu es né. Elle ne part que si tu veux qu'elle parte.

- Je... Je ne veux pas...

Je pleurais. Ma voix était effondrée. J'étais comme un enfant. En fait, j'étais un enfant. Un enfant qui venait de perdre sa mère.

- Alors continue de vivre comme quand elle était là. Continue de faire ce qu'elle t'a appris, montré et enseigné. Continue d'être heureux comme avec elle. Et commence à accepter. Accepter qu'elle sera là, mais différemment. Accepter qu'il n'y aura plus que toi qui pourra la voir, lui parler. La douleur passe. Elle passe avec le temps, parce que tu comprends que tu ne l'as pas vraiment perdu. C'est juste différent.

- Je ne suis pas assez fort. Pas comme toi. Je ne peux pas, je n'y arriverais pas...

Je me sentais tellement fébrile. Tellement fragile.

- J'ai le droit de rester ici ?

- Évidemment que tu restes ici.

J'avais besoin d'elle. J'avais besoin de Pearl.

- Tu devrais enlever ton jean, ce n'est pas confortable, me chuchota ma brune.

- Tu veux voir mon corps d'Apollon ?

Je souris. Ça me fit du bien, même si le simple fait d'écarter les lèvres me semblait être un effort surhumain.

- Non, rit-elle. Mais tu seras plus à l'aise en boxer.

Je retirai mon T-shirt et puis mon jean. Je pris ensuite le petit corps fébrile de Pearl – qui pour ce soir était en bien meilleur état que le mien – et le serra contre mon torse. Elle aimait bien cette sensation, je le savais. Et j'aimais aussi.

Mes larmes arrêtèrent de couler peu à peu, et mon corps se calma. Je caressais les cheveux de cette fille qui avait pris tant de place dans ma vie en si peu de temps. Et puis à un moment, ma main se stoppa. Je m'endormis.

C'est la deuxième chose que Pearl m'a appris : accepter mes émotions, demander de l'aide, penser à moi pour de vrai. Tandis que je vivais l'expérience la plus difficile de ma vie, il me devenait de plus en plus dur pour moi d'ignorer ce que je commençais de ressentir pour elle.

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