Game On

Chapitre 18 : Noël

PEARL :

J'eus la sensation que les semaines suivants notre virée à Los Angeles s'écoulèrent à toute vitesse. Nous étions déjà fin décembre, j'avais encore du mal à réaliser que j'avais intégré NYU déjà quatre mois auparavant.

La veille, je fêtais Noël avec mon père, Nina, Charlotte, mon oncle et ma tante. Mon père n'avait pas une grande famille, et j'avais malheureusement perdu contact avec la famille de ma mère au décès de cette dernière. Je savais que mon père leur reprochait de m'avoir abandonnée, mais j'étais honnêtement trop jeune pour réellement me rappeler d'eux, alors ça ne me faisait pas grand-chose. Je savais que Nolan avait passé les fêtes de fin d'année dans la famille de Sydney, aux côtés de Faith. J'avais été rassurée de ne pas le savoir seule : c'était son premier Noël sans sa mère.

L'enterrement avait apparemment été majestueux. Beaucoup des amis de sa mère était venue, et même si je ne m'étais pas sentie légitime à accompagner Nolan, Sydney, Garry et Robb étaient venus pour le soutenir. Il était ensuite revenu en cours et les vacances d'hiver étaient arrivées plus vite que nous l'avions prévenu. Nolan était venu au début pour commencer la peinture murale de ma chambre. Nous avions honnêtement bien avancé. Mon père nous avait donné un coup de main, et nous nous étions bien amusés à trois. Je restais toujours inquiète à l'idée que Nolan et mon père s'attachent trop l'un à l'autre, ne sachant pas comment notre relation évoluerait à la fin de l'année, mais j'essayais de ne pas trop y penser.

Nolan ne parlait pas vraiment de sa famille. J'avais appris quelques anecdotes sur sa mère après son décès, mais peu. De façon générale, Nolan ne parlait pas vraiment de lui. Il pouvait paraître égocentrique, notamment avec le genre d'attitudes qu'il avait eu envers moi au début de l'année, mais il était en réalité très modeste et réservé. Parfois, je m'interrogeais sur son enfance, sa vie avant notre rencontre ou même pendant. Je ne savais vraiment pourquoi, je n'avais aucune raison de connaître la vie de Nolan. Après tout, je n'avais jamais posé ce genre de questions à nos autres amis.

NOLAN :

Cela faisait déjà quelques jours que nous étions était en vacances, pour notre plus grand bonheur. Fêter Noël auprès de Sydney, sa famille et Faith m'avaient fait le plus grand bien. Ils avaient toujours été présents pour moi, connaissant mes relations familiales compliquées.

Avant le divorce et la maladie de ma mère, je m'entendais bien avec mes parents. Mais les choses avaient vite changé. Mon père continuait toujours de critiquer inlassablement ma mère après son décès, et il me devenait de plus en plus de faire comme si de rien n'était. J'avais mon propre appartement depuis le début de mes études, mais quelque chose me poussait à rendre visite à mon père au moins une fois par semaine. Peut-être devrais-je arrêter ? Il était pourtant la seule personne restante dans ma famille : mes deux parents étaient des enfants uniques, et je n'avais aucun frère ou sœur. Trois de mes grands-parents étaient morts, le quatrième avait abandonné mon père alors qu'il n'était même pas encore né.

Ce matin, quand je m'étais réveillé un peu plus tôt que tout le monde, j'avais vu Sydney sortir de la chambre de Faith avec son T-Shirt, le sourire aux lèvres. En voyant mon amie à la peau claire, trop claire pour certains mais il n'en était rien, dans cette tenue, j'avais réalisé que jamais aucune fille n'avait mis mon T-shirt. Cela m'avait donné envie.

Je n'avais jamais été amoureux. J'étais attaché à mes deux précédentes copines, mais de là à parler d'amour ? Je n'étais pas du genre à tomber amoureux rapidement, probablement car j'avais toujours en tête le modèle de mes parents qui s'étaient déchirés après tant d'années d'amour. Puis il y avait eu Pearl, et quatre mois après notre rencontre, je ne pouvais plus le nier : j'étais fou amoureux d'elle. J'attendais de la voir avec impatience, j'aimais lui parler, j'apprenais tout ce que je pouvais sur elle. Je n'aurais su mettre une date exacte sur le début de mes sentiments, mais ils étaient indéniables à présent. De son côté en revanche, je ne percevais toujours aucun signe d'attachement. Qui aurait cru que je serais celui qui tomberait le premier ?