Chapitre 29 : Pluie

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PEARL :

Faith, après m'avoir partagé la déclaration que lui avait faite Nolan avant que tout ne dérape, m'envoya un autre message :

De Faith : Je sais que tu lui en veux et tu as raison. Je ne sais pas pourquoi il a fait ça, il refuse de m'expliquer. Mais tu devrais l'écouter. C'est mon meilleur ami depuis des années et je ne l'ai jamais vu dans cet état-là. Il est vraiment amoureux de toi, je le sais. Il a simplement merdé. 19h44

De Moi : J'ai beaucoup trop mal pour lui parler... 19h46

C'était la première fois que je répondais à quelqu'un. J'avais annoncé à Nina ce que j'avais vu puis j'avais cessé de donner des nouvelles. Allison, Samantha, Charlotte, June... Elles avaient toutes essayées de me joindre, de me réconforter. Steve et Garry aussi, beaucoup. Mais c'était avec Faith que je me sentais plus à l'aise. Faith était franc et j'avais besoin de franchise. D'honnêteté.

De Faith : Je sais. Tu es amoureuse. 19h47

De Moi : Tu crois que je devrais lui pardonner ? 19h49

De Faith : Je pense que tu devrais l'écouter. Le laisser s'expliquer. 19h50

Je n'en savais rien. Au fond, je voulais savoir pourquoi il avait fait cela. Lui hurler dessus. Le gifler peut-être aussi. Mais j'avais tellement peur d'avoir encore plus mal. De souffrir encore plus.

De Moi : Peut-être. 19h54

Je ne savais pas quoi répondre d'autre.

Je regardai alors l'heure. 19h55. Je montai dans ma chambre et m'enfouit sous les draps, sans avoir ouvert le pot de glace ou mangé quoique ce soit. Au moins, durant les quelques heures où je dormais, je ne penserais ni à lui, ni à ma naïveté.

NOLAN :

Les derniers jours avaient été horribles. C'était étrange parce que, après la mort de ma mère, je pensais être prêt à tout surmonter. Mais apparemment, je n'étais pas prêt pour une peine de cœur. Pourquoi avait-il fallu qu'elle passe devant Le Manquee ce soir-là ? Mais je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. C'était moi qui avais fait n'importe quoi.

Je ne méritais pas Pearl.

Je toquai à sa porte. Elle ne répondait ni à mes appels, ni à mes messages : je n'avais pas le choix. Elle ne répondait même pas à Steve, Nina ou Charlotte. J'entendis des pas dans les escaliers. Il s'agissait de ses pas, je le savais parfaitement. Ils étaient légers, précis. Je les reconnaitrais entre mille. Il pleuvait dehors, mais le tonnerre qui frappait ne me faisait pas peur. J'étais trempé parce que j'étais venu en moto, mais je m'en fichais. De toute façon, cela faisait déjà une semaine qu'il pleuvait alors je n'allais pas attendre que le temps soit de mon côté.

Pearl s'approcha de la porte, et demanda :

- Qui est-ce ?

Je ne répondis rien. Si je parlais, elle ne m'ouvrirait pas.

- Qui est-ce ? répéta-t-elle.

Je me tus une fois de plus. Finalement, j'entendis le verrou de la porte et elle ouvrit. Je parlai sans attendre car je savais que je n'aurais pas une autre opportunité de le faire :

- Ecoutes Pearl, je sais que tu ne veux absolument pas me parler mais s'il te plait, laisse-moi m'expliquer.

Je ne voulais pas qu'elle me ferme la porte au nez. Je ne voulais pas rater ma chance. Egoïstement, je voulais m'expliquer.

- Je suis désolé d'accord ? Je suis désolé de t'avoir fait du mal et d'avoir merdé mais je regrette. Je veux juste m'expliquer pour au moins essayer de te récupérer. Parce que j'ai besoin de toi Pearl.

Je dus reprendre mon souffle. Mon cœur battait à mille à l'heure. Quant à elle, elle restait silencieuse.

- J'ai appris que ma mère avait trompé mon père, qu'elle avait le sida et... et tu le savais parce que mon père te l'a dit. J'étais en colère contre toi, je me suis senti trahi alors que ce n'était pas à toi de me dire la vérité sur mes parents. Mais sur le moment j'étais énervé. Contre toi, contre mon père, contre ma mère, contre les médecins. Contre moi-même aussi, j'étais juste en colère et... Je n'ai pas réfléchi. Je suis allé là où mes pieds me guidaient et cette fille est venue me parler. Je l'ai laissée faire, et quand elle m'a embrassée, c'était déjà trop tard : tu étais là.

Elle me regardait fixement, droit dans les yeux, sans sourciller. Alors je continuai :

- Je comptais la repousser. Je n'ai pas de preuve, et puis je n'aurais même pas dû la laisser s'approcher. Mais Pearl, je te promets que je comptais la repousser. Je n'avais pas réalisé qu'elle allait m'embrasser. Je ne pensais plus, j'étais juste en colère, et je ne voulais pas venir te voir. J'avais juste tous mes sentiments qui se mélangeaient et j'ai merdé.

Je repris de nouveau ma respiration. J'avais fini le discours que j'avais préparé.

Mais elle ne comptait toujours pas parler.

Alors je poursuivis. Je laissais mon cœur s'exprimer, oubliant ma fierté et mes peurs

- Pearl, je t'aime et je veux passer chaque seconde de ma vie avec toi. Te parler, t'embrasser. Je sais que j'ai encore beaucoup à apprendre pour te mériter mais... S'il te plait, laisse-moi essayer de te reconquérir. Même si je dois repartir de zéro, je veux juste être avec toi. Savoir que je te fais pleurer me fait me haïr. Mais s'il faut que je te fasse pleurer encore plus pour te récupérer alors tant pis, parce que je t'aime beaucoup trop pour te laisser partir. Je veux juste que tu sois à moi, même si tout indique le contraire. Donc s'il te plait Pearl, laisse-moi une seconde chance. Laisse-moi me rattraper.

Je sentis ma gorge se nouer. Est-ce que j'allais pleurer ? Encore une fois ? Je levai ma main à ma joue et sentit de l'eau. En fait, je pleurais déjà. J'avais si peur de la perdre. Mais en la voyant ainsi immobile face à moi, je sentais que c'était pourtant ce qui était en train d'arriver. Et tout cela, c'était ma faute. Je venais de perdre la fille que j'aimais parce que je n'avais su gérer ma colère comme il le fallait.

- Pearl je... s'il te plait. Dis-moi qu'il n'est pas trop tard...

Puis finalement, ce que je n'espérais plus arriva : des lèvres se posèrent sur les miennes. Ses lèvres. J'étais perdu. Est-ce que Pearl était en train de m'embrasser ? Oui. Cela voulait dire qu'elle me pardonnait ? Qu'elle m'avait écouté ? Apparemment.

Je ne méritai pas tout cela, mais je décidais de couper court à mes pensées : je ne voulais pas la perdre. Je posai mes mains sur ses hanches et la soulevai dans mes bras. Elle enroula ses jambes autour de ma taille. Ses cheveux jusque-là protégés par le cadre de sa porte se mouillèrent petit à petit. Mais elle s'en fichait. Elle s'en fichait au moins autant que moi. La pluie n'était pas aussi agréable que ce que tous les films romantiques laissaient paraître, mais la seule chose que je voulais, que nous voulions, était de nous retrouver.

Nos langues dansèrent avec passion, et mes mains commencèrent à la serrer aussi fort que je le pouvais. Les siennes vinrent envelopper mon visage, pour me maintenir tout près d'elle. Entre deux baisers, je murmurai :

- Je suis désolé...

Mais elle m'embrassa une fois de plus pour me faire taire.

Elle descendit de mes bras et tira ma main. Elle reprit ma bouche en otage et nous avançâmes à reculons dans sa maison. D'une douce violence, je la plaquais contre le mur à côté de sa chambre. Je voulais lui parler, m'excuser encore une fois, mais j'aimais trop le goût de ses lèvres.

Lentement, je passai une main sous son T-shirt. Elle ne riposta pas. Sans même réfléchir, je lui retirai son haut. Je souris et la portai de nouveau. Je nous fis avancer dans sa chambre et fermai la porte du pied. Je la posai ensuite dans le lit et montai à califourchon sur elle. Ma bouche descendit lentement dans son cou, son décolleté, entre ses seins. Ses mains se perdirent dans mes cheveux.

Il ne fallut que quelques secondes avant qu'on ne se retrouve nus. Là, nous partageâmes notre première nuit. Et ça n'était pas près d'être la dernière, parce que cette fille-là, je voulais l'avoir à mes côtés à jamais.

- Je t'aime Princesse.

- Je t'aime aussi.

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