CORALINE - Måneskin

Chapitre 1

Et puis un jour elle fit la rencontre de cet inconnu en juin 2020. Un homme, sûrement de son âge, des cheveux noir tiré vers l'arrière, un regard sombre. Elle l'avais trouvé très séduisant, assis à la terrace de ce café, habillé d'un débardeur blanc et d'un jean noir, lisant avec attention un magazine. Elle ne l'avais observée que quelques secondes, remarquant à peine son air sévère souligné par un trait de crayon noir mais cela avait été suffisant pour déclencher en elle une vague d'émotions bouleversantes.
Il avait relevé les yeux une fraction de seconde sur la jeune femme, lui provocant un long frisson dans la nuque, avant de se re-concentrer sur l'article.

Il faisait déjà une chaleur étouffante dans les rue de Rome et Coraline se dépêchais de rejoindre la salle de spectacle. Elle était en retard de plus d'une heure, les affiches devaient déjà être posés, les ingénieurs devaient avoir fait tout leurs réglages.

- Je suis là !, s'égosilla la jeune femme en entrant dans la salle essoufflée. Je suis vraiment désolé je n'ai pas vu l'heure, mon téléphone n'avais plus de batterie...
- C'est bon ! Épargne moi tes excuses à deux balles .. tu peux passer l'aspirateur si tu veux te rendre utile, lança sèchement Ezio, son patron.

Coraline leva les yeux au ciel en soufflant, elle n'avais pas signé ce contrat pour servir de femme de ménages mais cette fois ci elle ne pouvais s'en prendre qu'à elle même. Elle alla chercher le gros aspirateur dans le local technique et s'affaira à tout nettoyer. Il fallait que la scène et la salle de spectacle soit impeccable pour ce soir.

- Les artistes devraient bientôt arriver alors dépêche toi un peu Coraline !
- Oui, bien sûr patron, tout ce que vous voudrez patron.... Connard, maugréa elle a voix basse en roulant des yeux.

Quatres jeunes de son âge entrèrent par les loges et Ezio les salua. Måneskin probablement. Elle ne connaissait pas très bien ce groupe de rockeurs, elle n'avait pas fait sa rapide recherche habituelle pour connaître les clients avant de venir ici. Pourtant elle cru reconnaître un des hommes.

- Coraline ! Éteins moi cet aspirateur !

Elle s'exécuta et fit un doigt d'honneur monumentale à son patron qui avait déjà tourné le dos, avant de prendre ses affaires et de s'en aller. Damiano retint un gloussement mais repris son sérieux face à Ezio qui parlait toujours de Je ne sais quoi. Le visage de la jeune femme ne lui était pas inconnu, c'était peu être celle du café ce matin ? Qui l'avait dévisagé pendant un long moment ?

La jeune femme détestait son job, enfin plutôt son employeur. Il était vieux, aigris et particulièrement exigeant avec elle. Mais quand on débarque de la campagne italienne avec peu d'argent, on ne fait pas la fine bouche sur ce que l'on nous propose. Elle avait accepter de servir, plus ou moins, de femme à tout faire pour cette entreprise d'événementiel.
Elle arpenta à nouveau les rues de Rome sous un soleil de plomb pour rejoindre son appartement et se  laisser tomber dans son canapé. Elle passa une main dans ses cheveux en soupirant, elle n'avais envi de rien faire. Coraline était résigné à ne plus lever le petit doigt de la journée.
L'après-midi fut composée principalement de cigarette, de café et de séries netflix.

Vers 21h, la jeune femme se décida enfin à sortir, elle enfila ses Dr Martens et se dirigea vers la salle de concert de ce matin. Le spectacle devait déjà avoir commencé depuis quelques minutes mais elle savais comment entrer en douce. Son badge de staff autour du cou, elle se présenta devant le vigile de la porte de derrière qui l'a laissa entrer sans problèmes.

- Beaucoup plus simple que prévu, souffla la jeune femme fière de son coup.

Elle passa devant les loges, appréciant le brouhaha de la musique et des cris qui se faisaient deja entendre, avant d'arriver dans la salle. La foule était déchaînée et Måneskin réalisait un show digne des plus grand rockeur.
Coraline se mêla aux fans pour apprécier le concert et se laisser transporter par la musique. Elle savait maintenant que c'était lui qu'elle avait vu ce matin, les meme cheveux sombre, le même regard soutenue par un trait de crayon. Il était toujours aussi séduisant, dévoilant sur scène ses tatouages.
Coraline, de nature désinvolte et obstinée, décida d'attendre après le show, devant la porte de sortie des artistes. Il finirait bien par sortir, au moins pour fumer une cigarette et à ce moment là elle lui demanderai son numéro.

Son maquillage avait un peu coulé, elle transpirait probablement un peu aussi et elle entendait encore un bourdonnement grave dans ses oreilles. La jeune femme avait l'impression que son cœur battait toujours en rythme avec la dernière musique. Adossée contre le mur, c'était la 5 eme clope qu'elle fumait, attendant un peu nerveusement qu'il sorte.
La porte s'ouvrît et Damiano sorti, vêtu de son pantalon de scène en cuir. La jeune femme avait vu juste : il alluma immédiatement une clope.

- Excuse moi ?, fit la jeune femme en s'avançant vers lui. Le grand brun se retourna, surpris mais il l'a reconnu.
- Tu passais l'aspirateur ce matin ?
- Exactement, fit elle en rigolant. On s'est aussi croisé au café..
- j'me doutait bien que je t'avais vu. Damiano enchanté.

Il lui tira la révérence, la faisant sourire.

- Moi c'est Coraline.
- Qu'est-ce que tu fais là Coraline ? Tu m'attendais ?

Il avait demandé ça sur le ton de la plaisanterie mais la jeune femme semblait bien sérieuse.

- Oui.. Ça va te paraître culotté mais j'espérai pouvoir avoir ton numéro, avoua la jeune femme.
Il tira sur sa cigarette, faisant mine de réfléchir avant de replacer ses cheveux et d'enfin daigner lui répondre.
- Je sais pas, tu veux pas plutôt me donner le tiens ?

Elle s'attendait à tout sauf à ça. Il esquissa un sourire en coin, satisfait de l'avoir déstabilisé.

- Euh, oui ... Bien sûr, balbutia Coraline. Damiano sorti son téléphone de sa poche et la regarda, attendant qu'elle lui donne son numéro.
Il détailla la jeune femme : des cheveux châtains et une coupe inspirée des années 80, des yeux noisette en amande, une bouche..
- 06 82 XX XX X.

Il sorti immédiatement de sa rêverie et enregistra le numéro de la jeune femme sous le nom « Coraline 🌊 ». Un silence plana sur eux et Damiano la fixa encore, comme perdu dans ses pensées. La jeune femme pris l'initiative de couper court à cette entrevue étrange et lui souhaita une bonne fin de soirée avant de s'en aller.
Il rentra dans les loges, un peu sonné. Cette fille venait de l'envoûter, il en était sûre.

- Ça va ?, lui demanda Ethan, remarquant son expression songeuse.
- Ouais, ouais, c'est le concert, je suis épuisé.

Allongé dans son lit, la petite italienne repensa à sa vie d'avant : aux longues heures qu'elle passait à pleurer sa mère et à maudire son père, assise au rebord de la fenêtre de sa chambre. Elle se souvenait parfaitement du bruit des cigales dans les herbes hautes, de la douceur du vent d'été, des après-midi où elle s'enfuyait vers la rivière, l'eau qui venait lui rafraîchir les pieds. Jusqu'à ce que cette eau s'engouffre dans ses poumons et qu'elle hurle désespérément à l'aide, sous les mains de cet homme qui la maintenait fermement sous la surface.

Ce souvenir la frappe de plein fouet et elle se lève brusquement, cherchant de l'air à nouveau. Elle court à la cuisine pour respirer et boire un verre d'eau, cherchant à tout pris à ce sortir de cette crise. La sueur dégouline le long de son dos, elle angoisse et elle sait que la crise est toute proche. Elle attrape son téléphone et compose le numéro des urgences sans pour autant les appeler.
Son cœur battait la chamade, ses mains devenaient de plus en plus moite et bientôt elle eu l'impression d'étouffer.
Son téléphone vibra alors qu'elle se recroquevillait sur elle même, assise au pied du comptoir, prête à sombrer dans la panique.

Numéro inconnu :

Bonne nuit Coraline
- Damiano

La jeune femme se mit à rire nerveusement, les larmes dévalaient ses joues et elle était partagée entre le mince bonheur que lui procurait ce message, et la douleur lancinante du souvenir. Damiano résonnait en elle comme une promesse lancée vers l'inconnu.

***