Only Say The Truth [BoyXBoy]

Chapitre 20

Je n'attends pas une nouvelle intervention de Père pour quitter la pièce à mon tour, et suivre Ashley à l'extérieur. Il me faut quelques secondes pour la retrouver, penchée derrière ma voiture, vomissant le peu de nourriture qu'elle vient d'ingérer. Je pose ma main sur son épaule, ce qui la fait sursauter.

-Ça va aller ? demandé-je inquiet.

Ashley essuie sa bouche du revers de la main et se redresse. Elle sourit faiblement, probablement pour me rassurer, ce qui ne fonctionne pas le moins du monde.

-Désolée, s'excuse-t-elle, j'étais un peu barbouillée... Je suis prête à parier que ce n'est pas ce à quoi tu t'attendais quand je te parlais de nous retrouver autour d'un repas.

-Non, c'est sûr, rigolé-je pour essayer de la détendre un peu. Je pense que pour les lasagnes, ça va être compliqué, mais si tu veux, on peut aller au restaurant ? Ou boire un café ?

Ashley écarquille les yeux. Visiblement, je ne suis pas le seul que mon attitude surprend. Je fais semblant de ne pas avoir noté sa surprise, et lui signifie que j'attends une réponse de sa part.

-Je suis désolée Aydan, mais je n'ai vraiment plus envie de manger quoique ce soit.

Je hoche la tête. Je la comprends. Après l'intervention de Père un peu plus tôt, sa réaction ne me surprend pas tellement. Si j'étais à sa place, j'aurais probablement eut envie de vomir moi aussi. Nous nous observons l'un et l'autre en silence pendant quelques secondes, et Ashley finit par sortir son téléphone de sa poche.

-Je vais appeler Ryan, il ne travaille pas aujourd'hui, alors il pourra certainement venir me chercher, explique-t-elle.

-Je peux te ramener. Et puis qui est ce Ryan ?

-Je sais, Aydan. Mais toi, tu vis avec notre Père. Alors tu devrais y retourner, et t'excuser au plus vite de lui avoir tenu tête si tu ne veux pas te retrouver sans toit ce soir. Quant à Ryan, c'est le mari de mon amie.

Je la considère en silence tandis qu'elle compose le numéro de l'ami en question.

Une quinzaine de minutes plus tard, une berline bleue nuit s'arrête à notre hauteur. Le conducteur coupe le moteur, et quitte le véhicule. Je ne l'ai jamais vu auparavant, mais s'il vient d'emménager, ce n'est pas si surprenant. Il s'approche de nous, et se tourne aussitôt vers Ashley. A l'inquiétude que je vois sur son visage, je comprends qu'il tient vraiment à elle. D'autant plus qu'il lui a suffit d'un seul regard pour comprendre qu'elle allait mal. Néanmoins, il reporte très vite son attention sur moi, et me tend sa main pour que je la lui serre.

-Enchanté de te rencontrer Aydan, dit-il en souriant.

Je ne réponds pas, plus sur la défensive que je ne le voudrais. Devant mon mutisme vaguement hostile, il finit par reculer.

-Tu es prête Ashley ? demande-t-il.

-Je te rejoins dans la voiture.

Il hoche la tête, comprenant qu'elle lui demande implicitement de nous laisser seuls tous les deux, et il obtempère sans un mot de plus. Il n'a pas l'air bien méchant, mais je ne le connais pas, et j'ai l'habitude de me tromper sur les gens, alors je ne compte pas me prononcer à son sujet avant de mieux le connaître. Dès qu'il a refermé la portière derrière lui, Ashley s'avance pour se tenir en face de moi, et plonge ses yeux dans les miens. Ses mains se déposent sur mes joues, et elle déclare sur un ton solennel :

-Excuse-toi auprès de Papa, tu m'entends ? Je sais que tu ne le supportes pas toi non plus, ou du moins difficilement. Il fait cet effet à beaucoup de monde, et surprenamment, bien plus à ses proches. Mais fais-le, même si ce n'est pas sincère.

Je fronce les sourcils ? Je ne comprends pas pourquoi Ashley insiste à ce point, mais ça semble si important pour elle que je ne me vois pas le lui refuser. Je finis donc par hocher la tête en silence.

-Je dois retourner en Californie pour quelques temps, lâche-t-elle soudainement. Pour deux, peut-être bien trois mois en fonction du dossier que mon agence veut que je gère. Quand je reviendrais, on ira manger au restaurant comme tu le proposais tout à l'heure. Ça te va ?

-Oui bien sûr. Rentre-bien, Ashley.

Elle sourit, un peu plus honnêtement qu'elle ne l'avait fait plus tôt, et m'embrasse sur la joue en se hissant sur la pointe des pieds, avant de me tourner le dos pour se diriger vers le côté passager de la berline. Juste avant de monter, elle marque un temps d'arrêt.

-Fais attention à toi Aydan, me lance-t-elle avant de disparaître.

Je regarde le véhicule s'éloigner, immobile. Ashley m'avait manqué.

En rentrant dans la maison, je ne suis pas surpris de trouver la salle et la cuisine dans l'état dans lequel nous l'avons laissé. Après tout, pourquoi Père se serait-il donné la peine de nettoyer ce que nous avions nous-même occasionné. Je range rapidement les affaires que nous avions laissées sortie, et monte à l'étage, à la recherche de Père. Il ne me faut pas réfléchir longuement pour savoir dans quelle pièce je vais le trouver. Je me dirige directement vers son bureau, et toque à la porte avant d'entrer. Il lui faut un moment pour me répondre. J'entre dans la pièce.

-Qu'est-ce que tu veux ? demande-t-il froidement sans même lever les yeux de son ordinateur.

-M'excuser pour tout à l'heure. J'ai conscience d'avoir dépassé les bornes. Nous venions de nous disputer avec Ashley, alors je me suis laissé porter par mes émotions, mentis-je.

Père daigne lever la tête pour me jeter un regard satisfait, et reconcentre aussitôt son attention vers son écran d'ordinateur. Il semble apprécier la crainte qu'il fait naître chez les autres, même lorsque ces « autres » se trouvent être sa propre famille.

-C'est noté. Maintenant laisse-moi, j'ai à faire.

Je hausse les sourcils, et soupire. Je suis à peine surpris. Je lui tourne donc le dos, et quitte son bureau. Dès que je referme la porte derrière moi, mes épaules s'affaissent. Je ne pensais pas que cette journée prendrait cette tournure. J'ai beau être content du retour d'Ashley, il semblerait qu'il me soit impossible d'être réjoui plus de quelques heures, quelque chose venant toujours entacher le tableau. Je rejoins ma chambre, et me laisse tomber sur mon lit.

Aprésent qu'Ashley s'en est allée, je m'autorise à repenser à William. Il nesemble plus aussi hostile à mon contact qu'il ne l'était au départ, et je ne peuxm'empêcher de trouver cette nouvelle étrangement réjouissante.