Chapitre 25

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Au pied de son immeuble pour la deuxième fois depuis le début de cette journée, j'hésite à quitter ma voiture. S'il y a bien une chose que j'ai compris au sujet de William, c'est qu'il déteste lorsque je me mêle de ses problèmes. Pourtant, j'ai trop peu qu'il lui soit arrivé quelque chose pour craindre plus longtemps sa colère. Je claque la portière de ma voiture, et monte les marches qui me sépare du perron de l'appartement de William quatre par quatre. Une fois sur le pallier, j'hésite un instant à toquer. Je fixe la porte, le poing suspendu dans le vide, et finit par me décider à frapper trois coups. J'ai beau attendre, personne ne vient m'ouvrir. Pourtant, j'aurais juré avoir vu la poignée bouger. Je reste là, immobile, à regarder la porte qui, je le sais, restera fermée. Je décide de ne pas toquer de nouveau, trop inquiet que ça ne dérange William plus que ça ne puisse l'aider, et je fais demi-tour.

Au volant de ma voiture, et même une fois revenu dans ma chambre, je ne parviens pas à détourner mon esprit de mon inquiétude. Je repense au silence de William ce matin lorsque je lui ai demandé d'aller étudier avec moi, et qu'il a prétexté avoir besoin de rentrer chez lui. Il savait qu'il n'irait pas en cours cette après-midi, j'en suis sûr, et ça me rend malade. Je me laisse tomber dans mon lit, et ferme les yeux. Je n'aurais pas dû le laisser rentrer. J'aurais dû suivre mon instinct, et le forcer à rester chez moi.

Mon téléphone vibre. Je me redresse, épuisé par mes propres émotions, et écarquille les yeux en apercevant la notification d'expéditeur inconnu sur mon écran. Je m'empresse de déverrouiller mon portable et me jette sur le message.

*Je suis désolé de ne pas avoir ouvert la porte, j'avais peur de ta réaction...*

Je reste stupéfait devant le message de William. Je lance aussitôt un appel, que William rejette aussi vite.

*Mon père est dans la pièce d'à côté, je ne peux pas téléphoner. *

-Alors je viens te chercher, lui envoyé-je.

*Si tu viens chez moi, je ne te le pardonnerais jamais. *

Je soupire. Je voudrais pouvoir aider William, mais je suis égoïste, et je ne ferais rien qui puisse le pousser à me détester plus qu'il ne me hait déjà.

-Je veux juste savoir si tu vas bien, William. Est-ce que je peux faire quoique ce soit pour t'aider ?

*Ne te fais pas de soucis pour moi, Aydan, ce n'est rien de plus que d'habitude. J'y suis habitué, il va falloir que tu t'y fasses si tu veux que l'on reste amis... *

Je jette mon téléphone contre le mur, et il retombe sur mon lit. Je me laisse tomber sur le matelas. Je ne comprends pas que William, qui soit doté d'une obstination sans précédent, se laisse faire ainsi. Et je ne sais pas si je l'admire pour ça, ou si ça me rend furieux. Je reste allongé un moment, me faisant violence pour ne pas quitter la maison, et foncer chez William. Mon téléphone se met à vibrer. En l'attrapant, je réalise qu'une fissure se dessine sur l'écran. Je lève les yeux au ciel, agacé par ma propre impulsivité, et me ressaisis en réalisant que mon téléphone n'a pas arrêté de vibrer. Je décroche immédiatement.

-Je suis monté sur le toit de l'immeuble pour t'appeler, dit William.

Je reste silencieux. J'ai trop peur d'ouvrir la bouche, de dire quelque chose de méchant ou d'incorrect, et que William raccroche.

-Aydan ?

-Il t'a vu sortir ?

-Non, il s'est endormi. Arrête de t'inquiéter, je gère.

J'inspire un grand coup pour me calmer, et essayer de me remettre les idées en place. La voix de William est faible, et il semble fatigué, mais pas autant que ce que je pouvais imaginer. Je décide donc de passer à un sujet plus neutre, qui ne devrait pas être risqué.

-Tu as pensé à un sujet pour la thèse ? demandé-je alors.

-Oui, mais je ne suis pas sûr que ce soit un thème qui t'intéresse... répond-t-il.

-Tu pensais travailler seul, et je me suis inscrit avec toi sans te demander ton avis, alors je te laisse le choix du sujet. Je te dois bien ça.

-Je me suis dit qu'on pourrait parler de la place de l'enfant dans le droit et la Constitution ?

Je souris. Je ne le connais pas encore très bien, mais je ne suis pas si surpris par son choix. Pendant plus d'une heure, nous échangeons sur les connaissances que nous avons sur ce sujet, sur les possibilités d'axes et de conclusion de cette thèse. En écoutant parler William, je réalise à quel point il est passionné par ce qu'il fait. J'ai beau être doué en cours, je n'ai jamais été passionné par quoi que ce soit.

Au bout d'un moment, lorsque nous n'avons plus rien à dire, un silence se fait. Et alors que je m'apprête à demander à William s'il est sûr qu'il n'a besoin de rien, il lâche :

-Je ne viendrais pas non plus en cours demain... Mais je serais là jeudi.

Je fronce les sourcils. Il a beau me dire et me répéter de ne pas m'inquiéter, ses paroles ne m'aide pas le moins du monde. Ses absences à répétition finiront par lui porter préjudice, et je déteste avoir à m'inquiéter pour quelqu'un. D'autant plus que je suis persuadé après avoir simplement entendu son intonation qu'il ne sera pas en mesure de venir en cours jeudi.

Je dois être resté silencieux plus que je n'aurais dû, car William tousse pour me rappeler sa présence.

-Aydan... ?

-Comment est-ce que tu peux dire un truc pareil, et t'attendre à ce que je ne m'inquiète pas ? avoué-je.

-Je ne m'attends pas à ce que tu ne t'inquiètes pas. J'ai l'habitude que mes proches aient peur pour moi. Ça ne veut pas dire que je le supporte et que j'ai l'intention de te laisser faire.

J'observe de nouveau quelques secondes de silence, et me tourne pour jeter un coup d'œil à mon réveil. Nous sommes au téléphone depuis presque deux heures. Je le fais remarquer à William, et c'est à son tour de rester silencieux. Je l'entends alors se lever, et descendre des marches.

-Je suis désolé, il faut que je te laisse, s'excuse-t-il, je n'avais pas vu le temps passer...

-Ce n'est rien. Bonne soirée, et récupère vite...

Je sens aux quelques secondes qu'il laisse en suspens avant de raccrocherqu'il aurait voulu dire quelque chose qu'il s'est retenu de dire. Je reste unmoment étendu dans mon lit, plongé dans mes pensées. J'espère que William n'est pas trop mal en point.

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⏰ Last updated: Feb 14, 2021 ⏰

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