Chapitre 24

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En ouvrant les yeux, il ne me faut pas plus de quelques secondes pour être pris de migraines. Je les referme aussitôt, et fronce les sourcils avant de passer mes mains sur mon visage, comme si ce geste pouvait annuler les verres que j'ai bu le soir passé. Je me lève avec difficulté, et utilise toute mes forces pour m'en sortir et filer dans la salle de bain pour allumer la douche.

Je sais que je n'ai pas cours avant l'après-midi, aussi je ne presse pas particulièrement une fois mon corps glissé sous l'eau bouillante. Lorsque mon mal de crâne se dissipe enfin, je sors de la douche pour enrouler une serviette autour de ma taille. En sortant de la salle de bain, la brosse à dents entre les lèvres, à la recherche de mon téléphone, je me fige. William est assis dans mon lit, un de mes t-shirt sur le dos. Je cligne des yeux plusieurs fois pour m'assurer que je ne rêve pas.

-Oh merde ! laissé-je échapper en attrapant des habits en vitesse et en m'enfermant dans la salle de bain pour m'habiller en quatrième vitesse, et reposer ma brosse à dents.

Derrière la porte, j'entends William rire à en perdre le souffle. Lorsque je ressors, il a les larmes aux yeux, et il se tient le ventre, encore secoué par mon entrée. J'hésite entre me détendre, car c'est la première fois que je le vois rire aussi sincèrement et que je trouve son rire réjouissant, ou me crisper parce qu'il est tout de même en train de se moquer de moi. Je passe ma main dans mes cheveux, gêné, et demande :

-Qu'est-ce que tu fais ici, William ?

-Je ne me voyais pas rentrer en stop, et encore moins voler ta voiture, alors je suis resté dormir, dit-il entre deux éclats de rire. En fait, je t'ai demandé si je pouvais rester, et t'emprunter un vêtement pour dormir, mais tu m'as dis que je n'avais pas besoin de demander, pouffe-t-il.

J'enfouis mon visage dans mes mains, me souvenant de l'état dans lequel je me suis mis le soir passé. Je me ressaisis rapidement pour tenter de rester le plus digne possible, et prend un cachet d'aspirine pour soulager les maux de tête qui viennent me vriller les tempes toutes les minutes. Je me rassois dans le lit et observe William.

-Je vais vérifier si mon père est là. Si ce n'est pas le cas, tu veux manger quelque chose ? lui demandé-je.

-Oui, je veux bien.

-Je reviens dans quelques minutes alors.

Je quitte la chambre en refermant la porte derrière moi, et m'autorise alors à respirer.

Je fais rapidement le tour de la maison pour confirmer l'absence de mon père, et finit par revenir auprès de William pour le prévenir que la voie est libre, et que nous pouvons descendre à la cuisine.

Après avoir grignoté les quelques restes de lasagnes qui se trouvaient dans mon réfrigérateur, je me souviens que William et moi n'avons toujours pas commencer à aborder le sujet de notre thèse pour la fin de l'année.

-Ça te dirait qu'on aille à la bibliothèque universitaire avant les cours de cette après-midi ? On n'a toujours pas commencé à réfléchir au sujet que l'on voulait...

Je me tais en remarquant que le visage de William se ferme soudain, et qu'il semble à la fois désolé, et inquiet.

-Pas aujourd'hui, Aydan. Je devrais rentrer chez moi. Il faut que je me lave et que je me change, et je dois rattraper quelques cours que j'ai loupé, alors...

-Mais tu peux utiliser ma salle de bain si ça ne te gêne pas. Et prends mes habits, ça ne sera pas la première fois qu'on fait un échange à ce niveau-là, souris-je pour l'inviter à baisser de nouveau sa garde.

-Tu ne crois pas que tes amis vont trouver ça bizarre de me voir arriver en cours avec tes vêtements ? demande William. Je suis sûr que Kim s'en rendra compte d'un seul regard.

Je soupire. Je sais qu'il a raison, et ça me déplait particulièrement. Je suis à cours d'argument pour le retenir, et il est clair que William n'a pas envie de rester plus longtemps. Je ne peux pas le retenir, pas alors qu'il a enfin l'air de se faire à mon caractère. Je lui propose donc de le raccompagner chez lui, ce qu'il accepte.

Lorsque je m'arrête au pied de chez lui, William semble hésiter à sortir de la voiture. Pourtant, il me sourit, me salue, et sors du véhicule pour rejoindre son pallier. Alors qu'il s'apprête à ouvrir sa porte, il suspend son geste, et se retourne vers moi. Je n'ai qu'une envie : revenir sur mes mots. Je veux sortir de cette voiture, aller le chercher, et le ramener chez moi. Mais William ne m'en laisse pas l'occasion. Il me fait un signe de la main, et disparaît derrière sa porte.

Je reste à l'arrêt quelques minutes, au cas où William changerait d'avis. Mais il ne le fait pas.

Cette après-midi-là, William ne se montre pas en cours. Une fois que j'ai quitté la salle de classe et que je suis seul dans ma voiture, je sors mon téléphone pour l'appeler. Je reste figé devant mon écran en réalisant que je lui ai peut-être donné mon numéro, mais lui ne m'a pas donné le sien. Je ne peux donc pas le contacter. Je reste quelques minutes dans l'habitacle de ma voiture, à l'arrêt, persuadé que quelque chose ne va pas. Je ne peux m'empêcher d'être inquiet pour William. Je jette un coup d'œil à l'heure. En me dépêchant, je pourrais être en bas de chez lui dans une demi-heure.

Only Say The Truth [BoyXBoy]Where stories live. Discover now