Only Say The Truth [BoyXBoy]

Chapitre 7

A mon arrivée à l'amphithéâtre, William est déjà là. Je m'assois à côté de lui, ignorant les murmures intéressés des autres. Kim quitte sa place pour s'installer derrière nous. Je soupire et me tourne vers elle. Jackson suit lui aussi le mouvement, le regard agacé. Il sait que Kim me suit comme mon ombre, et il semble avoir de plus en plus de mal à le supporter. Je ne dis rien.

Quand je me concentre de nouveau, je me rend compte que William me fusille du regard. Mes yeux s'écarquillent d'abord, puis mes sourcils se froncent.

- Quoi ? Soupiré-je.

- C'est quoi ton problème ? D'abord tu nous inscris ensembles, et maintenant tu t'installes à côté de moi ? Tu me fais la charité ?

Je hausse les épaules. Pourquoi est-ce que je fais tout ça ? Je lui répondrais volontiers si j'avais le semblant d'une réponse claire en tête. Je tourne la tête, écoute les paroles que l'intervenant clame avec assurance. La fin de la matinée, et donc de cette journée de cours, semble arriver plus vite que d'habitude. William sort en trombe de la salle. Je le poursuis, tentant en vain de comprendre la raison pour laquelle il me déteste autant. Je pose ma main sur son épaule pour le freiner. Il s'écarte brutalement, se retourne le regard plein de rage.

- Putain mais lâche-moi ! T'as vraiment un problème...

Je le dévisage. Il est méfiant, presque en position de défense comme à la boxe. J'ai l'impression que sa colère est justifiée, mais je ne la comprends pas vraiment.

- Ce n'est pas moi qui ai un problème, dis-je pour le pousser un peu plus dans ses retranchements.

Ma réflexion lui fait avoir un mouvement de recul. Je me demande pourquoi j'ai autant envie de savoir jusqu'où il peut me supporter. Il ouvre la bouche pour répondre, la referme. A voir l'expression de fureur sur son visage, je comprends que j'aurais peut-être mieux fait de me taire.

- Tu es déjà riche, alors pourquoi tu ressens le besoin d'être sympa, hein ? crache-t'il. Tu fais ça pour satisfaire ton égo ? Mais moi je n'en veux pas de ta sympathie ! Tu es juste un connard arrivé dans une école grâce à l'argent de son père et qui croit que tout lui est dû ! Tout le monde n'est pas comme toi, certains se sont battus pour pouvoir intégrer cette école.

Je hausse les sourcils, surpris par cette honnêteté qu'il n'a visiblement pas contrôlée. William a les yeux écarquillés, les lèvres pincées comme s'il voulait retenir ses mots de sortir de sa bouche. Il a les larmes aux yeux. Je ne saisis, de nouveau, rien de sa réaction, mais je souris.

- Voilà, c'était pas si dur d'être honnête.

- Va te faire foutre, Aydan.

Il me tourne le dos, s'éloigne à grands pas. Je le regarde partir, immobile. J'entends tousser derrière moi. Je me retourne. Jackson me dévisage. Depuis combien de temps écoute-t'il notre conversation ? Mon regard retrouve William. Il me semble bien qu'il pleure. Je rejoins le parking, m'enferme dans ma voiture. Ma tête appuyée contre le dossier du fauteuil, je soupire. Pourquoi est-ce que j'ai insisté à ce point ? Après un long moment de réflexion, je me souviens du mouvement de recul qu'il a eut après m'avoir dit ce qu'il pensait vraiment. Lui aussi a du mal à se contenir. Je reste là un moment, à regarder les élèves qui quittent les cours. Je me demande si je ne suis pas allé trop loin. Je pense qu'il n'est pas le genre de gars qui pleure facilement, et étonnamment, je regrette de l'avoir poussé à s'emporter.

À peine quelques secondes plus tard, je le vois quitter le hall et rejoindre son véhicule. Il entre dans l'habitacle, s'essuie le visage, inspire un grand coup. Je fronce les sourcils, me mords la lèvre. Je perds mon self-contrôle. C'est de ma faute. Merde.