Chapitre 18

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Je rejoins William sans prendre le temps d'y réfléchir. Je devrais être inquiet de savoir ce qu'il a à dire. Je n'y ai pas pensé, mais peut-être va-t'il me dire de rester en dehors de sa vie, de me mêler de mes affaires à moins que je ne veuille le pousser à changer encore d'université pour que je le laisse tranquille. Le sourire que je lui fais lorsqu'il se tourne vers moi est crispé par l'idée que je viens d'avoir.

- Je peux aller poser ça avant que tu ne me dises ce que tu as à dire ? Demandé-je en montrant mes sacs de courses.

William hoche la tête et me suit jusqu'à ma voiture. Je jette presque mes achats dans le véhicule avant de rejoindre William. Il m'observe avec un visage toujours aussi calme et impassible. Je jette un coup d'œil à ses mains pour constater qu'il n'a finalement acheté qu'une bouteille d'alcool désinfectant et un pot de talc. Il s'adosse au côté de ma voiture et me regarde.

- Écoute... commence-t'il. Puisque tu sais trop de choses sur moi, je préfère t'avoir comme ami que comme ennemi, alors si tu le veux toujours, on peut traîner ensembles... Même si j'ai encore du mal à te supporter, je préférais que ce soit clair.

Si je ne me contrôlais pas aussi bien, je pourrais laisser ma mâchoire se décrocher et tomber au sol sous le coup de la surprise. Moi qui m'attendais à ce qu'il me crache sa haine au visage, le voilà qui me propose que nous soyons amis. Je fais mine de ne pas avoir entendue la partie dans laquelle il dit clairement avoir des difficultés à me supporter, et ne parviens pas à dissimuler la sourire qui s'étire sur mes lèvres. Pendant une seconde, le stoïcisme de William s'efface en voyant ma réaction. Ses yeux écarquillés et ses joues rougies disparaissent tellement vite que je pourrais penser l'avoir rêvé.

- Je suis content que tu ne me détestes pas au point de ne plus jamais vouloir me voir, laissé-je échapper. Je suis désolé de t'avoir embrassé de force la dernière fois, et de tout le reste, je ne sais pas ce qui m'a prit. Et je tiens aussi à m'excuser pour hier. Je ne sais pas ce que Jackson t'a dit, mais... Que ce soit clair, je n'essaie pas de me rapprocher de toi par pitié.

- Il s'est excusé.

- Quoi ?

- Jackson a dit que tu lui avais remonté les bretelles après avoir compris ce qu'il avait fait, et qu'il avait réalisé qu'il n'aurait jamais dû le faire, qu'il allait me laisser tranquille.

Je suis réellement surpris que Jackson ne se soit excusé, mais c'est pour le mieux.

- Ne t'attire pas les foudres de tes amis à cause d'une lubie, Aydan.

Je fronce les sourcils, pas bien sûr de comprendre ce qu'insinue William. Il reprend :

- Si on devient amis, tu dois comprendre un truc. J'ai une manière bien précise de gérer mes problèmes, et je n'ai pas besoin d'un garde du corps ou de quelqu'un qui ferait justice pour moi, pigé ?

Je hoche la tête.

- Et je sais qu'il est confortable, mais ce serait génial si tu pouvais me rendre rapidement mon pull et les affaires que je t'ai passé hier.

Je baisse les yeux pour regarder mes vêtements et réalise que le sweatshirt que j'ai enfilé en me levant est celui qu'il m'a prêté hier. Je suis gêné, et je n'arrive pas à effacer ce stupide sourire de mon visage. Je ne parviens pas à rester calme, simplement parce qu'il vient d'insinuer que nous allons être amis. Comme c'est pitoyable...

- Je dois y aller, dis-je soudainement. On se voit lundi à la fac, je te les rendrais là-bas.

- Ouais...

Je monte au volant de mon véhicule, et reste là un moment, les mains posées sur le volant, à me demander ce qui vient de se passer. Quoi qu'il en soit, il est déjà onze heures et quart, et je dois me presser de rentrer si je ne veux pas subir les brimades de ma sœur après mon potentiel retard.

Lorsque je stationne dans l'allée de la maison, Ashley est déjà là, assise sur les marches du perron, le nez plongé dans son portable. J'attrape les sacs et la rejoint à toute vitesse.

- Désolé, j'ai rencontré quelqu'un au supermarché et... Ça a pris plus de temps que prévu.

Surprise par mon balbutiement, Ashley lève les yeux pour me dévisager. Ses yeux s'écarquillent à la vue de mon visage, et elle se lève avec précipitation pour me rejoindre, attraper mon menton, et observer ma joue de plus près.

- Ça date de quand ?

- Hier soir, dis-je en haussant les épaules avant d'ouvrir la porte d'entrée et de filer à la cuisine.

- Et sous quel prétexte ?

- Il avait passé une mauvaise journée, et je suis rentré tard. Bref, Père a toujours été comme ça, tu ne devrais pas être surprise.

- Toujours ? Tu rigoles ? S'indigne-t'elle. Il n'avait jamais levé la main sur toi quand...

Elle se tait subitement. Oui, elle a raison. Il n'a commencé à passer ses nerfs sur moi physiquement qu'une fois qu'elle a déménagé à l'autre bout du pays. Je peux voir les larmes qui lui montent aux yeux face à ce qui semble être la douloureuse réalité. Je ne peux pas la laisser comme ça. Finalement, je suis toujours celui qui la fait culpabiliser d'être partie, même quand je ne cherche pas à le lui rappeler.

- Tu n'as pas attendu trop longtemps ? Demandé-je pour la distraire.

- Non, ne t'inquiètes pas, Maria venait de me déposer, dit-elle pour se changer les idées. D'ailleurs je lui ai un peu parlé de toi, et elle aimerait bien te rencontrer.

Pour lui faire plaisir, je lui dis que ça pourrait effectivement être super de la rencontrer, et sa moue boudeuse me dit qu'elle n'est pas dupe, qu'elle voit bien que cette idée ne m'enchante pas tellement.

Only Say The Truth [BoyXBoy]حيث تعيش القصص. اكتشف الآن