Chapitre 16

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Je ne cours pas sur le chemin du retour, je n'en ai pas la force. Il fait nuit noire, et même si la route est trempée, il ne pleut plus. Mike s'inquiète vraiment ouvertement pour William, peut-être même trop. C'est ce que je voudrais croire, mais pourtant William lui sourit avec une sincérité désarmante, là où moi, j'ai droit à de la colère. Qu'est-ce que je fais mal ? J'essaie juste de le comprendre, et par la même occasion de découvrir la raison pour laquelle j'ai autant envie de l'aider.

Lorsque j'arrive devant chez moi, il est minuit passé. Je fais tourner la clé le plus discrètement possible dans la serrure, et entre en silence. Je pensais trouver le rée-de-chaussée dans l'obscurité la plus totale, mais une lampe du salon est toujours allumée. Je ne pensais pas un de mes parents capable de se coucher en oubliant d'éteindre. Je me dirige donc à pas feutrés vers le salon, pour tomber nez à nez avec mon père. Sa cravate qu'il a dû défaire en rentrant pend pitoyablement de chaque côté de son cou. Il dépose son téléphone sur le buffet en marbre, et s'approche lentement.

- Tu étais où ? Demande-t'il.

- Ça t'intéresse maintenant ?

Le coup part plus tôt que je ne l'aurai imaginé. Son visage est déformé par la colère. J'en ai marre que tout les gens que je croise aujourd'hui soient en colère contre moi. J'appuie ma main sur ma joue pour atténuer la douleur.

- Je ne paie pas tes études pour que tu passes tes soirées à traîner je ne sais où avec je ne sais pas quel genre de jeunes assistés. Tu es un adulte, tu devrais être capable de te gérer.

- Si tu avais pris le temps d'observer, tu aurais vu que je suis en tenue de sport. J'étais au gymnase à boxer. Je fais ce que tu m'as dis, je me rapproche de mes ennemis. Maintenant j'aimerais aller dormir.

Père reste immobile. Il pourrait me frapper à nouveau, ou me sermonner à propos de mon insolence, mais il n'en fait rien. Il me tourne le dos, et monte l'escalier avec une lenteur agaçante. Je reste là, dressé au milieu du salon un moment. Ça faisait longtemps qu'il ne m'avait pas grondé comme un enfant. Je suppose que sa journée n'a pas pris la tournure qu'il aurait voulu. J'éteins la lampe, et rejoins rapidement ma chambre pour me laisser tomber sur mon lit. Le voyant lumineux qui clignote sur mon téléphone me signale que j'ai une notification. Je le débranche pour voir de quoi il s'agit.

* Salut Aydan, ça fait un moment. Désolée de ne pas t'avoir contacté plus tôt. J'ai appris que Papa partait pour deux semaines dans la matinée de demain, et je me suis dis que ça serait sympa de passer la journée ensembles. Si ça te va, tu pourrais faire des courses ? On pourrait faire de vraies lasagnes tous les deux, comme avant, et déjeuner ensembles. Ne m'en veux pas pour la dernière fois, tu sais que ma décision d'il y a neuf ans est un sujet que je n'aime pas aborder. Réponds-moi dès que tu vois ce message. *

Je souris. Ashley ne changera jamais. Elle essaie toujours d'arranger les choses, même lorsque la situation semble perdue d'avance. Je ne mérite pas une sœur comme elle. Je lui réponds que j'irais faire les courses dans la matinée, qu'elle n'aura qu'à venir un peu avant midi. Elle me réponds la minute qui suit.

* Je suis contente que tu acceptes ! A demain petit frère <3 *

Je grimace. Elle sait parfaitement que je déteste lorsque elle m'appelle ainsi. Tant pis, je lui dois bien ça après les stupidités que je lui ai balancées au visage la dernière fois.

Je prend une douche très rapide, enfile des sous-vêtements propres, et me glisse dans mon lit en appuyant un gant imbibé d'eau glacée sur ma joue. La douleur est encore vive, et ce sera certainement pire demain. Je ne sais même plus si ce coup était justifié ou non. Après tout ce que j'ai fais, je dois sûrement l'avoir mérité.

Only Say The Truth [BoyXBoy]Where stories live. Discover now