Only Say The Truth [BoyXBoy]

PROLOGUE

- Aujourd'hui nous accueillons un nouvel étudiant. 

L'intervenante tourne la tête vers la porte de l'amphithéâtre. Elle fait un signe du menton pour inviter le nouvel élève à entrer. Il semble avoir un instant d'hésitation. Lorsqu'il finit par pénétrer dans la salle, le silence se fait sur le champ. Tous le monde le dévisage, se demande d'où il vient. Même moi je reste muet. C'est surprenant qu'un élève entre dans cette faculté en cours d'année. Il doit être vraiment prometteur. Ou bien l'école entretient des relations importantes avec un de ses proches.

- Vas-y, présentes-toi rapidement, insiste la professeure. Dis nous comment tu t'appelles, d'où tu viens, tes passions...

Il soupire. Sous ses airs timides, je sens bien qu'il a de l'audace à revendre. Peut-être allons-nous nous entendre. J'entends déjà les filles parler. Je le dévisage avec curiosité. Il ressemble aux mannequins masculins que l'on peut voir dans les publicités pour le parfum. Je me demande à qui j'ai à faire. Un fils à papa qui obtient tout ce qu'il veut ? Un élève très intelligent qui a obtenu une bourse à la dernière minute ? Peut-être allons-nous rivaliser ? Cette perspective ne me réjouit pas plus que ça.

- Bonjour. Je m'appelle William.

Il est grand, athlétique. Sous son tee-shirt d'un groupe de rock que je ne connais pas bien mais dont j'ai déjà entendu le nom, on devine une musculature saillante. Un sportif, donc.

- J'ai vingt et un ans.

Il a deux ans d'avance. La plupart des élèves présents dans cette classe ont vingt-trois ans, comme moi, si ce n'est plus. Il a donc dû sauter une classe. Un intello ?

- Je viens de Los Angeles. J'ai été renvoyé de mon ancienne université juste avant que mon père ne soit muté ici.

Il a la peau un peu mate, et de grands yeux. Des yeux verts. Pendant un instant, son regard croise le mien. J'y découvre une détermination surprenante me vrille l'estomac. Il fait presque peur. Je fais comme si je n'étais pas en train de l'inspecter. En baissant les yeux, je vois son poing se serrer. Et il me semble l'entendre dire quelque chose. Mon cerveau ne tilte pas sur l'instant. Les filles ont une réaction indignée. Les garçons rigolent. Je fronce les sourcils. La professeure, gênée, range mécaniquement des documents sur le bureau et les repose à l'endroit même où elle les a prit.

- Bien... William, tu peux aller t'asseoir, on va reprendre le cours où il en était... Tu demanderas à un élève pour récupérer ceux du début de semestre... J'espère... J'espère que tu passeras une année agréable avec nous, balbutie-t'elle.

Il monte quelques marche, s'assoit seul dans un coin. J'ai l'impression qu'il vient de se refermer pour le reste de l'année. Comme s'il était finalement bien plus timide ce qu'il voudrait laisse entendre. Kim, assise à ma droite, se penche vers moi.

- Putain, c'est le premier homo de la classe, glousse-t'elle à mon oreille, maintenant on à un homme à femmes et un homme à hommes !

Je secoue la tête. Ma réputation de coureur de jupons me précède, et ce n'est pas peu dire. En y réfléchissant, je crois même que la moitié des filles de ce groupe sont déjà passées dans mon lit. J'ai beau essayer de suivre le cours, de retenir les mots de la professeure, je n'entends plus.

Sa phrase résonne en boucle dans mon esprit. Finalement, je ne pense pas que nous pourrons nous entendre.

« J'ai été renvoyé parce que j'aime les hommes »