Only Say The Truth [BoyXBoy]

Chapitre 15

Pendant deux heures, Mike s'en donne à cœur joie pour m'associer à des boxeurs d'un niveau plus avancé que le mien, et il n'hésite pas à se donner à fond pour me faire payer d'être resté. Moi qui suit pourtant endurant, je dois avouer que j'ai de plus en plus de mal à reprendre mon souffle face à l'acharnement mérité dont il fait preuve.

Lorsque, enfin, les deux instructeurs annoncent la fin de la séance, je m'écarte du groupe pour me laisser tomber sur le sol près de la sortie. Ça faisait longtemps que je ne m'étais pas trouvé complètement vidé à la fin d'une séance de sport. Alors que j'observe les élèves qui quittent tous rapidement les lieux, mon regard suit la démarche déterminée de Jackson qui se dirige vers William. Je ne sais pas de quoi ils discutent, mais très vite, le regard de William se dirige vers moi. Il est livide. Je ne sais pas ce qui se passe, mais la réaction de William ne me plaît pas du tout. Je me lève, et avance vers eux. Je peux voir que Mike garde un œil sur la situation. Jackson va chercher son sac avant que je ne les ai atteint. William a les yeux braqués sur le sol, et il n'a ps bougé depuis le départ de Jackson. Je m'arrête en face de lui. Lorsque ma main se pose sur son épaule, il a un mouvement de recul et me dévisage avec une colère qu'il semble avoir beaucoup de mal à contrôler.

- Je ne t'ai jamais rien demandé, siffle William. J'ai pas besoin de la protection ou de la pitié de quelqu'un, surtout pas venant de toi.

Il fait un pas en arrière, puis un second. J'attrape son bras pour le retenir.

- Attends, William...

- Lâche-moi.

J'obtempère devant la froideur qui émane de lui. Il récupère son sac que j'avais laissé sur le banc, et quitte le gymnase à la hâte. Je me passe la main dans les cheveux. Je ne devrais pas me laisser impacter à ce point par la situation. Je ne comprends pas pourquoi je me laisse à ce point guider par mes désirs à chaque fois qu'il s'agit de William. En tournant la tête pour essayer de détourner mon esprit de lui, mon regard capte celui de Jackson, qui reste figé à quelques mètres de moi. Il semble ébahi. Je m'approche de lui avec la terrible envie de lui écraser mon poing sur le visage, ce que je me retiens de faire de toutes mes forces.

- Toi et lui... Vous êtes amis ? Balbutie Jackson. C'est pour ça que tu voulais que j'arrête de m'en prendre à lui ? Pourquoi tu me l'as pas dis ?

- Je... Je voulais que la décision vienne de toi, pas que tu le fasses à cause de moi, mentis-je avec plus de fluidité que je ne m'en sentais capable.

Jackson semble méditer un bref instant à propos de ma réponse, puis il finit par considérer que j'ai relativement raison puisqu'il se remet à sourire comme il le fait d'habitude.

- On va boire un verre, alors ?

- Pas ce soir, désolé, je suis rincé. Mais je te jure que je ne t'en veux pas, et que je me rattraperais dans les jours qui viennent.

- Pas de soucis, je comprends. J'y vais alors. On se voit lundi.

Je hoche la tête et le salue, puis il s'éloigne. Je fourre mes affaires trempées dans un sac en plastique généreusement prêté par un des types qui se changeait. En quittant les vestiaires, Mike se jette presque sur moi. Je m'attendais à ce qu'il me frappe ou me jette dehors, mais au lieu de ça, il semble plutôt calme et se contente de me contempler.

- C'était toi ?

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas ce à quoi il fait allusion.

- Il y a deux ou trois jours, il était complètement ailleurs pendant l'entraînement. Il ne m'a pas dit ce qui s'était passé, mais ça avait un lien avec toi, pas vrai ? Devine-t'il.

- Je... Je sais pour son père. William n'était pas venu à la fac depuis un moment, et je suis allé chez lui pour lui apporter les cours puisque tu ne voulais pas le faire.

- T'en as parlé à quelqu'un ? A ton pote Jackson ? Demande-t'il soudainement, de nouveau sur la défensive.

- Bien sûr que non.

- Qu'est-ce que tu cherches à faire en te rapprochant de lui ? Si tu sais ce que William traverse, alors comment est-ce que tu peux continuer à le harceler ?

- Je ne veux pas le déranger. Je ne sais pas vraiment si ma présence aggrave la situation, mais je pense que si c'est le cas, alors il me le dirait.

Mike fait la moue. Il connaît William mieux que moi, et probablement mieux que n'importe qui, mais pour autant, il semble me donner raison sur ce point. Il me demande de m'en aller avant qu'il n'aie de nouveau envie de me frapper, ce que je fais.